Excelsior: Roman parisien. Léonce de Larmandie

Excelsior: Roman parisien - Léonce de Larmandie


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idole.

      Le soir, lorsqu'il rentra chez lui, son concierge, jadis rèche, maintenant souriant et obséquieux, lui remit un monceau de cartes de visite qu'il s'amusa à dépouiller sur sa table boiteuse.

      En voici quelques-unes:

      Le prince de La Roche-Bernard félicite M. de Mérigue de sa courageuse attitude.

      Madame Salotru, blanchisseuse royaliste, envoie à M. de Mérigue tous ses compliments et l'assurance de sa parfaite considération.

      Le général, comte de la Croisaie, grand officier de la Légion d'honneur: Bravo, jeune homme, vous êtes un brave.

      L'abbé de la Gloire-Dieu, vicaire de Saint-Barthémy: sympathies bien cordiales.

      Anselme Rotin, employé de commerce, a l'honneur d'informer le candidat qu'il votera vraisemblablement pour lui.

      L'avant-dernière carte était insérée dans une enveloppe et ainsi conçue:

      Gustave Coupessay, directeur des Oratoriens de la rue de Monceau, envoie à M. de Mérigue toutes ses congratulations et lui fait connaître qu'il sera trop heureux de l'attacher à son établissement dans les conditions qu'il voudra bien fixer lui-même.

      —Tiens, dit Mérigue, il a fait une évolution, l'animal d'hier au soir.

      Puis il lut la dernière carte:

      Théodore de Vannes, élève externe au collège de la rue de Monceau, apprend que M. de Mérigue va donner des leçons à l'école et le prie de lui réserver quelques heures. Il saisit cette occasion pour serrer la main au vaillant candidat royaliste.

      —Théodore de Vannes!!! Le frère de Blanche! s'écria Jacques. Ah! mon Dieu! je tiens les étoiles... enfin!...

       Table des matières

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      —Vous ne savez pas, ma chère, disait à Mlle de Vannes le jeune duc de Largeay, petit bellâtre insipide, empesé comme un faux-col et raide comme un échalas, vous ne savez donc pas?

      —Quoi? fit Blanche d'un air distrait et quelque peu ennuyé, sans regarder son noble fiancé.

      —Eh bien! cet espèce de polisson qui vous regardait l'autre jour à l'église d'une façon si impertinente...

      —N'en dites pas de mal, cher duc, il est très bien.

      —Ah! quel bon goût, ma chère, enfin, laissez-moi vous finir mon histoire.

      —Faites, mais faites vite.

      —Je l'ai rencontré tout à l'heure.

      —Je regrette de ne pas avoir eu la même chance.

      —Vous êtes aimable... je sais son nom.

      —Vous êtes bien heureux.

      —Jacques de Mérigue.

      —Tiens, un joli nom.

      —Vous trouvez?

      —C'est tout ce que vous aviez à m'apprendre?

      —Ah! mais non... un peu de patience.

      —Vous voyez que je n'en manque pas.

      —Ce Mérigue est l'étonnant candidat qui a signé les affiches extraordinaires dont tout le monde parle.

      Blanche, à ces mots, prêta une attention plus soutenue aux paroles de son fiancé.

      —Vous dites? interrogea-t-elle.

      —Ce Mérigue, votre insolent admirateur, n'est autre chose que ce candidat qui fait tant de bruit.

      —Tiens, tiens; mais il devient tout à fait intéressant, ce jeune homme.

      —Quoi! ce malotru qui a osé...

      —Ta, ta, ta, pas de gros mots; pourquoi lui en voudrais-je de me trouver bien? Est-ce que vous ne dites pas comme lui, par hasard?

      —Ma chère, si je ne croyais de manquer au respect que je vous dois...

      —Ne craignez rien, allez, j'ai bon dos.

      —Je vous dirais...

      —Pas de conditionnel.

      —Que vos réflexions frisent l'impertinence.

      —C'est un point de vue.

      —Et je ne comprends guère qu'à un mois de notre mariage...

      —Un mois!... qui vous a dit cela?

      —Mais je croyais... pardon!

      —Vous êtes bien pressé.

      —Quel changement soudain.

      —Vous enterrez bien vos vies de garçon, vous autres...

      —Mais, chère amie, je ne suppose pas que vous ayez à faire une opération du même genre...

      —Chi lo sa?

      —Je ne comprends pas l'hébreu, ma chère.

      —S'il n'y avait que l'hébreu!...

       Table des matières

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      Monsieur le Président, Vidame du Merlerault.—Messieurs, vous devinez tous l'objet de notre réunion. Il vient de se produire un fait bizarre, absolument inouï, dans les annales du parti. Nous avions décidé sagement et prudemment que nous ne décrions pas notre drapeau à l'élection partielle qui va avoir lieu, le temps et les fonds nous manquant absolument. Et voici qu'à la stupéfaction générale, un jeune inconnu s'empare de cet étendard fleurdelysé qui a été confié à notre garde, et va-t-en guerre sans demander notre avis, sans prendre notre signal.

      Le vicomte d'Escal.—Il eût attendu longtemps.

      Le Président.—Sans doute. Nous n'avons pas habitude de confier à des gens sortis on ne sait d'où la représentation de nos intérêts et de nos opinions.

      Le vicomte d'Escal—Parbleu, vous ne les confiez à personne.

      Le Président.—Mieux vaut une abstention digne qu'une action irréfléchie.

      Le vicomte d'Escal.—Il y a cinquante ans que vous vous abstenez dignement.

      Le Président.—Mon cher vicomte, vous m'interrompez avec une opiniâtreté inconcevable. Je vous cède la parole.

      Le vicomte d'Escal.—Merci, je l'accepte. Messieurs, voici en deux mots mon sentiment. Certainement, M. de Mérigue est blâmable d'avoir agi sans nous consulter, mais, outre qu'il ignorait probablement notre existence...

      Le Président.—Un royaliste ne peut pas ignorer...

      Le vicomte d'Escal.—Pardon! voilà que c'est vous qui m'interrompez, maintenant... je continue: nous nous trouvons en présence d'un fait accompli.

      Monsieur de Prunières.—Hélas! oui, malheureusement.

      Le


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