Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II. Чарльз Диккенс

Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II - Чарльз Диккенс


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très-brillante. Sam, en particulier, exécutait cette admirable et romantique figure que l'on appelle vulgairement cogner à la porte du savetier, et qui consiste à glisser sur un pied, tandis que de l'autre on frappe de temps en temps la glace d'un coup redoublé.

      La glissade était longue et luisante, et comme M. Pickwick se sentait à moitié gelé d'être resté si longtemps tranquille, il y avait dans ce mouvement quelque chose qui semblait l'attirer.

      «Voilà un joli exercice, et qui doit bien réchauffer, n'est-ce pas? dit-il à M. Wardle.

      – Oui, ma foi! répondit celui-ci, qui était tout essouffle d'avoir converti ses jambes en une paire de compas infatigable pour tracer sur la glace mille figures géométriques. Glissez-vous?

      – Je glissais autrefois, quand j'étais enfant; sur les ruisseaux.

      – Essayez maintenant.

      – Oh! oui, monsieur Pickwick, s'il vous plaît! s'écrièrent toutes les dames.

      – Je serais enchanté de vous procurer quelque amusement, repartit le philosophe, mais il y a plus de trente ans que je n'ai glissé!

      – Bah! bah! enfantillage, reprit M. Wardle, en ôtant ses patins avec l'impétuosité qui le caractérisait. Allons! je vous tiendrai compagnie; venez!»

      Et en effet le joyeux vieillard s'élança sur la glissade avec une rapidité digne de Sam Weller, et qui enfonçait complètement le gros joufflu.

      M. Pickwick le contempla un instant d'un air réfléchi, ôta ses gants, les mit dans son chapeau, prit son élan deux ou trois fois sans pouvoir partir, et à la fin, après avoir couru sur la glace la longueur d'une centaine de pas, se lança sur la glissade et la parcourut lentement et gravement, avec ses jambes écartées de deux ou trois pieds. L'air retentissait au loin des applaudissements des spectateurs.

      «Il ne faut pas laisser à la marmite le temps de se refroidir, monsieur,» cria Sam; et le vieux Wardle s'élança de nouveau sur la glissade, suivi de M. Pickwick, puis de Sam, puis de M. Winkle, et puis de M. Bob Sawyer, puis du gros joufflu, et enfin de M. Snodgrass; chacun glissant sur les talons de son prédécesseur, tous courant l'un après l'autre avec autant d'ardeur que si le bonheur de toute leur vie avait dépendu de leur vélocité.

      La manière dont M. Pickwick exécutait son rôle dans cette cérémonie, offrait un spectacle du plus haut intérêt. Avec quelle anxiété, avec quelle torture, il s'apercevait que son successeur gagnait sur lui, au risque imminent de le renverser! Arrivé à la fin de la glissade, avec quelle satisfaction il se relâchait graduellement de la crispation pénible qu'il avait déployée d'abord, et, tournant sur lui-même, dirigeait son visage vers le point d'où il était parti! Quel jovial sourire se jouait sur ses lèvres quand il avait accompli sa distance, quel empressement pour reprendre son rang et pour courir après son prédécesseur! Ses guêtres noires trottaient gaiement à travers la neige; ses yeux rayonnaient de gaieté derrière ses lunettes, et quand il était renversé (ce qui arrivait en moyenne une fois sur trois tours), quel plaisir de lui voir ramasser vivement son chapeau, ses gants, son mouchoir, et reprendre sa place avec une physionomie enflammée, avec une ardeur, un enthousiasme que rien ne pouvait abattre!

      Le jeu s'échauffait de plus en plus; on glissait de plus en plus vite; on riait de plus en plus fort, quand un violent craquement se fit entendre. On se précipite vers le bord; les dames jettent un cri d'horreur; M. Tupman y répond par un gémissement; un vaste morceau de glace avait disparu; l'eau bouillonnait par-dessus; le chapeau, les gants, le mouchoir de M. Pickwick flottaient sur la surface: c'était tout ce qui restait de ce grand homme.

      La crainte, le désespoir étaient gravés sur tous les visages. Les hommes pâlissaient, les femmes se trouvaient mal; M. Snodgrass et M. Winkle s'étaient saisis convulsivement par la main, et contemplaient d'un œil effaré la place où avait disparu leur maître; tandis que M. Tupman, emporté par le désir de secourir efficacement son ami, et de faire connaître, aussi clairement que possible, aux personnes qui pourraient se trouver aux environs, la nature de la catastrophe, courait à travers champs comme un possédé, en criant de toute la force de ses poumons: «Au feu! au feu! au feu!»

      Cependant le vieux Wardle et Sam Weller s'approchaient avec prudence de l'ouverture; M. Benjamin Allen et M. Bob Sawyer se consultaient sur la convenance qu'il y aurait à saigner généralement toute la compagnie, afin de s'exercer la main, lorsqu'une tête et des épaules sortirent de dessous les flots et offrirent aux regards enchantés des assistants les traits et les lunettes de M. Pickwick.

      «Soutenez-vous sur l'eau un instant, un seul instant, vociféra M. Snodgrass.

      – Oui! hurla M. Winkle, profondément ému; je vous en supplie, soutenez-vous sur l'eau, pour l'amour de moi!»

      Cette adjuration n'était peut-être pas fort nécessaire; car, suivant toutes les apparences, si M. Pickwick avait pu se soutenir sur l'eau, il n'aurait pas manqué de le faire pour l'amour de lui-même.

      «Eh! vieux camarade, dit M. Wardle, sentez-vous le fond?

      – Oui, certainement, répondit M. Pickwick, en respirant longuement et en pressant ses cheveux pour en faire découler l'eau; je suis tombé sur le dos, et je n'ai pas pu me remettre tout de suite sur mes jambes.»

      La vérité de cette assertion était corroborée par la cuirasse d'argile qui recouvrait la partie visible de l'habit de M. Pickwick; et, comme le gros joufflu se rappela soudainement que l'eau n'avait nulle part plus de quatre pieds de profondeur, des prodiges de valeur furent accomplis pour délivrer le philosophe embourbé. Après bien des craquements, des éclaboussures, des plongeons, M. Pickwick fut, à la fin, tiré de sa désagréable situation et se retrouva sur la terre ferme.

      «Oh, mon Dieu! il va attraper un rhume épouvantable, s'écria Émily.

      – Pauvre chère âme! dit Arabelle. Enveloppez-vous dans mon châle, M. Pickwick.

      – C'est ce qu'il y a de mieux à faire, ajouta M. Wardle. Ensuite, courez à la maison, aussi vite que vous pourrez, et fourrez-vous dans votre lit sur-le-champ.»

      Une douzaine de châles furent offerts à l'instant, et M. Pickwick, ayant été emmailloté dans trois ou quatre des plus chauds, s'élança vers la maison, sous la conduite de Sam, offrant à ceux qui le rencontraient le singulier phénomène d'un homme âgé, ruisselant d'eau, la tête nue, les bras attachés au corps par un châle féminin et trottant sans aucun but apparent avec une vitesse de six bons milles à l'heure.

      Mais, dans une circonstance aussi grave, M. Pickwick ne se souciait guère des apparences. Soutenu par Sam, il continua à courir de toutes ses forces jusqu'à la porte de Manoir-Ferme, où M. Tupman, arrivé quelques minutes avant lui, avait déjà répandu la terreur. La vieille lady, saisie de palpitations violentes, se désolait, dans l'inébranlable conviction que le feu avait pris à la cheminée de la cuisine: genre de calamité qui se présentait toujours à son esprit sous les plus affreuses couleurs, lorsqu'elle voyait autour d'elle la moindre agitation.

      M. Pickwick, sans perdre un instant, se coucha bien chaudement dans son lit. Sam alluma dans sa chambre un feu d'enfer et lui apporta son dîner. Bientôt après, on monta un bol de punch, et il y eut des réjouissances générales en l'honneur de son heureux sauvetage. Le vieux Wardle ne voulut pas lui permettre de se lever; mais son lit fut promu aux fonctions de fauteuil de la présidence, et M. Pickwick, nommé président de la table. Un second, un troisième bol furent apportés, et le lendemain matin, quand le président s'éveilla, il ne ressentait aucun symptôme de rhumatisme. Ce qui prouve, comme le fit très-bien remarquer M. Bob Sawyer, qu'il n'y a rien de tel que le punch chaud dans des cas semblables, et que, si quelquefois le punch n'a pas produit l'effet désiré, c'est simplement parce que le patient était tombé dans l'erreur vulgaire de n'en pas prendre suffisamment.

      Le lendemain matin fut dissoute la joyeuse association que les fêtes de Noël avaient formée. Les collégiens qui se quittent en sent enchantés; mais plus tard, dans la vie du monde, ces séparations deviennent pénibles. La mort, l'intérêt, les changements de fortune divisent chaque jour d'heureux groupes, dont les membres, dispersés au loin, ne se rejoignent jamais. Nous ne voulons


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