L’ombre du mal . Блейк Пирс
remontant la petite allée qui menait à la maison, Sarah entendait déjà le rythme assourdi de la musique. Elle fut parcourue d’un sentiment de doute, mais le repoussa.
Dean frappa bruyamment à la porte d’entrée et attendit qu’on ouvre un à un les divers verrous. Finalement, la porte s’entrebâilla pour révéler un jeune homme au visage caché par une masse de longs cheveux emmêlés. Une puissante odeur de cannabis venue de la maison frappa Sarah, si inattendue qu’elle se mit à tousser. Le jeune homme aperçut Dean et le salua d’un coup de poing amical, avant d’ouvrir grand la porte pour les laisser entrer.
Lanie s’avança et Sarah lui emboîta le pas, restant juste derrière elle. L’entrée était séparée du reste de la maison par un grand rideau de velours rouge, rappelant un décor cliché de magicien. Le garçon aux cheveux longs referma la porte derrière eux tandis que Dean tirait le rideau et les guidait vers le salon.
Sarah fut choquée par ce qu’elle y vit. La pièce était remplie de canapés, fauteuils et poufs, et chacun accueillait un couple qui s’embrassait ou bien, dans certains cas, faisait beaucoup plus que cela. Toutes les filles semblaient avoir l’âge de Sarah, et la plupart semblaient sous l’emprise de la drogue. Quelques-unes avaient même l’air inconscientes, ce qui n’empêchait pas leurs partenaires, qui étaient tous plus âgés, de s’en donner à cœur joie. Le vague sentiment d’inquiétude qu’elle avait ressenti en approchant de la maison était de retour, mais cette fois beaucoup plus puissant.
Voilà un endroit où je n’ai aucune envie de rester.
L’air était parcouru des effluves de cannabis, et d’une odeur suave, plus forte, que Sarah ne reconnut pas. Comme à un signal, Dean tendit un joint à Lanie. Celle-ci tira profondément dessus avant de l’offrir à Sarah, qui refusa. Elle avait décidé qu’elle en avait assez de cet endroit qui ressemblait au décor d’un vieux film pornographique.
Elle sortit son portable pour commander un taxi Uber, mais elle n’avait toujours pas de réseau.
« Dean, cria-t-elle pour couvrir la musique, je dois appeler ma mère pour lui dire que je serai en retard, mais je n’ai pas de réseau. Tu as un fixe ?
— Bien sûr. Il y en a un dans ma chambre. Je te montre où c’est », dit-il en esquissant son large sourire chaleureux, avant de se tourner vers Lanie. « Ma poule, tu veux bien me prendre une bière à la cuisine ? C’est par là. »
Lanie hocha la tête et se dirigea où il l’avait indiqué. Dean fit signe à Sarah de le suivre dans un couloir. Elle ne savait pas pourquoi elle avait menti en disant devoir appeler sa mère. Quelque chose, dans cette situation, lui disait que si elle déclarait vouloir partir, ce ne serait pas bien reçu.
Dean ouvrit la porte au fond du couloir et s’effaça pour la laisser entrer. Elle regarda autour d’elle, sans apercevoir de téléphone fixe.
« Où est ton fixe ? » demanda-t-elle en se tournant vers Dean, en même temps que résonnait le bruit d’un verrou. Elle vit qu’il avait déjà tourné le verrou et qu’il attachait la chaînette en haut de la porte.
« Désolé », dit-il en haussant les épaules, tout en n’ayant pas du tout l’air désolé. « J’ai du le déplacer dans la cuisine. On dirait que j’ai oublié. »
Sarah essaya d’évaluer le degré d’agressivité dont elle devait faire preuve. Quelque chose de très grave se tramait. Elle était dans une chambre verrouillée, dans ce qui ressemblait fort à une maison close dans un coin scabreux de Little Armenia. Au vu des circonstances, il y avait peu d’intérêt à lui faire une remarque cinglante.
Fais l’ingénue. Joue la carte de la niaiserie. Sors d’ici au plus vite.
« C’est pas grave, dit-elle d’un ton joyeux. On a qu’à aller à la cuisine, alors. »
En prononçant ces mots, le bruit d’une chasse d’eau retentit. Elle se retourna pour voir s’ouvrir la porte de la salle de bains, révélant un énorme bonhomme d’origine latino-américaine, qui portait un t-shirt blanc duquel s’échappait une imposante bedaine poilue. Son crâne était rasé et il avait une longue barbe. Derrière lui, sur le sol en lino de la salle de bains, était étendue une fille qui devait avoir moins de quatorze ans. Elle ne portait qu’une culotte et semblait inconsciente.
Sarah sentit sa poitrine se contracter et sa respiration devenir superficielle. Elle s’efforça de cacher la panique croissante qui la submergeait.
« Sarah, je te présente Chiqy, dit Dean.
— Salut, Chiqy », dit-elle en s’obligeant à parler d’une voix calme. « Je suis désolée de couper court à ceci mais je vais me rendre à la cuisine pour passer un coup de fil. Dean, si tu veux bien déverrouiller la porte ? »
Elle avait décidé qu’au lieu d’essayer de trouver la cuisine, où elle doutait de trouver un téléphone fixe de toute façon, elle irait droit vers la porte d’entrée. Une fois dehors, elle arrêterait un automobiliste pour qu’on la conduise chez elle, et elle appellerait les secours pour Lanie.
« Fais-moi voir un peu à quoi tu ressembles », ordonna Chiqy d’une voix rocailleuse, ignorant ce qu’elle venait de dire. Sarah se tourna et vit l’homme obèse la détailler. Au bout d’un moment, il passa la langue sur ses lèvres. Sarah dut réprimer une envie de vomir.
« Qu’est ce que t’en penses ? demanda Dean d’un ton enthousiaste.
— Je pense que si on la met dans une robe à fleurs avec des couettes, elle fera une bonne source de revenus.
— Je vais y aller », fit Sarah en se précipitant vers la porte. À sa grande surprise, Dean fit un pas sur le côté, l’air amusé.
« Tu t’es servi du brouilleur pour qu’elle ne puisse pas appeler ou envoyer des messages ? demanda Chiqy, quelque part derrière elle.
— Ouais. J’ai fait bien gaffe à elle. Elle a essayé plein de fois mais n’avait apparemment jamais de réseau. N’est-ce pas, Sarah ? »
Elle batailla avec la chaînette en haut de la porte et était presque parvenue à la détacher lorsqu’une ombre obscurcit son champ de vision. Elle allait se retourner mais avant d’en avoir le temps, elle reçut un coup à l’arrière de la tête et sombra dans les ténèbres.
CHAPITRE 1
Le cœur de Keri Locke battait à tout rompre. Bien qu’elle soit au milieu d’un grand commissariat de police, elle parvint à bloquer tout ce qui l’entourait. Elle parvenait à peine à réfléchir clairement en lisant l’email qu’elle venait de recevoir. Il était difficile de croire que c’était vrai.
suis prêt à vous rencontrer si vous respectez les règles. vous recontacte bientôt.
Les mots en étaient simples, mais le message était porteur d’une signification colossale.
Pendant six semaines interminables, Keri avait attendu cela, espérant désespérément que l’homme qu’elle soupçonnait d’avoir enlevé sa fille cinq ans plus tôt la contacterait. Et il venait de le faire.
Keri repoussa son portable et ferma les yeux, essayant de garder sa contenance tout en réfléchissant à la situation. La première fois qu’elle avait trouvé le moyen de contacter cet homme, connu sous le seul surnom de Collectionneur, elle avait organisé un rendez-vous. Il n’était pas venu.
Elle lui avait écrit pour savoir pourquoi, et il avait répondu qu’elle n’avait pas respecté les règles, tout en suggérant qu’ils pourraient se recontacter à l’avenir. Il lui avait fallu toute sa patience et toute son autodiscipline pour ne pas faire le premier pas. Elle en mourait d’envie mais craignait de paraître trop empressée, qu’il prenne peur et supprime définitivement son compte email. Cela lui aurait enlevé toute possibilité de le retrouver un jour, ni lui ni Evie.
Et