Tess, Le Réveil. Andres Mann

Tess, Le Réveil - Andres Mann


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embrassa la salle du regard. Le maître des lieux a clairement été influencé par les Britanniques quand il a bâti cet endroit, pensa-t-elle. La pièce était décorée de boiseries et de meubles cossus et les fenêtres de brocart, légèrement fané. La pièce n'avait rien d'exotique.

      Â« Aimez-vous ma maison ? » Le général était soudainement apparu. Il avait troqué son uniforme pour un costume magnifiquement taillé sur mesure, Savile Row fort probablement.

      Tess décidé de se prêter au jeu. « C’est une belle maison, décorée avec goût. Est-elle ancienne ? »

      Le général sembla content que Tess paraisse intéressée. « Près de cent cinquante ans. C'est mon arrière grand-père qui l'a construite. Il a passé la plus grande partie de son temps à l’étranger. Il était un diplomate de l'Empire Ottoman puis il a poursuivi à un poste similaire après qu'un général britannique ait tiré un trait sur une carte et créé l'Irak en 1922. Il a vécu longtemps en Angleterre. Il a beaucoup aimé ; un pays très civilisé, avec de claires distinctions de classes. Pas de confusion. »

      Tess décida de taire son opinion sur le système de classes pour le moment. « Très intéressant », dit-elle sans grande conviction.

      Le général se rendit vers une armoire sculptée et en ouvrit une porte, révélant un bar bien approvisionné. « Voudriez-vous un cocktail ? » il demanda avec sollicitude.

      Tess était surprise. « Les Musulmans ne sont-ils pas interdits d'alcool ?

      â€” Certains d'entre nous observent une certaine flexibilité. »

      'J'aurais bien besoin d'un verre,' pensa Tess, 'mais je ferais mieux de m'en abstenir. Je suis la mouche et l’araignée me tisse la toile...'

      Â« Non. Merci, Général. Je suis fatiguée. » 'Je n'arrive pas à croire que je suis en train de dire merci à cet homme,' pensa-t-elle.

      Â« Amir, je vous prie. Appelez-moi Amir, » offrit-il.

      'Je ne peux pas faire ça,' pensa Tess. « Général, je suis un prisonnier de guerre. Je m'en tiendrai au protocole. Je vous respecterai et j'attendrai le même traitement de votre part. »

      Le général offrit un sourire oblique. « Bien sûr, mais que cela ne nous empêche pas d'apprécier ce dîner, d'accord ? » Tess préféra garder le silence.

      Â« Je n'aime pas boire seul, je vous verse un verre de vin blanc léger, à moins que vous ne préfériez un apéritif ? » Amir ouvrit cérémonieusement les bras vers les bouteilles de l'armoire, comme s'il présentait un cadeau. Tess vit qu'il ne se découragerait pas et accepta le verre de vin.

      Amir l'invita à prendre place sur un canapé pendant qu'il lui versait un verre. « Les vêtements de ma jeune sœur vous vont à merveille. Elle vous ressemble beaucoup ; très belle. Elle a de grands yeux noirs, les vôtres sont verts. Et une longue chevelure noire luxuriante alors que vous êtes blonde ; un vrai crime de les porter si courts. Mais peu importe. Je sais apprécier la beauté féminine sous toutes ses formes. »

      Tess prit une gorgée du verre, éludant le compliment. C'était un excellent Sauvignon blanc. L’homme avait du goût. Le général s'approcha. « Commandant, puis-je vous appeler Tess ? »

      'Comment diable savait-il que les gens m'appellent Tess?' Ses ravisseurs avaient du entendre ses hommes utiliser son nom.

      Â« Ma sœur n'a jamais aimé vivre ici. Elle avait l'impression d'étouffer. Peut-être corrompue par son éducation suivie en Suisse.

      â€” Corrompue ?

      â€” Le terme est peut-être un peu fort. Le général eut un léger sourire. Peut-être suis-je personnellement responsable d'avoir encouragé une éducation occidentale. Elle est, après tout, issue d'une grande famille et deviendra une grande dame. Très utile lorsque viendra le temps de former une alliance avec une autre grande famille. Presque machinalement, il ajouta : J'ai été à la tête de la tribu depuis la mort de mon père, j'ai beaucoup de responsabilités. Encore une fois, Tess décida de garder ses vues sur les dynasties et les mariages arrangés pour elle.

      â€” Qu’en est-il de votre femme ? demanda-t-elle.

      â€” Elle est à Paris avec ma sœur. J'ai pensé qu'elles feraient mieux d'y attendre la fin de la guerre. Au cas où vous vous posez des questions, ma femme n'est rien pour moi. Nous nous sommes rencontrés le jour de notre mariage et n'avons jamais porté beaucoup d'affection l'un pour l'autre. »

      'Je vois où cela va mener,' pensa Tess.

      Â« C'est triste de vivre sans quelqu'un à aimer, et c'est pourtant ce que vous réservez à votre sœur. »

      Amir s’assit en face d'elle, les yeux rivés sur la peau laiteuse de la poitrine de Tess.

      Â« Nous sommes une famille distinguée. Nous nous devons de maintenir notre rang dans la société. Et devons faire quelques sacrifices quand c'est nécessaire. » Après une brève pause : « Cela n'a pas d'importance, ce n'est pas la compagnie qui me manque. J’ai des maîtresses splendides en Europe, en particulier à Londres. Les dames savent apprécier les vrais hommes qui peuvent se permettre de les traiter comme des reines. » Tess commençait à se voir comme l'héroïne des Perils of Pauline, ligotée aux rails et attendant le train qui lui roulerait dessus. Nous y voilà !

      Amir fixait la beauté splendide de ses yeux. Il avait peine à concevoir qu'une telle créature pilote des avions et aille au champ de bataille, ou que des soldats, des hommes, puissent se soumettre à ce commandant qui devait certainement mieux servir ses dirigeants dans un lit. Il avait du mal à contrôler son désir, à ne pas se saisir d'elle de force, ici et maintenant. « Aucune de mes compagnes n'arrive à votre hauteur, Tess. J'aimerais beaucoup jouir de vous et vous donner plus de plaisir que vous ne pouvez en imaginer. » Tess sentit son humeur se mettre en ébullition.

      Â« Général, vous êtes un homme charmant mais je ne peux pas être une de vos compagnes, ni même votre seule compagne, en tout état de cause. Je suis un officier américain et un prisonnier. Nous sommes au milieu d'une guerre, et ce n'est vraiment pas idéal pour une histoire d'amour. » Tess était à court d'idées.

      Amir appréciait ses tentatives de dérobade. Il aimait qu'elle résiste. Il n'appréciait pas les femmes passives. En parfait prédateur, il avait goût pour la chasse. Cela rendait la conquête d'autant plus savoureuse.

      Â« Tess, les guerres sont des événements éphémères. À l'exception de la guerre lancée par les Américains en Afghanistan, elles ne durent aujourd'hui guère longtemps. Pourquoi être ennemis quand nous pouvons être amants ? Je suis riche et puissant, et un homme très passionné. Je peux vous montrer le monde tel que vous ne l'aviez jamais imaginé. Au lieu d'une tente poussiéreuse au milieu de désert, vous pourriez vivre dans un château en France. Vous pourriez avoir votre propre avion à Paris, aller à l'Opéra à Monte-Carlo avec vue sur votre propre yacht amarré dans la baie. »

      Tess se leva. « C'est ce que vous avez promis à Kejal ? »

      Le général posa son verre. « Elle et sa famille sont des traîtres ! Elle devrait être reconnaissante d'être encore en vie ! »

      Tess pointa en direction des appartements de sa sœur. « Elle n'a pas l'air très reconnaissante de l'être ! Que lui avez-vous fait ? »

      Amir lui lança


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