Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II. Чарльз Диккенс

Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II - Чарльз Диккенс


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monsieur, je vas parler. Je suis au service de ce gentleman ici, et c'est un très-bon service.

      – Pas grand'chose à faire, et beaucoup à gagner, je suppose? dit l'avocat, d'un air farceur.

      – Ah! oui, suffisamment à gagner, monsieur, comme disait le soldat, quand on le condamna à cent cinquante coups de fouet.

      – Nous n'avons pas besoin de ce qu'a dit le soldat, monsieur, ni toute autre personne, interrompit le juge.

      – Très-bien, milord.

      – Vous rappelez-vous, dit Me Buzfuz, en reprenant la parole, vous rappelez-vous quelque chose de remarquable qui arriva dans la matinée où vous fûtes engagé par le défendeur? voyons! monsieur Weller?

      – Oui, monsieur.

      – Ayez la bonté de dire au jury ce que c'était.

      – J'ai eu un habillement complet tout neuf, ce matin-là, messieurs du jury, et c'était une circonstance très-remarquable pour moi, dans ce temps-là.»

      Ces mots excitèrent un éclat de rire général, mais le petit juge, regardant avec colère par-dessus son bureau: «Monsieur, dit-il, je vous engage à prendre garde.

      – C'est ce que M. Pickwick m'a dit dans le temps, milord; et j'ai pris bien garde à conserver ces habits-là, véritablement, milord.»

      Pendant deux grandes minutes, le juge regarda sévèrement le visage de Sam, mais voyant que ses traits étaient complètement calmes et sereins, il ne dit rien, et fit signe à l'avocat de continuer.

      «Est-ce que vous prétendez me dire, monsieur Weller, reprit Me Buzfuz en croisant ses bras emphatiquement et en se tournant à demi vers le jury, comme pour l'assurer silencieusement qu'il viendrait à bout du témoin, est-ce que vous prétendez me dire, monsieur Weller, que vous n'avez pas vu la plaignante évanouie dans les bras du défendeur, comme vous venez de l'entendre décrire par les témoins?

      – Non certainement: j'étais dans le corridor jusqu'à ce qu'ils m'ont appelé, et la vieille lady était partie alors.

      – Maintenant faites attention, monsieur Weller, continua Me Buzfuz, en trempant une énorme plume dans son encrier, afin d'effrayer Sam, en lui faisant voir qu'il allait noter sa réponse. Vous étiez dans le corridor et vous n'avez rien vu de ce qui se passait. Avez-vous des yeux, monsieur Weller?

      – Oui, j'en ai des yeux, et c'est justement pour ça. Si c'étaient des microscopes au gaz, brevetés pour grossir cent mille millions de fois, j'aurais peut-être pu voir à travers les escaliers et la porte de chêne; mais comme je n'ai que des yeux vous comprenez, ma vision est limitée.»

      À cette réponse qui fut délivrée de la manière la plus simple et sans la plus légère apparence d'irritation, les spectateurs ricanèrent, le petit juge sourit, et Me Buzfuz eut l'air singulièrement déconfit. Après une courte consultation avec Dodson et Fogg, le savant avocat se tourna de nouveau vers Sam, et lui dit avec un pénible effort pour cacher sa vexation.

      «Maintenant, monsieur Weller, je vous ferai encore une question sur un autre point, s'il vous plaît.

      – Je suis à vos ordres, monsieur, répondit Sam avec une admirable bonne humeur.

      – Vous rappelez-vous être allé chez Mme Bardell un soir de novembre?

      – Oh! oui, très bien.

      – Ah! ah! vous vous rappelez cela, monsieur Weller? dit l'avocat, en recouvrant son équanimité. Je pensais bien que nous arriverions à quelque chose à la fin.

      – Je le pensais bien aussi, monsieur, répliqua Sam; et les spectateurs rirent encore.

      – Bien. Je suppose que vous y êtes allé pour causer un peu du procès, eh! monsieur Weller? reprit l'avocat, en lançant un coup d'œil malin au jury.

      – J'y suis allé pour payer le terme; mais nous avons causé un brin du procès.

      – Ah! vous en avez causé? répéta Me Buzfuz dont le visage devint radieux, par l'anticipation de quelque importante découverte. Voulez-vous avoir la bonté de nous raconter ce qui s'est dit à ce propos, monsieur Weller?

      – Avec le plus grand plaisir du monde, monsieur. Après quelques observations guère importantes des deux respectables dames qui ont déposé ici aujourd'hui, elles se sont quasi pâmées d'admiration sur la vertueuse conduite de MM. Dodson et Fogg, ces deux gentlemen qui sont assis à côté de vous maintenant.»

      Ceci, bien entendu, attira l'attention générale sur Dodson et Fogg qui prirent un air aussi vertueux que possible.

      «Ah! dit Me Buzfuz, ces dames parlèrent donc avec éloge de l'honorable conduite de MM. Dodson et Fogg, les avoués de la plaignante, hein?

      – Oui, monsieur. Elles dirent que c'était une bien généreuse chose de leur part de prendre cette affaire-là par spéculation, et de ne rien demander pour les frais, s'ils ne les faisaient pas payer à M. Pickwick.»

      À cette réplique inattendue, les spectateurs ricanèrent encore, et Dodson et Fogg, qui étaient devenus tout rouges, se penchèrent vers Me Buzfuz, et d'un air très-empressé lui chuchotèrent quelque chose dans l'oreille.

      «Vous avez complètement raison, répondit tout haut l'avocat, avec une tranquillité affectée. Il est parfaitement impossible de tirer quelque éclaircissement de l'impénétrable stupidité du témoin. Je n'abuserai point des moments de la cour en lui adressant d'autres questions. Vous pouvez descendre, monsieur.

      – Il n'y a pas quelque autre gentleman qui désire m'adresser une question? demanda Sam, en prenant son chapeau et en regardant autour de lui d'un air délibéré.

      – Non pas moi, monsieur Weller. Je vous remercie, dit Me Snubbin, en riant.

      – Vous pouvez descendre, monsieur,» répéta Me Buzfuz, en agitant la main d'un air impatient.

      Sam descendit en conséquence, après avoir fait à la cause de MM. Dodson et Fogg, autant de mal qu'il le pouvait, sans inconvénient, et après avoir parlé le moins possible de l'affaire de M. Pickwick, ce qui était précisément le but qu'il s'était proposé.

      «Milord, dit Me Snubbin, si cela peut épargner l'interrogatoire d'autres témoins, je n'ai pas d'objections à admettre que M. Pickwick s'est retiré des affaires et possède une fortune indépendante et considérable.

      – Très-bien,» répliqua Me Buzfuz, en passant au clerc les deux lettres de M. Pickwick.

      Me Snubbin s'adressa alors au jury en faveur du défendeur, et débita un très-long et très-emphatique discours, dans lequel il donna à la conduite et aux mœurs de M. Pickwick les plus magnifiques éloges. Mais comme nos lecteurs doivent s'être formé relativement au mérite de ce gentleman une opinion beaucoup plus nette que celle de Me Snubbin, nous ne croyons pas devoir rapporter longuement ses observations. Il s'efforça de démontrer que les lettres qui avaient été produites se rapportaient simplement au dîner de M. Pickwick et aux préparations à faire dans son appartement, pour le recevoir à son retour de quelque excursion. Enfin il parla le mieux qu'il put, en faveur de notre héros, et comme tout le monde le sait, sur la foi d'un vieil adage, il est impossible de faire plus.

      M. le juge Starleigh fit son résumé, suivant les formes et de la manière la plus approuvée. Il lut au jury autant de ses notes qu'il lui fut possible d'en déchiffrer en si peu de temps, et fit en passant des commentaires sur chaque témoignage. Si mistress Bardell avait raison, il était parfaitement évident que M. Pickwick avait tort. Si les jurés pensaient que le témoignage de mistress Cluppins était digne de croyance, c'était leur devoir de le croire: mais sinon, non. S'ils étaient convaincus qu'il y avait eu violation de promesse de mariage, ils devaient attribuer à la plaignante les dommages-intérêts qu'ils jugeraient convenables; mais d'un autre côté s'il leur paraissait qu'il n'y eût jamais eu de promesse de mariage, alors ils devaient renvoyer le défenseur sans aucun dommage. Après cette harangue, les jurés se retirèrent dans leur salle pour délibérer, et le juge se retira dans son cabinet pour se rafraîchir avec une côtelette de mouton


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