Robert le Diable (Robert der Teufel). Eugène Scribe

Robert le Diable (Robert der Teufel) - Eugène Scribe


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bagage?

      ROBERT, suivant les dés.

      O ciel! c'est fait de nous!

      BERTRAM.

      Console-toi,

      Fais comme moi,

      Plus de dépit;

      Car tu l'as-dit:

      L'or est une chimère,

      Sachons nous en servir:

      Le vrai bien sur la terre

      N'est-il pas le plaisir?

      ROBERT, frappant sur la table.

      Et mes chevaux et mes armures!

      C'est tout ce qui nous reste, et je veux l'exposer.

      BERTRAM.

      Et tu fais bien; le sort contre qui tu murmures

      N'attend que ce moment pour nous favoriser.

      ROBERT.

      Seize!

      BERTRAM.

      Quel bonheur! Tu vois bien! ...

      LES CHEVALIERS, amenant les dés.

      Dix-huit!

      ROBERT.

      O ciel! je n'ai plus rien!

      BERTRAM.

      Ami, console-toi!

      ROBERT.

      Dans mon destin funeste

      Je t'entraîne avec moi!

      BERTRAM.

      Notre amitié nous reste.

      ROBERT, abattu.

      Mes armes, mes coursiers ne m'appartiennent plus.

      A Bertram.

      Va leur livrer les biens que j'ai perdus.

      Bertram sort avec quelques chevaliers.

      Ensemble.

      ROBERT.

      Malheur sans égal

      D'un sort infernal

      L'ascendant fatal

      Me poursuit, m'opprime;

      Craignez mon courroux!

      Je puis sur vous tous

      Me venger des coups

      Dont je suis victime.

      LES CHEVALIERS.

      Voyez son courroux:

      Du destin jaloux

      Il maudit les coups,

      Il jure, il blasphème.

      Modérez, seigneur,

      Cette folle ardeur.

      Craignez ma fureur,

      Et tremblez vous-même.

      BERTRAM, rentrant.

      Console-toi,

      Fais comme moi,

      Plus de dépit;

      Car tu l'as dit:

      L'or est une chimère,

      Sachons nous en servir;

      Le vrai bien sur la terre

      N'est-il pas le plaisir?

      Acte deuxième

      Une grande salle du palais. – Au fond, une galerie donnant sur la campagne.

      Scène première.

      ISABELLE, seule.

      Que je hais la grandeur dont l'éclat m'environne!

      Des fêtes, des plaisirs, tout, hormis le bonheur!

      Hélas! mon père ordonne,

      Et va livrer ma main sans consulter mon cœur,

      Quand l'ingrat que j'aimais, quand Robert m'abandonne.

      Air.

      En vain j'espère

      Un sort prospère;

      Douce chimère,

      Rêves d'amour,

      Avez fui sans retour.

      D'espoir bercée,

      Tendre pensée

      S'est éclipsée

      Comme un beau jour.

      Scène II.

      Isabelle, Alice; quelques jeunes filles, portant des pétitions.

      CHŒUR DE JEUNES FILLES, qui s'avancent vers la princesse.

      Approchons sans frayeur.

      Elles remettent les pétitions.

      A la souffrance

      Donne assistance,

      La bienfaisance

      Est dans ton cœur.

      ALICE, à part.

      Dieu! Pour servir Robert, quel moyen! ...Si j'osais!

      Mais plus d'une princesse, avec reconnaissance,

      A reçu quelquefois de semblables placets!

      Essayons!

      A la princesse en lui remettant le billet de Robert.

      A la souffrance

      Donne assistance,

      La bienfaisance

      Est dans ton cœur.

      La princesse ouvre le billet, le lit tout bas avec

       trouble, puis se rapproche d'Alice.

      ISABELLE.

      Écoute, jeune amie;

      Viens, mon âme est attendrie!

      Le malheur qui supplie

      A des droits sur mon cœur.

      A part.

      Mon bonheur est extrême!

      Viens, Robert, toi que j'aime.!

      ALICE


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