Références aux classiques de la culture chinoise dans les discours de Xi Jinping. Comment Department of People's Daily
aux intérêts du peuple et à substituer aux relations harmonieuses «entre le poisson et l’eau» la recherche «d’affaires juteuses», la bonne entente qui règne entre fonctionnaires et administrés cèdera la place à la mésentente et au conflit et cela constituera une des plus graves atteintes à l’éthique des serviteurs de l’Etat. Il est vrai que «rien n’est plus abject que le comportement de nuire au peuple».
Pour rétablir l’éthique du fonctionnaire, il faut se débarrasser de l’idée selon laquelle «le rang dans la hiérarchie administrative est le principal critère de réussite personnelle», surmonter et corriger les mentalités féodales selon lesquelles un fonctionnaire est «seigneur des lieux». Il faut également rester toujours fidèle à l’objectif fondamental du Parti et à la ligne de travail populaire, conserver des liens étroits avec le peuple, lui consacrer toute son intelligence, et puiser ses forces dans une communion parfaite avec lui. Il faut placer toujours au premier plan le travail ayant trait au bien- être de la population et s’appliquer corps et âme à trouver des idées et des solutions qui profiteront à la population.
Source
Shu Xiang demande à Yan Zi: «Quel sentiment est noble? Quel comportement est généreux?» Et Yan Zi de répondre: «Rien n’est plus noble que le sentiment d’aimer le peuple, et rendre le peuple heureux est le plus généreux des comportements.» Shu Xiang poursuit: «Quel sentiment est ignoble? Quel comportement est abject?» Réponse de Yan Zi: «Le sentiment le plus ignoble est celui de maltraiter le peuple, le comportement le plus abject est celui par lequel on nuit à son corps.»
(Entre la période des Royaumes combattants et la dynastie des Qin), Yan Zi Chun Qiu: Nei Pian: Wen Xia (Les Annales des Printemps et Automnes de Yan Zi: Partie principale: Chapitre IV, Questions)
Interprétation
Les Annales des Printemps et Automnes de Yan Zi est une compilation des faits et dires de Yan Zi rassemblés par des lettrés à une date ultérieure. En étudiant l’extrait dont il est question ici, le grand spécialiste moderne des livres canoniques confucéens Liu Shipei estime que les quatre occurrences du mot «sentiments» sont ici toutes erronées en raison d’un paronyme et qu’il convient de lire à la place «vertu ou conduite» et non «sentiment». Par conséquent «Quel sentiment est noble?» devient «Quelle vertu est noble?»; «Rien n’est plus noble que le sentiment d’aimer le peuple» devient «Rien n’est plus noble que la vertu d’aimer le peuple»; «Quel sentiment est ignoble?» doit s’entendre comme «Quelle conduite est ignoble?»; «Le sentiment le plus ignoble est celui de maltraiter le peuple» se lit comme «La conduite la plus ignoble est celle de maltraiter le peuple.» Le sens de cet extrait est le suivant: Shu Xiang pose la question à Yan Zi de savoir quel genre de vertu est noble et quel type de conduite est généreuse. Yan Zi répond ainsi: «La plus noble des vertus est d’aimer les masses et rien n’est plus généreux que de rendre heureuse la population». «Quel genre de conduite est ignoble, et quel type de comportement est abject?» poursuit Shu Xiang, et Yan Zi de répondre: «La conduite la plus ignoble est celle de maltraiter le peuple, et maltraiter son corps est le comportement le plus abject.» (A propos de la phrase «Maltraiter son corps est le comportement le plus abject», Hu Zeyu dans Variorum des «Annales des Printemps et Automnes de Yan Zi» (Yan Zi Chun Qiu Ji Shi) indique qu’il convient remplacer le mot «corps» par le mot «peuple»: il s’agit d’une coquille.)
Yan Zi expose de manière pénétrante les responsabilités qui incombent aux fonctionnaires. Se corriger soi-même et aimer le peuple est depuis toujours pour les détenteurs du pouvoir un modèle qui inspire respect et admiration alors que ceux qui cherchent à parvenir à leurs fins au détriment du peuple essuient de tout temps des critiques et s’attirent la réprobation générale.
Eliminer les souffrances du peuple comme si elles étaient des maladies qui rongent nos entrailles.
Cité dans Sortir de la pauvreté: La compétence de base d’un cadre – maintenir un lien étroit avec les masses populaires et autres.
Commentaire
Comment concrétiser l’idée selon laquelle une bonne gouvernance accorde la primauté à l’homme? Comment traduire en actions concrètes l’idée que la poursuite du bien-être de la population doit être une valeur qui prime sur les autres? L’un des points importants consiste justement à résoudre des problèmes pratiques de la population et c’est justement le sens profond que revêt cette célèbre citation de Su Zhe par Xi Jinping. Pourtant, on constate encore des dérives au niveau des pratiques réelles dans ce domaine: dès qu’on parle de lutte contre la pauvreté, on va rendre visite à des familles pauvres en apportant un sac de riz et un bidon d’huile pour donner le change et sauver les apparences; lorsqu’on parle d’aller sur le terrain, on se rend à la campagne tambour battant pour repartir aussitôt, car ce qui importe, c’est d’avoir une couverture médiatique importante en mobilisant la télévision, la radio ou encore la presse écrite. Aucune attention n’est accordée aux situations difficiles ni aux problèmes réels de la population et on fait comme si on n’avait rien vu ou entendu. Loin de permettre de résoudre les problèmes concrets, ces pratiques sont de pure façade et attestent d’une discordance entre les apparences et la réalité, entre ce que l’on dit du bout des lèvres et ce que l’on pense en son cœur, entre les actes et les paroles; il ne saurait être question d’exercer le pouvoir au bénéfice du peuple quand on n’arrive pas à résoudre ses soucis quotidiens ou à le débarrasser des maux qui le rongent. Aussi le président Xi Jinping a-t-il souligné à de multiples reprises qu’«il faut savoir se mettre à la place du peuple». Par ces mots, il demande en fait aux cadres à tous les échelons de résoudre des problèmes concrets et bien réels qui ont trait au bien-être de la population. Il faut être extrêmement vigilant sur ces problèmes et les éliminer comme s’il étaient «des maladies qui rongent nos entrailles».
Source
Votre Majesté peut employer les hauts fonctionnaires de son choix qui se montrent intègres et qui ont une aversion pour le mal. Votre Majesté consacre beaucoup de son énergie à les surveiller de manière à éliminer les souffrances du peuple comme si elles étaient des maladies qui rongent nos entrailles. Il convient d’appliquer rigoureusement des lois et des sanctions contre ceux qui ont commis, non pas des erreurs, mais des délits en laissant primer leurs intérêts privés ou en se laissant corrompre à un certain niveau.
Su Zhe (dynastie des Song du Nord), Shang Huang Di Shu (Lettre à l’Empereur)
Interprétation
En février 1069, Wang Anshi, vice-premier ministre, inaugure une réforme de l’Etat en introduisant de nouvelles politiques. Farouche contestataire de cette réforme, Su Zhe écrit en mars une lettre à l’Empereur Shenzong pour exposer avec conviction ses opinions en la matière. Il y exprime beaucoup d’idées aussi importantes que justes. «Eliminer les souffrances du peuple comme si elles étaient des maladies qui rongent nos entrailles» en fait partie. «Les entrailles» désigne le ventre et le cœur, organes vitaux chez un homme, ce qui signifie au sens figuré la position clef ou la partie centrale. L’auteur veut dire par cette phrase qu’il faut éliminer les maux qui tourmentent les masses comme si on faisait soigner une maladie qui aurait atteint notre propre cœur.
Inspirés essentiellement du confucianisme, les points de vue de Su Zhe sont surtout marqués par la pensée de Mencius. Il est évident qu’«Eliminer les souffrances du peuple comme si elles étaient des maladies qui rongent nos entrailles» fait référence à la pensée humaniste de Mencius. Celui-ci préconise qu’un souverain se réjouisse des joies et partage les inquiétudes de son peuple. Le point de vue qu’expose Su Zhe vise à exhorter l’Empereur Shenzong à se mettre à la place de ses sujets de manière à partager leurs soucis et à se soucier de leurs intérêts. En comparant les souffrances populaires aux «maladies qui rongent nos entrailles», l’auteur souligne que l’impératif d’«éliminer les souffrances du peuple» ne doit souffrir aucun retard ni aucun laxisme.
Si seulement il y