Robert le Diable (Robert der Teufel). Eugène Scribe

Robert le Diable (Robert der Teufel) - Eugène Scribe


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comme lui c'est un démon.

      LE CHŒUR.

      Ah! le conte est fort bon

      Comment ne pas en rire

      Robert est un démon?

      RAIMBAUT.

      Oui, c'est un vrai démon!

      Robert, qui jusque-là a cherché à modérer sa colère, se lève à la fin du deuxième couplet.

      C'en est trop! ... Qu'on arrête un vassal insolent!

      Je suis Robert!

      Raimbaut, tombant à genoux.

      Miséricorde!

      Pardon, mon doux seigneur!

      ROBERT.

      Une heure je t'accorde!

      Fais ta prière, et puis qu'on le pende à l'instant.

      RAIMBAUT.

      Grâce! grâce! Je vous en prie!

      J'arrive de la Normandie

      Avec ma fiancée, et nous venons tous deux

      Remplir auprès de vous un message pieux!

      ROBERT.

      Ta fiancée? ... Attends. Sans doute elle est jolie!

      Je me laisse attendrir; allons, pour ses beaux yeux

      Je te fais grâce de la vie ...

      Mais elle m'appartient, qu'on l'amène en ces lieux.

      Chevaliers, je vous l'abandonne.

      RAIMBAUT.

      Hélas!

      ROBERT.

      Tais-toi, vassal; quand ma bonté pardonne,

      Oses-tu bien encor murmurer?

      RAIMBAUT.

      Malheureux!

      ROBERT.

      Ècuyers, versez-nous ces vins délicieux!

      Robert et Les Chevaliers.

      Au seul plaisir fidèles,

      Consacrons-lui nos jours.

      Le vin, le jeu, les belles,

      Voilà nos seuls amours.

      Scène III.

      Les Mêmes; Alice, conduite par des pages de Robert.

      ALICE.

      Où me conduisez-vous? Par pitié, laissez-moi!

      LES CHEVALIERS.

      Qu'elle a d'attraits! Qu'elle est jolie!

      Allons, calmez un vain effroi.

      ALICE.

      Grâce! grâce, je vous supplie!

      Les Chevaliers, montrant Raimbaut.

      Non, non, il faut qu'il soit puni!

      Non, point de pitié pour vos larmes!

      Notre vengeance a trop de charmes

      Pour que vous obteniez merci!

      ALICE.

      Plus d'espoir! ô peine cruelle!

      ROBERT, reconnaissant Alice.

      Qu'entends-je? qu'ai-je vu? c'est elle!

      Alice!

      ALICE, se jetant aux pieds de Robert.

      Ah! monseigneur, protégez-moi contre eux.

      ROBERT.

      C'est Alice; arrêtez! respectez sa faiblesse.

      Le même lait nous a nourris tous deux;

      Je ne l'oublierai pas.

      LES CHEVALIERS.

      Tenez votre promesse;

      Avez-vous oublié notre refrain joyeux?

      Ensemble.

      LES CHEVALIERS.

      Au seul plaisir fidèles,

      Consacrons-lui nos jours.

      Le vin, le jeu, les belles,

      Voilà nos seuls amours.

      ROBERT.

      Non, je prends sa défense;

      Calmez un vain transport;

      Malheur à qui l'offense!

      Il recevra la mort.

      Craignez d'exciter ma vengeance,

      A mon ordre il faut obéir;

      Retirez-vous sans résistance,

      Ou mon bras saura vous punir.

      LES CHEVALIERS.

      Partons, amis, point d'imprudence,

      N'excitons point un vain courroux;

      Retirons-nous sans résistance,

      Et plus tard nous reviendrons tous.

       Raimbaut et les chevaliers se retirent devant Robert qui les menace.

      Scene IV.

      Robert, Alice.

      ALICE.

      O mon prince! ô mon maître!

      ROBERT.

      Appelle-moi ton frère.

      Banni par des sujets ingrats,

      Je suis un exilé sur la rive étrangère.

      J'ai cherché vainement la mort dans les combats;

      Mais toi, près de Palerme, ici que viens-tu faire?

      ALICE.

      J'y viens pour remplir un devoir.

      Avec mon fiancé j'ai quitté ma chaumière,

      J'ai suspendu l'hymen qui devait nous unir ...

      ROBERT.

      Pourquoi?

      ALICE.

      Pour accomplir l'ordre de votre mère.

      ROBERT.

      Ma mère bien-aimée! Ah! parle, à son désir

      Je m'empresserai de me rendre.

      ALICE.


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