Moll Flanders. Defoe Daniel
moins, par manière d'amende honorable, que de lui dire que j'étais prête à partir avec lui pour la Virginie afin d'y vivre.
Il me dit mille choses charmantes au sujet de la grâce que je mettais à lui faire cette proposition. Il me dit que, bien qu'il eût été désappointé par ses espérances de fortune, il n'avait pas été désappointé par sa femme, et que j'étais pour lui tout ce que peut être une femme, mais que cette offre était plus charmante qu'il n'était capable d'exprimer.
Pour couper court, nous nous décidâmes à partir. Il me dit qu'il avait là-bas une très bonne maison, bien garnie, où vivait sa mère, avec une sœur, qui étaient tous les parents qu'il avait; et qu'aussitôt son arrivée, elles iraient habiter une autre maison qui appartenait à sa mère sa vie durant, et qui lui reviendrait, à lui, plus tard, de sorte que j'aurais toute la maison à moi, et je trouvai tout justement comme il disait.
Nous mîmes à bord du vaisseau, où nous nous embarquâmes, une grande quantité de bons meubles pour notre maison, avec des provisions de linge et autres nécessités, et une bonne cargaison de vente, et nous voilà partis.
Je ne rendrai point compte de la manière de notre voyage, qui fut longue et pleine de dangers, mais serait hors propos; je ne tins pas de journal, ni mon mari; tout ce que je puis dire, c'est qu'après un terrible passage, deux fois épouvantés par d'affreuses tempêtes, et une fois par une chose encore plus terrible, je veux dire un pirate, qui nous aborda et nous ôta presque toutes nos provisions et, ce qui aurait été le comble de mon malheur, ils m'avaient pris mon mari, mais par supplications se laissèrent fléchir et le rendirent; je dis, après toutes ces choses terribles, nous arrivâmes à la rivière d'York, en Virginie, et, venant à notre plantation, nous fûmes reçus par la mère de mon mari avec toute la tendresse et l'affection qu'on peut s'imaginer.
Nous vécûmes là tous ensemble: ma belle-mère, sur ma demande, continuant à habiter dans la maison, car c'était une trop bonne mère pour qu'on se séparât d'elle; et mon mari d'abord resta le même; et je me croyais la créature la plus heureuse qui fût en vie, quand un événement étrange et surprenant mit fin à toute cette félicité en un moment et rendit ma condition la plus incommode du monde.
Ma mère était une vieille femme extraordinairement gaie et pleine de bonne humeur, je puis bien dire vieille, car son fils avait plus de trente ans; elle était de bonne compagnie, dis-je, agréable, et m'entretenait en privé d'abondance d'histoires pour me divertir, autant sur la contrée où nous étions que sur les habitants.
Et, entre autres, elle me disait souvent comment la plus grande partie de ceux qui vivaient dans cette colonie y étaient venus d'Angleterre dans une condition fort basse, et qu'en général il y avait deux classes: en premier lieu, tels qui étaient transportés par des maîtres de vaisseau pour être vendus comme serviteurs; ou, en second lieu, tels qui sont déportés après avoir été reconnus coupables de crimes qui méritent la mort.
– Quand ils arrivent ici, dit-elle, nous ne faisons pas de différence: les planteurs les achètent, et ils vont travailler tous ensemble aux champs jusqu'à ce que leur temps soit fini; quand il est expiré, dit-elle, on leur donne des encouragements à seule fin qu'ils plantent eux-mêmes, car le gouvernement leur alloue un certain nombre d'acres de terre, et ils se mettent au travail pour déblayer et défricher le terrain, puis pour le planter de tabac et de blé, à leur propre usage; et comme les marchands leur confient outils et le nécessaire sur le crédit de leur récolte, avant qu'elle soit poussée, ils plantent chaque année un peu plus que l'année d'auparavant, et ainsi achètent ce qu'ils veulent avec la moisson qu'ils ont en perspective. Et voilà comment, mon enfant, dit-elle, maint gibier de Newgate devient un personnage considérable; et nous avons, continua-t-elle, plusieurs juges de paix, officiers des milices et magistrats des cités qui ont eu la main marquée au fer rouge.
Elle allait continuer cette partie de son histoire, quand le propre rôle qu'elle y jouait l'interrompit; et, avec une confiance pleine de bonne humeur, elle me dit qu'elle-même faisait partie de la seconde classe d'habitants, qu'elle avait été embarquée ouvertement, s'étant aventurée trop loin dans un cas particulier, d'où elle était devenue criminelle.
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