Les derniers iroquois. Emile Chevalier
de castor; car, bien que le soleil brillât de tout son éclat, la brise était fraîche et piquante sur le Saint-Laurent.
– Mon Dieu, que voilà un sauvage qui a bonne mine! fit avec la vivacité d’un enfant la plus jeune des dames en voyant Co-lo-mo-o monter sur le vapeur.
– Voulez-vous bien ne pas parler si haut, petite imprudente!
– Et pourquoi, monsieur, je vous prie?
– Si votre cavalier[32] vous entendait! répliqua le jeune homme, en la menaçant du doigt.
– Sir William? Oh! il est bien trop occupé à déblatérer contre les Canadiens; et puis, au surplus, je me soucie de lui comme d’une vieille papillote, ajouta-t-elle en riant.
– Oh! Léonie, commença l’autre dame…
Mais elle s’interrompit brusquement.
– Dites donc, ma cousine, est-ce que les Indiens que vous commandiez ressemblaient à celui-là? Alors vous avez eu bien tort d’épouser un vilain garçon comme M. Xavier!
– Est-elle insolente, un peu! dit le jeune homme en la gratifiant d’une petite claque sur la joue.
– Dame, mon cousin, l’insolence est le privilège des jolies femmes, vous me l’avez trop souvent répété pour que je l’oublie jamais.
– Attrapez, mon mari! reprit la seconde.
– Quoi! tu t’en mêles, Léonie?
– Dans tout ça, ma cousine, vous n’avez pas répondu à ma question, dit Léonie.
– Vous êtes une méchante espiègle.
– Ce n’est pas toujours une réponse. Je vous demandais si vos sauvages de la Colombie étaient aussi beaux que notre pilote.
– Mais, petite ignorante, ils ont la tête aplatie comme une poire tapée, intervint Xavier.
– Et ma cousine, qui était leur reine, ne l’avait pas la tête aplatie? reprit Louise avec une ténacité plaisante.
– J’espère, dit le jeune homme.
– Et, s’écria-t-elle vivement, si elle avait eu la tête aplatie comme une poire tapée, est-ce que vous l’auriez épousée, malgré ce grandissime amour qui vous a entraîné dans les pays d’en haut[33] pour aller la chercher?
Ces paroles furent prononcées avec une expression si comique par la folle créature, que Xavier Cherrier[34], tel était le nom du jeune homme, s’abandonna à un bruyant accès d’hilarité.
– Ça n’empêche, poursuivit Léonie, en jetant un coup d’œil sur le Petit-Aigle, qu’on voyait attelé à la roue du gouvernail, dans sa guérite, au-dessus de la machine; ça n’empêche, c’est une drôle d’aventure que la vôtre, je voudrais bien en avoir une comme ça, moi: être souveraine d’une tribu sauvage jusqu’à vingt ans, puis, tout à coup, rencontrer un parent, comme mon cousin Cherrier, qui vient de la Louisiane, dans le désert, exprès pour moi, m’enlève à mes sujets et me marie[35]. Vraiment, Louise, vous avez eu trop de bonheur! J’envie votre sort!
Celle à qui s’adressait cette réflexion traîna vers son mari un long regard d’amour.
– Ce serait juste, si vous aviez dit que le trop heureux, c’est moi, dit-il.
– Égoïste! murmura joyeusement Louise.
– Mais, s’écria Xavier, de quoi vous plaignez-vous, ma belle cousine! vous avez parmi vos galants un gentilhomme accompli…
– Sir William! riposta-t-elle avec une moue dédaigneuse.
– Il est très riche, titré…
– C’est la moindre de mes préoccupations.
– Il vous adore…
– Et je le déteste.
– Hypocrite, va! dit Xavier en la poussant légèrement du genou.
– Vous croyez!
– J’en suis sûr.
– Eh bien, voulez-vous savoir la vérité?
– Nous vous défions de la dire.
– Oui-dà? repartit-elle d’un ton piqué.
– Parlez, ma chère Louise, car moi je suis convaincus que vous serez franche, dit madame Cherrier.
– Alors, répliqua la jeune fille, de sa voix railleuse, je vous déclare que j’aimerais mieux ce beau sauvage que le noble sir William King.
Une nouvelle explosion de rire accueillit cette plaisante déclaration.
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