Un Prix de Courage . Морган Райс

Un Prix de Courage  - Морган Райс


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bien même, tu as sauvé notre sœur et nous t’en sommes éternellement reconnaissants, dit Kendrick.

      Steffen secoua la tête.

      – La dette que je lui dois est bien plus grande, répondit-il.

      Gwen étouffa un sanglot.

      – Argon nous a sauvés tous les deux, conclut-elle.

      Le visage de Kendrick s’assombrit.

      – Je te vengerai, dit-il.

      – Ce n’est pas pour moi que je m’inquiète, dit-elle. C’est pour la cité… notre peuple… Silesia… Andronicus… Il va passer à l’attaque…

      Godfrey lui tapota la main.

      – Ne t’inquiète pas pour ça, dit-il en faisant un pas vers elle. Repose-toi. Laisse-nous discuter de ces choses-là. Tu es en sécurité maintenant.

      Gwen sentit ses paupières tomber. Elle ne savait plus si elle rêvait ou si c’était la réalité.

      – Elle a besoin de dormir, dit Illepra en s’avançant d’un air protecteur.

      Gwendolyn entendit vaguement leur conversation : ses paupières de plus en plus lourdes, elle dériva lentement entre la brume du sommeil. Des images de Thor et de son père traversèrent son esprit. Elle commençait à avoir du mal à distinguer la réalité du rêve. La conversation de ses compagnons ne lui parvenait que par bribes.

      – Ses blessures sont-elles sérieuses ? demanda une voix qui appartenait sans doute à Kendrick.

      Gwen sentit la main de Illepra caresser son front. Les derniers mots qu’elle entendit furent la réponse de la guérisseuse :

      – Les blessures de son corps sont bénignes, mon seigneur. Ce sont les blessures de l’esprit qui sont profondes.

*

      Quand Gwen s’éveilla à nouveau, ce fut au son crépitant du feu. Elle n’aurait su dire combien de temps elle avait dormi. Elle cligna des yeux plusieurs fois en regardant autour d’elle. La foule s’était dispersée. Seuls restaient Steffen, assis à son chevet, Illepra, qui enduisait son poignet de pommade, et une autre personne. C’était un vieillard au visage doux, qui la contemplait avec inquiétude. Elle le reconnaissait vaguement, mais elle eut du mal à l’identifier. Elle se sentait fatiguée, si fatiguée, comme si elle n’avait pas dormi depuis des années.

      – Madame ? demanda le vieillard en se penchant vers elle.

      Il portait quelque chose dans ses mains. Elle réalisa que c’était un livre relié de cuir.

      – Je suis Aberthol, dit-il, votre vieux professeur. M’entendez-vous ?

      Gwen avala sa salive avec difficulté et hocha lentement la tête. Elle ouvrit à peine les yeux.

      – J’ai attendu des heures pour vous voir, dit-il. Je vous ai vu remuer.

      Gwen hocha la tête. Elle se souvenait maintenant et sa présence lui mettait du baume au cœur.

      Aberthol ouvrit son grand livre. Elle sentit son poids contre sa cuisse et entendit les lourdes pages craquer à mesure qu’il les tournait.

      – C’est un des ouvrages que j’ai réussi à sauver, expliqua-t-il, avant que la Maison des Érudits ne brûle. C’est la quatrième annale des MacGils. Vous l’avez lue. Elle narre bien des histories de conquêtes, de triomphes et de défaites, bien sûr… Mais il y a également d’autres histoires. Des histoires de grands chefs blessés. Des blessures du corps et des blessures de l’esprit. Tout ce que l’on peut imaginer, Madame. Et je suis venu vous dire ceci : même les meilleurs des hommes et des femmes ont souffert de manière inimaginable, de blessures ou de torture. Vous n’êtes pas la seule. Vous êtes un barreau sur la roue du temps. Bien d’autres ont survécu à de plus grandes souffrances. Nombre d’entre eux sont devenus de grands chefs. Ne soyez pas honteuse, dit-il en saisissant son poignet. Voilà ce que je viens vous dire. Ne soyez jamais honteuse. Il ne devrait y avoir aucune honte dans votre cœur, mais seulement de l’honneur et du courage pour ce que vous avez fait. Vous êtes un des plus grands souverains que l’Anneau a connus. Et ce qui vous arrive ne vous diminue en rien.

      Gwen, touchée par ces mots, sentit une larme couler le long de sa joue. C’était exactement ce qu’elle avait eu besoin d’entendre et elle était reconnaissance. Bien sûr, elle savait et comprenait qu’il avait raison.

      Cependant, elle avait bien du mal à le ressentir dans son cœur. Une partie d’elle ne pouvait s’empêcher de croire qu’elle était souillée pour toujours. Elle savait que ce n’était pas vrai, mais c’était ce qu’elle ressentait.

      Aberthol sourit et tira un livre plus petit.

      – Vous rappelez-vous celui-ci ? demanda-t-il en tournant la couverture de cuir rouge. C’était votre préféré quand vous étiez petite. Les légendes de nos pères. Il y a dans celui-ci une histoire que j’aimerais vous lire, pour vous aider à passer le temps.

      Gwen était touchée par son geste, mais elle ne pouvait plus le supporter. Elle secoua tristement la tête.

      – Merci, dit-elle d’une voix rauque comme une larme coulait à nouveau. Mais je ne peux pas l’écouter maintenant.

      La déception se lut sur son visage et il hocha la tête, compréhensif.

      – Une autre fois, dit-elle d’un air abattu. J’ai besoin d’être seule. S’il vous plaît, laissez-moi. Vous tous, ajouta-t-elle en se tournant vers Steffen et Illepra.

      Tous se levèrent et inclinèrent la tête, avant de quitter la pièce.

      Gwen se sentait coupable et ne pouvait se raisonner. Elle voulait se recroqueviller et mourir. Elle entendit leur pas quitter la chambre et la porte se refermer. Elle leva les yeux pour s’assurer qu’elle était seule.

      À sa grande surprise, ce n’était pas le cas. Une silhouette solitaire se tenait sur le seuil, droite, altière et parfaite, comme toujours. Elle marcha lentement et majestueusement vers Gwen, avant de s’arrêter à quelques pas de son lit, le visage inexpressif.

      Sa mère.

      Gwen était surprise de la voir là, l’ancienne reine, toujours aussi hautaine et fière, toujours aussi froide à l’égard de sa fille. Il n’y avait aucune trace de compassion dans ses yeux, contrairement aux regards de ses autres visiteurs.

      – Que fais-tu là ? demanda Gwen.

      – Je viens te rendre visite.

      – Je ne veux pas te voir, dit Gwen. Je ne veux voir personne.

      – Ce que tu veux ne m’intéresse pas, répondit sa mère pleine d’assurance. Je suis ta mère et j’ai le droit de te voir quand bon me chante.

      Gwen sentit sa vieille colère se réveiller : sa mère était vraiment la dernière personne qu’elle voulait voir… Mais elle la connaissait : sa mère ne partirait pas avant de lui avoir dit ce qu’elle voulait lui dire.

      – Parle dans ce cas, dit Gwendolyn. Parle et va-t-en et ne reviens plus.

      Sa mère soupira.

      – Tu ne le sais pas, dit-elle, mais quand j’étais jeune, ton âge à peu près, j’ai été agressée, comme toi.

      Gwen lui renvoya son regard, choquée. Elle n’en avait jamais rien su.

      – Ton père le savait, poursuivit sa mère, et cela ne le dérangeait pas. Il m’a épousée malgré tout. J’avais eu l’impression que ma vie était terminée, mais ce n’était pas le cas.

      Gwen ferma les yeux et une larme roula à nouveau au coin de son œil. Elle essaya de ne pas écouter. Elle ne voulait pas entendre l’histoire de sa mère. Il était trop tard pour qu’elle lui montre un peu de compassion. Sa mère pensait-elle vraiment qu’elle pouvait revenir après tant d’années difficiles et lui offrir une simple histoire pour que tout soit oublié ?

      – As-tu


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