Aristophane; Traduction nouvelle, tome second. Аристофан
le sang de la chamelle, Khæréphôn, la Chauve-Souris.
La ville de Néphélokokkygia s'offre à nos regards: nous y venons en députation… Holà! toi, que fais-tu? Tu places ton manteau sur la gauche? Tu ne le jettes pas à droite? Quoi donc, malheureux? Tu es du tempérament de Læspodias. O démocratie, à quoi nous as-tu réduits, puisque les dieux ont choisi un pareil représentant?
Tiens-toi tranquille.
Foin de toi! C'est toi que j'ai vu de beaucoup le plus barbare de tous les dieux. Voyons, que ferons-nous, Hèraklès?
Tu m'as entendu dire que je veux étrangler l'homme qui a ainsi bloqué les dieux.
Mais, mon bon, nous avons été choisis comme députés pour négocier.
J'ai doublement envie de t'étrangler.
Donne-moi la râpe au fromage; apporte du silphion; qu'on apporte du fromage; ranime les charbons.
Homme, nous sommes trois dieux, ici présents, qui t'adressons nos saluts.
Je racle le silphion.
Quelles sont ces viandes?
Celles de quelques oiseaux coupables de soulèvement illégal contre les oiseaux amis du peuple.
Et tu racles ton silphion avant de nous répondre?
Ah! salut, Hèraklès. Qu'y a-t-il?
Nous venons, envoyés par les dieux, pour négocier au sujet de la guerre.
Il n'y a pas d'huile dans la lékythe.
Il faut cependant que les oiseaux soient bien marinés.
Nous, nous ne retirons de la guerre aucun profit; vous, si vous devenez amis de nous autres dieux, vous aurez de l'eau du ciel dans les citernes et vous passerez constamment des jours faits pour les alcyons. C'est pour tout cela que nous venons, munis de pleins pouvoirs.
Jamais, au grand jamais, nous n'avons commencé la guerre contre vous, et maintenant nous voulons, de bon coeur, si vous voulez aussi faire ce qui est juste, entrer en accommodement. Or voici ce qui est juste: que Zeus rende le sceptre à nous autres oiseaux. Alors les arrangements sont conclus; après quoi, j'invite les envoyés à dîner.
Pour moi, cela me suffit, et j'y consens.
Comment, malheureux? Tu es un niais et un goinfre: tu dépouilles ton père de sa toute-puissance.
Vraiment? Mais vous, les dieux, ne serez-vous pas plus forts si les oiseaux règnent ici-bas? Aujourd'hui, cachés sous les nuages, les mortels échappent à vos yeux et parjurent votre nom. Quand vous aurez les oiseaux pour alliés, si quelqu'un jure par le corbeau et par Zeus, le corbeau volera furtivement sur le parjure et lui crèvera l'oeil à coups de bec.
Par Poséidôn! voilà qui est bien dit.
C'est aussi mon avis.
Et toi, que t'en semble?
Nabaisatreu.
Vois-tu? Il approuve aussi. Écoutez encore un autre bien que nous vous ferons. Si un homme, après avoir voué un sacrifice à quelque dieu, s'y soustrait en disant: «Les dieux peuvent attendre,» et s'y refuse par avarice, nous punirons également cette conduite.
Voyons, de quelle manière?
Lorsque cet homme sera à compter son argent, ou assis dans un bain, un milan fondra lui dérober en secret le prix de deux brebis, et le portera au dieu.
Je vote encore pour que le sceptre leur soit rendu.
Demande maintenant au Triballe.
Triballe, es-tu d'avis de gémir?
Saunaka Baktarikrousa.
Il dit que c'est très bien parler.
Si c'est là votre avis à tous deux, c'est aussi le mien.
Eh bien! nous sommes d'accord pour ce qui est du sceptre.
Et, de par Zeus! il y a une autre condition, dont je me souviens, moi; je laisse Hèra à Zeus, mais il faut qu'on me donne pour femme la jeune Basiléia.
Tu n'as pas envie de faire la paix. Retournons chez nous.
Je n'en ai cure. Cuisinier, il faut nous faire un bon coulis.
Être singulier, Poséidôn, où vas-vu? Ferons-nous la guerre pour une femme?
Que devons-nous faire?
Quoi? Négocions.
Hé, malheureux! ne vois-tu pas qu'on te trompe depuis longtemps? Tu te ruines toi-même. Car si Zeus meurt, après leur avoir donné l'empire, te voilà dans la pauvreté: c'est à toi que sont tous les biens que Zeus laisserait en mourant.
O malheur! Comme on t'en fait accroire! Viens ici à l'écart, que je te parle. Ton oncle te trompe, pauvre garçon. Des biens paternels il ne te revient pas une obole: c'est la loi: tu es bâtard et non fils légitime.
Moi bâtard? Que dis-tu?
Sans doute, de par Zeus! puisque tu es né d'une femme étrangère. Et comment crois-tu qu'Athèna fût son héritière, elle sa fille, si elle avait des frères légitimes?
Mais si mon père voulait me donner ses biens en mourant, à moi bâtard?
La loi ne le lui permet pas. Et ce Poséidôn même, qui t'excite maintenant, serait le premier à te disputer l'héritage des biens paternels, en disant qu'il est frère légitime. Je vais te dire la loi de Solôn: «Le bâtard est exclu de la succession, s'il y a des enfants légitimes, et, s'il n'y a pas d'enfants légitimes, les biens passent aux plus proches parents.»
Et moi je n'ai rien de la fortune paternelle?
Rien, de par Zeus! Mais, dis-moi, ton père t'a-t-il fait inscrire sur le registre de ta phratrie?
Pas le moins du monde; et, en vérité, il y a longtemps que je m'en étonnais.
Mais pourquoi cette bouche en l'air et ce regard de travers? Si tu te mets avec nous, je te ferai roi, et je te donnerai à boire le lait des oiseaux.
Ta seconde condition me paraît juste; et la jeune fille, je te la donne, à toi.
Que dis-tu?
Je m'y oppose.
Toute l'affaire dépend du Triballe. (Au Triballe.) Qu'en dis-tu?
Beau jeune fille et grand Basilina à oiseau je donne.
Il dit qu'il l'accorde.
De