Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II. Чарльз Диккенс

Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II - Чарльз Диккенс


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au jury.

      – Et si le verdict est contre moi?»

      M. Perker sourit, prit une très-longue prise de tabac, attisa le feu, leva les épaules, et garda un silence expressif.

      «Vous voulez dire que dans ce cas il faudra que je paye les dommages-intérêts?» reprit M. Pickwick, qui avait examiné avec un maintien sévère cette réponse télégraphique.

      Perker donna au feu une autre secousse fort peu nécessaire, en disant: «J'en ai peur.

      – Et moi, reprit M. Pickwick avec énergie, je vous annonce ici ma résolution inaltérable de ne payer aucun dommage quelconque, aucun, Perker. Pas une guinée, pas un penny de mon argent ne s'engouffrera dans les poches de Dodson et Fogg. Telle est ma détermination réfléchie, irrévocable. Et en parlant ainsi, M. Pickwick déchargea sur la table qui était auprès de lui un violent coup de poing, pour confirmer l'irrévocabilité de ses intentions.

      – Très-bien, mon cher monsieur; très-bien: vous savez mieux que personne ce que vous avez à faire.

      – Sans aucun doute, reprit notre héros avec vivacité. Où demeure maître Snubbin?

      – Dans Old-Square, Lincoln's Inn.

      – Je désirerais le voir.

      – Voir maître Snubbin! mon cher monsieur, s'écria M. Perker, dans le plus grand étonnement. Poh! Poh! impossible! Voir maître Snubbin! Dieu vous bénisse, mon cher monsieur, on n'a jamais entendu parler d'une chose semblable. Cela ne peut absolument pas se faire, à moins d'avoir payé d'avance des honoraires de consultation, et d'avoir obtenu un rendez-vous.

      Malgré tout cela, M. Pickwick avait décidé, non-seulement que cela pouvait se faire, mais que cela se ferait; et, en conséquence, dix minutes après avoir reçu l'assurance que la chose était impossible, il fut conduit par son avoué dans le cabinet extérieur de l'illustre maître Snubbin.

      C'était une pièce assez grande, mais sans tapis. Auprès du feu était une table couverte d'une serge, qui depuis longtemps avait perdu toute prétention à son ancienne couleur verte, et qui, grâces à l'âge et à la poussière, était graduellement devenue grise, excepté dans les endroits nombreux où elle était noircie d'encre. On voyait sur la table une énorme quantité de petits paquets de papier, attachés avec de la ficelle rouge; et, derrière la table, un clerc assez âgé, dont l'apparence soignée et la pesante chaîne d'or accusaient clairement la clientèle étendue et lucrative de maître Snubbin.

      «Le patron est-il dans son cabinet, monsieur Mallard, demanda Perker au vieux clerc, en lui offrant sa tabatière, avec toute la courtoisie imaginable.

      – Oui, mais il est trop occupé. Voyez-vous toutes ces affaires? Il n'a pu encore donner d'opinion sur aucune d'elles, et cependant les honoraires d'expédition sont payés pour toutes.»

      Le clerc sourit en disant ceci, et respira sa prise de tabac avec une sensualité qui semblait être composée de goût pour le tabac et d'amour pour les honoraires.

      «Ça ressemble à de la clientèle, cela, dit Perker.

      – Oui, répondit le clerc, en offrant à son tour sa boîte, avec la plus grande cordialité; et le meilleur de l'affaire c'est que personne au monde, excepté moi, ne peut lire l'écriture du patron. Si bien que, quand il a donné son opinion, on est obligé d'attendre que je l'aie copiée, hé! hé! hé!

      – Ce qui profite à quelqu'un aussi bien qu'à maître Snubbin, et contribue à vider la bourse du client, ha! ha! ha!»

      À cette observation, le clerc recommença à rire; non pas d'un rire bruyant et ouvert, mais d'un ricanement silencieux, intérieur, qui faisait mal à M. Pickwick. Quand un homme saigne intérieurement, c'est une chose fort dangereuse pour lui; mais quand il rit intérieurement, cela ne présage rien de bon pour les autres.

      «Est-ce que vous n'avez pas fait la petite note des honoraires que je vous dois? reprit Perker.

      – Non; pas encore.

      – Faites-la donc, je vous en prie. Je vous enverrai un mandat. Mais vous êtes trop occupé à empocher l'argent comptant pour penser à vos débiteurs, hé! hé! hé!»

      Cette plaisanterie parut chatouiller agréablement le clerc, et il se régala sur nouveaux frais de son ricanement égoïste.

      «Maintenant M. Mallard, mon cher ami, dit M. Perker en recouvrant tout d'un coup sa gravité, et en tirant par le revers de son habit le grand clerc du grand avocat, dans un coin de la chambre, il faut que vous persuadiez au patron de me recevoir avec mon client que voilà.

      – Allons! allons! en voilà une bonne! voir maître Snubbin? C'est par trop absurde!»

      Malgré l'absurdité de la proposition, le clerc se laissa doucement emmener hors de l'ouïe de M. Pickwick, puis après quelques chuchotements, il disparut dans le sanctuaire du luminaire de la justice. Il en revint bientôt sur la pointe du pied et informa M. Perker et M. Pickwick qu'il avait décidé maître Snubbin à les admettre sur-le-champ, en violation de toutes les règles établies.

      Maître Snubbin, suivant la phrase reçue, pouvait avoir une cinquantaine d'années. C'était un de ces individus pâles, maigres, desséchés, dont la figure ressemble à une lanterne de corne. Il avait des yeux ronds, saillants, ternes comme on en rencontre ordinairement dans la tête des gens qui se sont appliqués pendant de longues années à de laborieuses et monotones études; des yeux qui l'auraient fait reconnaître pour myope quand même on n'aurait pas vu le lorgnon qui se dandinait sur sa poitrine, au bout d'un large ruban noir. Ses cheveux étaient rares et grêles, ce qu'on pouvait attribuer en partie à ce qu'il n'avait jamais sacrifié beaucoup de temps à leur arrangement, mais surtout à ce qu'il avait porté pendant vingt-cinq ans la perruque légale, que l'on voyait derrière lui, sur une tête à perruque. Les traces de poudre qui souillaient son collet, la cravate de batiste mal blanchie et plus mal attachée, qui entourait son cou, indiquaient que, depuis qu'il avait quitté la cour, il n'avait pas eu le temps de faire le moindre changement dans sa toilette; et l'air malpropre du reste de son costume, donnait lieu de croire qu'il aurait pu avoir tout le temps désirable, sans que sa tournure en fût améliorée. Des livres de droit, des monceaux de papiers, des lettres ouvertes, étaient répandus sur la table, sans aucune apparence d'ordre. L'ameublement était vieux et délabré, les portes de la bibliothèque semblaient vermoulues; à chaque pas la poussière s'élevait en petits nuages du tapis râpé; les rideaux étaient jaunis par l'âge et par la fumée, et l'état de toutes choses, dans le cabinet, prouvait, clair comme le jour, que maître Snubbin était trop absorbé par sa profession pour faire attention à ses aises.

      L'illustre avocat s'occupait à écrire, lorsque ses clients entrèrent; il salua d'un air distrait, quand M. Pickwick lui fut présenté par son avoué, fit signe à ses visiteurs de s'asseoir, plaça soigneusement sa plume dans son encrier, croisa sa jambe gauche sur sa jambe droite, et attendit qu'on lui adressât la parole.

      «Maître Snubbin, dit M. Perker, M. Pickwick est le défendeur dans Bardell et Pickwick.

      – Est-ce que je suis retenu pour cette affaire-là?

      – Oui, monsieur.»

      L'avocat inclina la tête, et attendit une autre communication.

      «Maître Snubbin, reprit le petit avoué, M. Pickwick avait le plus vif désir de vous voir, avant que vous entrepreniez sa cause, pour vous assurer qu'il n'y a aucun fondement, aucun prétexte à l'action intentée contre lui, et pour vous affirmer qu'il ne paraîtrait pas devant la cour, si sa conscience n'était pas complètement tranquille en résistant aux demandes de la plaignante. – Ai-je bien exprimé votre pensée, mon cher monsieur? continua le petit homme en se tournant vers M. Pickwick.

      – Parfaitement.»

      Maître Snubbin développa son lorgnon, l'éleva à la hauteur de ses yeux, et après avoir considéré notre héros pendant quelques secondes, avec une grande curiosité, se tourna vers M. Perker, et lui dit en souriant légèrement:

      «La cause de M. Pickwick est-elle bonne?»

      L'avoué


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