Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II. Чарльз Диккенс

Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II - Чарльз Диккенс


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garçon.

      Le gentleman aux favoris noirs recommença à chantonner le même air; puis, en attendant l'arrivée des rôties, il vint se placer le dos au feu, releva sous ses bras les pans de son habit, et contempla ses bottes en ruminant.

      «Vous ne savez pas où la voiture arrête à Bath? dit M. Pickwick d'un ton doux en s'adressant à M. Winkle.

      – Hum! Eh! qu'est-ce! dit l'étranger.

      – Je faisais une observation à mon ami, dit M. Pickwick, toujours prêt à entrer en conversation. Je demandais où la voiture arrête à Bath. Vous pouvez peut-être m'en informer, monsieur?

      – Est-ce que vous allez à Bath?

      – Oui, monsieur.

      «Et ces autres gentlemen?

      – Ils y vont aussi.

      – Pas dans l'intérieur! Je veux être damné si vous allez dans l'intérieur!

      – Non, pas tous.

      – Non certes, pas tous, reprit l'étranger avec énergie. J'ai retenu deux places, et, s'ils veulent empiler six personnes dans une boîte infernale qui n'en peut tenir que quatre, je louerai une chaise de poste à leurs frais. Cela ne prendra pas. J'ai dit au commis, en payant mes places, que cela ne prendrait pas. Je sais que cela s'est fait; je sais que cela se fait tous les jours; mais on ne m'a jamais mis dedans, et on ne m'y mettra pas. Ceux qui me connaissent le savent, Dieu me damne!»

      Ici le féroce gentleman tira la sonnette avec grande violence et déclara au garçon que si on ne lui apportait pas ses rôties avant cinq secondes, il irait lui-même en savoir la raison.

      «Mon cher monsieur, dit M. Pickwick, permettez-moi de vous faire observer que vous vous agitez bien inutilement. Je n'ai retenu de places à l'intérieur que pour deux.

      – Je suis charmé de le savoir, répondit l'homme féroce. Je retire mes expressions; acceptez mes excuses. Voici ma carte; faisons connaissance.

      – Avec grand plaisir, répliqua M. Pickwick. Nous devons être compagnons de voyage, et j'espère que nous trouverons mutuellement notre société agréable.

      – Je l'espère. J'en suis persuadé. J'aime votre air; il me plaît. Gentlemen, vos mains et vos noms. Faisons connaissance.»

      Nécessairement un échange de salutations amicales suivit ce gracieux discours. Le fier gentleman informa alors nos amis avec le même système de phrases courtes, abruptes, sautillantes, que son nom était Dowler, qu'il allait à Bath pour son plaisir, qu'il était autrefois dans l'armée, que maintenant il s'était mis dans les affaires, comme un gentleman; qu'il vivait des profits qu'il en tirait, et que la personne pour qui la seconde place avait été retenue par lui, n'était pas une personne moins illustre que Mme Dowler, son épouse.

      «C'est une jolie femme, poursuivit-il. J'en suis orgueilleux. J'ai raison de l'être.

      – J'espère que nous aurons le plaisir d'en juger, dit M. Pickwick avec un sourire.

      – Vous en jugerez. Elle vous connaîtra. Elle vous estimera. Je lui ai fait la cour d'une singulière manière. Je l'ai gagnée par un vœu téméraire. Voilà. Je la vis; je l'aimai; je la demandai; elle me refusa. «Vous en aimez un autre? – Épargnez ma pudeur. – Je le connais. – Vraiment? – Certes; s'il reste ici, je l'écorcherai vif.»

      – Diable! s'écria M. Pickwick involontairement.

      – Et… l'avez-vous écorché, monsieur? demanda M. Winkle en pâlissant.

      – Je lui écrivis un mot. Je lui dis que c'était une chose pénible. C'était vrai.

      – Certainement, murmura M. Winkle.

      – Je dis que j'avais donné ma parole de l'écorcher vif, que mon honneur était engagé, et que, comme officier de Sa Majesté, je n'avais pas d'autre alternative. J'en regrettais la nécessité, mais il fallait que cela se fit. Il se laissa convaincre; il vit que les règles de service étaient impératives. Il s'enfuit. J'épousai la jeune personne. Voici la voiture. C'est sa tête que vous voyez à la portière.»

      En achevant ces mots, M. Dowler montrait une voiture qui venait de s'arrêter. On voyait effectivement à la portière une figure assez jolie, coiffée d'un chapeau bleu, et qui, regardant parmi la foule, cherchait probablement l'homme violent lui-même. M. Dowler paya sa dépense et sortit promptement avec sa casquette, sa redingote et son manteau: M. Pickwick et ses amis le suivirent pour s'assurer de leurs places.

      M. Tupman et M. Snodgrass s'étaient huchés derrière la voiture; M. Winkle était monté dans l'intérieur et M. Pickwick se préparait à le suivre, quand Sam Weller s'approcha d'un air de profond mystère, et, chuchotant dans l'oreille de son maître, lui demanda la permission de lui parler.

      «Eh bien! Sam, dit M. Pickwick, qu'est-ce qu'il y a maintenant?

      – En voilà une de sévère, monsieur!

      – Une quoi?

      – Une histoire, monsieur. J'ai bien peur que le propriétaire de cette voiture-ci ne nous fasse quelque impertinence.

      – Comment cela, Sam? Est-ce que nos noms ne sont point sur la feuille de route?

      – Certainement qu'ils y sont, monsieur; mais ce qui est plus fort, c'est qu'il y en a un qui est sur la porte de la voiture.»

      En parlant ainsi, Sam montrait à son maître cette partie de la portière où se trouve ordinairement le nom du propriétaire; et là, en effet, se lisait en lettres dorées, d'une raisonnable grandeur, le nom magique de Pickwick.

      «Voilà qui est curieux! s'écria M. Pickwick, tout à fait étourdi de cette coïncidence; quelle chose extraordinaire!

      – Oui; mais ce n'est pas tout, reprit Sam en dirigeant de nouveau l'attention de son maître vers la portière. Non contents d'écrire Pickwick, ils mettent Moïse devant. Voilà ce que j'appelle ajouter l'injure à l'insulte, comme disait le perroquet quand on lui a appris à parler anglais, après l'avoir emporté de son pays natal.

      – Cela est certainement assez singulier, Sam; mais si nous restons là, debout, nous perdrons nos places.

      – Comment! est-ce qu'il n'y a rien à faire en conséquence, monsieur? s'écria Sam tout à fait démonté par la tranquillité avec laquelle M. Pickwick se préparait à s'enfoncer dans l'intérieur.

      – À faire? dit le philosophe; qu'est-ce qu'on pourrait faire?

      – Est-ce qu'il n'y aura personne de rossé pour avoir pris cette liberté, monsieur? demanda Sam, qui s'était attendu, pour le moins, à recevoir la commission de défier le cocher et le conducteur en combat singulier.

      – Non, certainement, répliqua M. Pickwick avec vivacité. Sous aucun prétexte! Montez à votre place, sur-le-champ.

      – Ah! murmura Sam en grimpant sur son banc, faut que le gouverneur ait quelque chose; autrement il n'aurait pas pris ça aussi tranquillement. J'espère que ce jugement-ici ne l'aura pas affecté; mais ça va mal, ça va très-mal,» continua-t-il en secouant gravement la tête.

      Et, ce qui est digne de remarque, car cela fait voir combien il prit cette circonstance à cœur, il ne prononça plus une seule parole jusqu'au moment où la voiture atteignit le turnpike de Kensington. C'était pour lui un effort de taciturnité tellement extraordinaire, qu'il peut être considéré comme tout à fait sans précédent.

      Il n'arriva rien durant le voyage qui mérite une mention spéciale. M. Dowler rapporta plusieurs anecdotes, toutes illustratives de ses prouesses personnelles; et, à chacune d'elles il en appelait au témoignage de Mme Dowler. Alors cette aimable dame racontait, sous la forme d'appendice, quelques circonstances remarquables que M. Dowler avait oubliées, ou peut-être que sa modestie avait omises; car ces additions tendaient toujours à montrer que M. Dowler était un homme encore plus étonnant qu'il ne le disait lui-même. M. Pickwick et M. Winkle l'écoutaient avec la plus grande admiration: par intervalles, cependant, ils conversaient avec Mme Dowler, qui était une personne


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