Quentin Durward. Вальтер Скотт

Quentin Durward - Вальтер Скотт


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ces deux braves gens, malgré l'excellence et la variété de leurs talens, très-rares chez les personnes de leur profession, étaient peut-être plus cordialement détestés que ne le fut jamais aucune créature de leur espèce, avant ou après eux, de quiconque les connaissait: il ne restait qu'un doute; c'était de savoir lequel était le plus redouté ou le plus abhorré, du grave et pathétique Trois-Échelles, ou du comique et alerte Petit-André. Il est sûr qu'ils remportaient la palme à ces deux égards sur tous les bourreaux de la France, si l'on en excepte peut-être leur maître Tristan l'Ermite, le fameux grand prévôt, ou le maître de celui-ci, Louis XI.

      Il ne faut pas supposer que ces réflexions occupassent en ce moment Quentin Durward. La vie, la mort, le temps, l'éternité, étaient en même temps devant ses yeux: perspective accablante qui fait frémir la faiblesse de la nature humaine, même quand l'orgueil cherche à la braver. Il s'adressait au Dieu de ses pères; et pendant ce temps la petite chapelle ruinée où avaient été déposés les restes de toute sa famille, dont il était le seul reste, se présenta à son imagination.

      – Nos ennemis féodaux, pensa-t-il, nous ont accordé une sépulture dans notre domaine, et il faut que je serve de pâture aux corneilles et aux corbeaux dans un pays étranger, comme un félon excommunié!

      Cette pensée lui tira quelques larmes des yeux. Trois-Échelles, lui frappant doucement sur l'épaule, le félicita de ce qu'il se trouvait dans de si heureuses dispositions pour mourir, en s'écriant d'une voix pathétique, beati qui in Domino moriuntur! il ajouta qu'il était heureux pour l'âme de quitter le corps pendant qu'on avait la larme à l'œil. Petit-André, lui touchant l'autre épaule, lui dit: – Courage, mon cher enfant; puisqu'il faut que vous entriez en danse, ouvrez le bal gaiement, car les instrumens sont d'accord. Et il secoua sa corde en même temps pour faire ressortir le sel de sa plaisanterie. Comme le jeune homme tournait un regard de désolation d'abord sur l'un et ensuite sur l'autre, ils se firent entendre plus clairement en le poussant vers l'arbre fatal, et en lui disant de prendre courage, attendu que tout serait terminé dans un instant.

      Dans cette fâcheuse situation, le jeune homme jeta autour de lui un regard de désespoir! – Y a-t-il ici quelque bon chrétien qui m'entende, s'écria-t-il, et qui veuille dire à Ludovic Lesly, archer de la garde écossaise, surnommé en ce pays le Balafré, que son neveu pérît indignement assassiné?

      Ces mots furent prononcés à propos; car un archer de la garde écossaise, passant par hasard, avait été attiré par les apprêts de l'exécution, et s'était arrêté avec deux ou trois autres personnes pour voir ce qui se passait.

      – Prenez garde à ce que vous faites! cria-t-il aux exécuteurs; car, si ce jeune homme est Écossais, je ne souffrirai pas qu'il soit mis à mort injustement.

      – à Dieu ne plaise, sire cavalier! répondit Trois-Échelles; mais il faut que nous exécutions nos ordres. Et il tira Durward par un bras pour le faire avancer.

      – La pièce la plus courte est toujours la meilleure, ajouta Petit-André en le tirant par l'autre.

      Mais Quentin venait d'entendre des paroles d'espérance; et, réunissant toutes ses forces, il se débarrassa, par un effort soudain, de ses deux satellites, et courant vers l'archer les bras encore liés: – Secourez-moi, mon compatriote, lui dit-il en Écossais, secourez-moi, pour l'amour de l'écosse et de saint André! Je suis innocent; je suis votre concitoyen; secourez-moi, au nom de toutes vos espérances au jour du dernier jugement!

      – Par saint André! ils ne vous atteindront qu'à travers mon corps, répondit l'archer en tirant son sabre.

      – Coupez mes liens, mon compatriote, s'écria Quentin, et je ferai quelque chose pour moi-même.

      Le sabre de l'archer lui rendit l'usage des mains en un instant, et le captif libéré, s'élançant à l'improviste sur un des gardes du grand prévôt, lui arracha la hallebarde dont il était armé.

      – Maintenant, s'écria-t-il, avancez si vous l'osez!

      Les deux exécuteurs se parlèrent un instant à voix basse.

      – Cours après le grand prévôt, dit Trois-Échelles, et je les retiendrai ici, si je le puis. – Soldats de la garde du grand prévôt, à vos armes!

      Petit-André monta à cheval, et partit au grand galop, tandis que les soldats, dociles au commandement de Trois-Échelles, se mirent en ordre de bataille avec tant de précipitation, qu'ils laissèrent échapper les deux autres prisonniers. Peut-être ne mettaient-ils pas beaucoup d'empressement à les garder; car, depuis quelque temps, ils avaient été rassasiés du sang de bien des victimes semblables; et, de même que les autres animaux féroces, ils s'étaient lassés de carnage à force de massacres. Mais ils alléguèrent, pour se justifier, qu'ils s'étaient crus appelés immédiatement à la sûreté de Trois-Échelles; car il existait une jalousie qui conduisait souvent à des querelles ouvertes entre les archers de la garde écossaise et les soldats de la garde prévôtale.

      – Nous sommes en état de battre ces deux fiers Écossais, si vous le voulez, dit un de ces soldats à Trois-Échelles.

      Mais ce personnage officiel fut assez prudent pour lui faire signe de rester en repos; et, s'adressant à l'archer Écossais avec beaucoup de civilité: – Monsieur, lui dit-il, c'est une insulte grave au grand prévôt, que d'oser interrompre ainsi le cours de la justice du roi, dont l'exécution lui est dûment et légalement confiée; c'est un acte d'injustice envers moi qui suis en possession légitime de mon criminel; et ce n'est pas une charité bien entendue pour ce jeune homme lui-même, attendu qu'il peut être exposé cinquante fois à être pendu, sans s'y trouver jamais aussi-bien disposé qu'il l'était avant votre intervention malavisée.

      – Si mon jeune compatriote, répondit l'archer en souriant, pense que je lui aie fait tort, je le remettrai entre vos mains sans discuter davantage.

      – Non, pour l'amour du ciel! non! s'écria Quentin; abattez-moi plutôt la tête avec votre sabre. Cette mort serait plus convenable à ma naissance que celle que je recevrais des mains de ce misérable.

      – Entendez-vous comme il blasphème? dit l'exécuteur des sentences de la loi. Hélas! comme nos meilleures résolutions s'évanouissent promptement! Il n'y a qu'un instant, il était dans les plus belles dispositions pour une bonne fin, et maintenant le voilà qui méprise les autorités!

      – Mais apprenez-moi donc ce qu'a fait ce jeune homme, demanda l'archer.

      – Il a osé, répondit Trois-Échelles, couper la corde qui suspendait le corps d'un criminel aux branches de cet arbre, quoique j'eusse gravé moi-même sur le tronc la fleur de lis.

      – Que veut dire ceci, jeune homme? dit l'archer. Pourquoi avez-vous commis un tel délit?

      – Par la protection que j'attends de vous, je jure de vous dire la vérité comme si j'étais à confesse, répondit Durward. J'ai vu un homme pendu à cet arbre, dans les convulsions de l'agonie, et j'ai coupé la corde par pure humanité. Je n'ai pensé ni à fleurs de lis, ni à fleurs de giroflée, et je n'ai pas eu plus d'idée d'offenser le roi de France que notre saint père le pape.

      – Et que diable aviez-vous besoin de toucher à ce pendu? reprit l'archer. Vous n'avez qu'à suivre les pas de ce digne personnage, et vous en verrez accrochés à tous les arbres comme des grappes de raisin, vous ne manquerez pas d'ouvrage dans ce pays, si vous allez glaner après le bourreau. Néanmoins, je n'abandonnerai pas un compatriote, si je puis le sauver. écoutez-moi, monsieur l'exécuteur des hautes œuvres, vous voyez que tout ceci n'est qu'une méprise. Vous devriez avoir quelque compassion pour un voyageur si jeune. Il n'a point été accoutumé dans notre pays à voir rendre la justice d'une manière aussi expéditive que vous et votre maître la rendez.

      – Ce n'est pas que vous n'en ayez bon besoin, monsieur l'archer, répondit Petit-André qui arrivait en ce moment. Tiens ferme, Trois-Échelles! voici le grand prévôt qui vient; nous allons voir s'il trouvera bon qu'on lui retire son ouvrage des mains, avant qu'il soit achevé.

      – Et voici fort à propos, dit l'archer, quelques-uns de mes camarades qui arrivent.

      Effectivement,


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