L’ombre du mal . Блейк Пирс

L’ombre du mal  - Блейк Пирс


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Oui », dit Mariela en tendant les photos de Sarah à Keri, avant de sortir son téléphone et d’y chercher l’adresse. « Mais je me demande si ça sera utile. Le père de Lanie n’est plus dans sa vie et sa mère... se désintéresse d’elle. Mais si vous pensez que ça peut aider, la voici. »

      Keri nota l’information et ils se dirigèrent vers la porte. Les Caldwell serrèrent la main de Ray et Keri avec cérémonie, ce qui surprit Keri, après une conversation aussi intime.

      Ray et elle étaient à mi-chemin de la voiture lorsqu’Edward Caldwell les interpella pour une dernière question : « Je suis désolé de vous demander ça, mais vous avez dit que nous n’en sommes qu’au début. Ça donne l’impression que ceci sera un long processus. Mais il me semble que dans les enquêtes sur les personnes disparues, les premières vingt-quatre heures sont cruciales. N’est-ce pas ? »

      Keri et Ray échangèrent un regard avant de se tourner vers Caldwell. Aucun des deux ne savait comment répondre. Finalement, Ray dit : « Ce n’est pas faux. Mais pour le moment, rien ne nous indique qu’il s’est passé quelque chose de suspect. Et de toute façon, vous nous avez contactés très tôt, ce qui est positif. Je sais que c’est difficile à entendre, mais essayez de ne pas trop vous inquiéter. Je vous promets que nous vous recontacterons. »

      Keri et Ray tournèrent les talons et rejoignirent la voiture. Lorsque Keri fut sûre qu’ils ne pouvaient pas les entendre, elle marmonna à voix basse : « Beau mensonge.

      — Ce n’était pas un mensonge. Tout ce que j’ai dit était vrai. Elle pourrait revenir à la maison d’une minute à l’autre, et l’affaire serait close.

      — Peut-être, concéda Keri. Mais mon instinct me dit que cette affaire-ci ne sera pas si simple. »

      CHAPITRE 3

      Keri s’installa dans le siège passager pour le trajet vers Culver City. Elle se sermonnait intérieurement, tout en essayant de se rappeler qu’elle n’avait rien fait de mal. Mais la culpabilité l’envahissait à l’idée qu’elle ait pu oublier quelque chose d’aussi simple qu’un jour de vacances scolaires. Même Ray n’avait pu cacher son étonnement.

      Elle était en train de perdre de vue la mère qu’elle avait été, et c’était terrifiant. Combien de temps encore avant qu’elle oublie d’autres détails, plus personnels ? Quelques semaines plus tôt, on lui avait donné anonymement un indice qui menait à la photo d’une adolescente. Mais Keri, à sa grande honte, avait été incapable de déterminer si c’était Evie sur la photo.

      Il est vrai que cela faisait cinq ans qu’elle n’avait pas vu Evie, et la photo était prise de loin et de mauvaise qualité. Mais le fait qu’elle ne puisse pas immédiatement déterminer si c’était ou non sa fille l’avait secouée. Cette honte était restée même après que le spécialiste informatique du service, l’agent Kevin Edgerton, lui eut dit que même le logiciel de comparaison ne pouvait garantir que la photo correspondait aux photos d’Evie à l’âge de huit ans.

      J’aurais du savoir tout de suite. Une bonne mère aurait su tout de suite si c’était sérieux.

      « On est là » dit Ray doucement, sortant Keri de sa rêverie.

      Elle leva les yeux et réalisa qu’ils étaient garés juste en face de la maison de Lanie Joseph. Les Caldwell avaient raison : ce quartier, distant de chez eux d’à peine trois kilomètres, était beaucoup plus miteux.

      Il n’était que 17h30, mais le soleil s’était couché et la température baissait. Des jeunes hommes en petits attroupements, vêtus de vêtements amples, occupaient les trottoirs et les allées menant aux maisons, tout en buvant des bières et fumant ce qui n’avait pas l’air d’être des cigarettes. La plupart des pelouses étaient plus marron que vertes et les pavés des trottoirs se déchaussaient, poussés par les mauvaises herbes. La plupart des maisons donnaient l’impression de contenir plusieurs logements ou duplexes, et toutes avaient des barreaux aux fenêtres et une lourde porte grillagée devant la porte d’entrée.

      « Qu’est ce que tu en penses ? On appelle la police de Culver City en renfort ? demanda Ray. Techniquement, on n’est pas dans notre juridiction.

      — Non, ça prendra trop de temps et je préfère faire profil bas ; faisons une visite rapide. Plus on en fait quelque chose de formel, plus ça sera long. Si quelque chose est arrivé à Sarah, on n’a pas de temps à perdre.

      — Ok, allons-y. »

      Ils descendirent de la voiture et rejoignirent d’un pas vif l’adresse que leur avait donnée Mariela Caldwell. Lanie vivait dans une maison mitoyenne, côté rue, sur Corinth Street, au sud de Culver Boulevard. L’autoroute 405 était si proche que Keri distinguait la couleur des cheveux des automobilistes.

      Pendant que Ray frappait à la porte, Keri coula un regard vers un petit groupe de cinq hommes, deux maisons plus loin, penchés sur le moteur d’une Corvette perchée sur des parpaings, dans l’allée d’une maison. Plusieurs de ces hommes jetèrent des regards méfiants aux deux intrus, mais personne ne dit rien.

      À l’intérieur de la maison de Lanie retentirent les piaillements de plusieurs enfants. Au bout d’une minute, la porte d’entrée s’ouvrit sur un petit garçon blond qui devait avoir cinq ans tout au plus. Il portait des jeans troués et un t-shirt blanc orné du « S » de Superman.

      Il leva le regard vers Ray, tordant la tête en arrière. Puis il regarda Keri, et la considérant apparemment moins menaçante, il prit la parole : « Qu’est ce que vous voulez, madame ? »

      Keri se doutait que l’enfant ne devait pas faire l’objet de beaucoup de tendresse et d’attention, donc elle s’agenouilla pour être à son niveau et dit d’une voix aussi douce que possible : « On est des agents de police. On voudrait parler à ta maman pendant une minute. »

      Le gamin, imperturbable, se retourna et cria vers l’intérieur de la maison : « Maman ! La police est là. Veulent te parler. »

      Apparemment, ce n’était pas la première fois que la maison recevait la visite de la police. Keri vit Ray jeter un regard vers les hommes groupés autour de la Corvette et sans les regarder elle-même, elle lui demanda à voix basse : « Tu crois qu’il y a un problème là-bas ?

      — Pas encore, répondit Ray dans un souffle. Mais peut-être dans pas longtemps. On doit faire vite.

      — Vous êtes quel genre de policiers ? demanda le petit garçon. Pas d’uniformes. Vous êtes en mission secrète ? Des détectives ?

      — Oui, des détectives », répondit Ray. Puis il parut décider que le gamin n’avait pas besoin d’être ménagé, et il lui posa une question : « Quand est-ce que tu as vu Lanie pour la dernière fois ?

      — Oh, Lanie va encore avoir des problèmes, dit-il alors que se dessinait un grand sourire sur son visage. C’est pas étonnant. Elle est partie à midi pour aller voir sa copine intelligente. Peut-être qu’elle espérait qu’un peu d’intelligence passerait sur elle. Y a aucun risque ! »

      C’est alors qu’apparut au fond du couloir une femme portant un jogging et un lourd sweatshirt gris à message. Alors qu’elle s’approchait d’un pas lourd, Keri l’observa. La femme devait faire la taille de Keri, mais pesait au moins 90 kilos.

      Sa peau pâle semblait se fondre dans le gris du sweatshirt. Ses cheveux blonds-gris étaient rassemblés en un chignon défait qui menaçait de se détacher complètement.

      Keri évalua qu’elle devait avoir moins de quarante ans, mais son visage creusé par la fatigue en faisait cinquante. Elle avait des cernes et le visage constellé de couperose, peut-être due à l’alcool. Il était clair qu’elle avait été jolie, mais le poids de la vie semblait l’avoir usée, et elle n’était plus jolie que par éclairs.

      « Qu’est ce qu’elle a fait encore ? demanda la femme,


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