Notre Honneur Sacré. Джек Марс
très minces. Mais la tenter plairait certainement aux Américains, et leur montrerait la retenue dont on fait preuve. Si on limite tout ça dans le temps, mettons sur quarante-huit heures, on pourrait n’avoir rien à perdre.
– Peut-on se permettre tout ce temps ?
– Si on surveille de près tout signe d’une première frappe chez les Iraniens, et qu’on lance aussitôt notre propre frappe à quarante-huit heures, ça pourrait aller.
– Et si les agents sont tués ou capturés ?
– Une équipe américaine, avec peut-être un guide israélien ayant une bonne connaissance de l’Iran. L’Israélien sera un agent profondément infiltré, sans identité. Si les choses tournent mal, on niera simplement toute implication.
Shavitz marqua une longue pause.
– J’ai déjà l’agent idéal en tête.
CHAPITRE ONZE
12:10, heure normale de l’Est
Base Andrews
Comté du Prince George, Maryland
Le petit jet bleu au logo du département d’État américain peint sur ses flancs avança lentement sur la voie de roulage, puis opéra un virage serré à droite. Ayant déjà l’autorisation de décoller, il accéléra rapidement sur la piste, quitta le sol et grimpa à pic dans les nuages. Au bout d’un moment, il vira à gauche sur l’aile, en direction de l’océan Atlantique.
À l’intérieur, Luke et son équipe étaient retombés sans mal dans leurs vieilles habitudes, utilisant les quatre sièges passagers avant comme zone de réunion. Leurs bagages et leur équipement étaient disposés sur les sièges arrière.
Ils partaient plus tard que prévu. Ce retard était dû à Luke qui était parti voir Gunner à l’école. Il avait promis à son fils qu’il ne partirait jamais sans le lui annoncer en face, et l’informer du mieux qu’il pouvait de l’endroit où il se rendait. Gunner l’avait demandé, et Luke avait accepté.
Ils s’étaient retrouvés dans une petite pièce mise à leur disposition par le principal adjoint, un endroit où ils entreposaient des instruments de musique, surtout de vieux instruments à vent, beaucoup d’entre eux prenant la poussière.
Gunner n’avait pas trop mal pris la chose, tout bien considéré.
– Tu vas où ? avait-il demandé.
– C’est secret, petit monstre. Si je te le dis…
– Je le dirais à quelqu’un d’autre, qui le répètera à quelqu’un d’autre.
– Je ne crois pas que tu le dirais à personne. Mais rien que le savoir peut te faire courir un risque.
Il avait regardé son fils, qui faisait un peu la gueule.
– Ça t’inquiète ? avait-il demandé.
Gunner avait secoué la tête.
– Non. Je pense que tu sauras probablement prendre soin de toi.
À présent, dans l’avion, Luke sourit en lui-même. Drôle de gosse. Il avait traversé beaucoup d’épreuves, et n’avait pas pour autant perdu son sens de l’humour.
Luke parcourut son équipe du regard. Dans le siège près de lui était assis le gros Ed Newsam, en pantalon cargo kaki et T-shirt à manches longues. Massif, au regard d’acier, aussi éternel qu’une montagne. Ed avait pris de l’âge, sans aucun doute. Il y avait des rides sur son visage, surtout autour des yeux, qui n’y étaient pas auparavant. Et ses cheveux n’étaient plus autant d’un noir de jais – quelques mèches grises et blanches s’y éparpillaient.
Ed avait quitté l’Hostage Rescue Team du FBI pour ce job. Le FBI l’avait fait monter en grade – plus d’ancienneté, plus de responsabilités, plus de bureau, et beaucoup moins de temps sur le terrain. À l’entendre, Ed avait changé de boulot car il voulait revoir un peu d’action. Mais ça ne l’empêchait pas de réclamer plus d’argent. Peu importait. Luke était prêt à mettre le budget de la SRT à l’agonie s’il le fallait pour ramener Ed à bord.
Face à Luke, sur la gauche, se trouvait Mark Swann. Comme d’habitude, il étendait ses longues jambes dans l’allée, couvertes d’un vieux jean déchiré et chaussées de sneakers Chuck Taylor, pour que quiconque trébuche dessus. Swann avait changé, évidemment. Avoir survécu de justesse à sa détention par Daech l’avait rendu plus sérieux – il ne blaguait plus sur le danger des missions. Luke était content qu’il soit revenu – il y avait eu une période où Swann aurait pu devenir un reclus, ne plus jamais émerger de son penthouse au-dessus de la plage.
Puis il y avait Trudy Wellington, assise juste en face de Luke. Elle avait de nouveau ses cheveux bruns bouclés, et n’avait pas du tout vieilli. C’était logique. Malgré tout ce qu’elle avait vu et fait – le temps où elle était analyste pour la SRT originelle, sa relation avec Don Morris, son évasion de prison et le temps où elle s’était planquée –, elle n’avait guère que 32 ans. Dans son jean et son sweat vert, elle était aussi fine et attirante que jamais. À un moment donné, elle avait abandonné les grosses lunettes rondes de hibou à bords rouges derrière lesquelles elle avait pris l’habitude de se cacher. Maintenant ses jolis yeux bleus étaient mis en avant.
Et ils regardaient Luke fixement. Pas d’un air amical.
Que savait-elle de sa relation avec Susan ? Cela la mettait-elle en colère ? Pourquoi ?
– Est-ce que tu sais où tu mets les pieds, mec ? lança Ed Newsam.
Il avait prononcé ces mots d’un ton naturel, mais il y avait un certain tranchant, une tension sous-jacente.
– Tu veux dire, avec cette mission ?
Ed haussa les épaules.
– Ouais. Commence par ça.
Luke jeta un coup d’œil par le hublot. La journée était claire, mais le soleil était déjà derrière eux. Sous peu, alors qu’ils allaient plus à l’est, le ciel commencerait à s’assombrir. Cela lui donnait l’impression que des événements allaient surgir droit devant – une sensation familière, mais l’un des aspects de son travail qu’il appréciait le moins. C’était une course contre la montre. C’était toujours une course contre la montre, et ils étaient loin derrière. La guerre qu’ils essayaient d’empêcher avait déjà commencé.
– Je suppose que c’est ce qu’on va découvrir. Trudy ?
L’air de rien, elle prit la tablette sur ses genoux.
– Okay. Je vais supposer qu’on a aucune connaissance préalable.
– C’est bon pour moi, répondit Luke. Les gars ?
– Très bien, opina Swann.
– Écoutons voir, dit Ed, en se renversant dans son fauteuil.
– C’est à propos d’Israël et de l’Iran, commença Trudy. Ce n’est pas vraiment une histoire courte.
Luke haussa les épaules.
– C’est un long vol, remarqua-t-il.
– Israël est un pays jeune, qui n’existe que depuis 1948, expliqua Trudy. Mais l’idée de la Terre d’Israël en tant que lieu est sacrée pour le peuple juif depuis l’époque biblique, peut-être même depuis deux mille ans avant Jésus-Christ. La première référence écrite à Israël en tant que lieu se situe vers 1200 avant J.-C.. La région a été envahie, conquise et reconquise tout au long de l’Antiquité par les Babyloniens, les Égyptiens et les Perses, entre autres. Pendant tout ce temps, les Juifs ont perduré.
« En 63 avant J.-C., l’Empire romain a conquis la région et en a fait une province romaine. Pendant près de deux cents ans, elle est