L’ombre du mal . Блейк Пирс
ça, siffla Alpha.
— Ouais, des ennuis, répéta le grand Blanc, tandis que le troisième restait coi.
— Tu répètes toujours ce que dit le boss ? demanda Keri au Blanc. Tu ramasses les détritus qu’il jette par terre, aussi ? »
Les deux hommes échangèrent un regard. Keri devina qu’elle avait touché un point sensible. Derrière eux, elle voyait Ray, qui avait obtenu une photo de Lanie et venait vers eux. Les deux hommes qui étaient restés près de la Corvette commençaient à se diriger vers lui, mais il leur jeta un regard acéré et ils s’arrêtèrent net.
« Elle est malpolie, la connasse, fit le Blanc, apparemment incapable de trouver une meilleure répartie.
— Il se pourrait qu’on doive t’enseigner les bonnes manières », dit Alpha.
Keri vit que le grand latino-américain se crispait à ces mots. Et soudain, elle comprit la dynamique de ce groupe : le meneur était une tête brûlée. Le Blanc était un suiveur. Et le taiseux était là pour rétablir la paix. Il n’était pas venu pour causer des problèmes ; il essayait de les empêcher. Mais il n’en avait pas trouvé le moyen, et c’était en partie la faute de Keri. Elle décida de lui tendre une perche, pour voir s’il la saisirait.
« Vous deux, vous êtes jumeaux ? » demanda-t-elle en désignant le Blanc.
Il la dévisagea un instant, manifestement incertain de la meilleure façon d’interpréter le commentaire. Elle lui fit un clin d’œil et la tension parut quitter son corps. Il faillit esquisser un sourire.
« Ouais, des vrais jumeaux, fit-il, saisissant l’occasion.
— Yo, Carlos, mec, on est pas jumeaux, dit le Blanc, mi-confus, mi-énervé.
— Non, mec, intervint Alpha, oubliant momentanément sa colère. La connasse a raison : c’est dur de vous distinguer. On devrait vous mettre des étiquettes, non ? »
Carlos et lui s’esclaffèrent, et le Blanc les imita, bien qu’il ait toujours l’air perplexe.
« Comment ça va, par ici ? » demanda Ray, les faisant tous sursauter. Avant qu’ils ne puissent s’énerver de nouveau, Keri sauta sur l’occasion :
« Je pense que ça va. Agent Ray Sands, j’aimerais vous présenter à Carlos et son jumeau. Et voici leur bon ami... Comment tu t’appelles ?
— Cecil, dit-il sans se faire prier.
— Voici Cecil. Ils aiment les Corvettes et flirter avec les femmes plus âgées qu’eux. Mais malheureusement, on va devoir vous laisser à vos réparations de voiture, messieurs. On aimerait rester, mais vous savez comment c’est avec la police de Los Angeles. Il y a toujours du travail. À moins, bien sûr, que vous vouliez qu’on reste et qu’on discute encore de bonnes manières. Ça te dirait, Cecil ? »
Cecil jaugea d’un coup d’œil les 105 kilos de Ray, puis revint à Keri, apparemment indifférente à ses insultes, et il parut décider qu’il en avait assez.
« Non, c’est bon, ça ira. Vous pouvez allez faire vos affaires de policiers. On est occupés à réparer la voiture, comme vous dites.
— Eh bien, je vous souhaite une excellente soirée, d’accord ? » dit Keri avec un enthousiasme dont seul Carlos remarqua qu’il frisait la moquerie.
Les hommes hochèrent la tête et retournèrent vers la Corvette tandis que Keri et Ray réintégraient la voiture. « Ça aurait pu être pire, fit Ray.
— Ouais, je sais que tu n’es pas encore complètement remis de ta blessure par balle. Je me suis dit que je ferais mieux de ne pas t’entraîner dans une bagarre avec cinq membres de gang, si je pouvais l’éviter.
— Merci de préserver ton collègue handicapé, dit-il en repartant dans la rue.
— De rien, fit Keri, ignorant son sarcasme.
— Alors, est-ce qu’Edgerton a pu accéder aux comptes des filles ?
— Oui. On doit aller au centre commercial de Fox Hills.
— Et qu’est ce qu’on va y trouver ?
— Les filles, j’espère, répondit Keri. Mais j’ai l’impression qu’on n’aura pas cette chance. »
CHAPITRE 4
Dès que Sarah se réveilla, elle ressentit l’envie de vomir. Sa vision était trouble, de même que son cerveau. Une lumière vive l’illuminait, et il lui fallut un moment pour réaliser qu’elle était allongée sur un matelas nu, dans une petite chambre complètement vide.
Elle cligna plusieurs fois des yeux et sa vision s’éclaircit suffisamment pour qu’elle distingue une petite poubelle, par terre à côté du matelas. Elle se pencha et la tira vers elle, avant de vomir dedans pendant trente bonnes secondes, indifférente à ses yeux larmoyants et son nez qui coulait.
Elle entendit un bruit et leva les yeux dans cette direction. Quelqu’un avait tiré un rideau noir, et elle vit qu’elle n’était pas du tout dans une petite chambre, mais plutôt dans un immense entrepôt. Aussi loin qu’elle pouvait voir, il y avait d’autres matelas. Et sur presque chacun d’eux, il y avait une fille de son âge. Elles étaient toutes légèrement vêtues ou nues.
Certaines étaient seules et dormaient, ou bien, ce qui était plus probable, étaient dans les vapes. D’autres étaient avec des hommes, qui leur faisaient ce qu’ils voulaient. Certaines des filles se débattaient, d’autres restaient immobiles, impuissantes, et quelques-unes ne semblaient même pas conscientes pendant qu’elles étaient violées. Malgré son cerveau brumeux, Sarah devina qu’il y avait au moins une vingtaine de filles dans l’entrepôt.
Quelqu’un apparut dans son champ de vision. C’était Chiqy, l’homme énorme à la longue barbe qu’elle avait vu dans la chambre de Dean. Soudain, tout s’éclaircit et la distance qu’elle avait sentie pendant qu’elle observait les lieux disparut. Les battements de son cœur s’accélérèrent, et elle sentit une terreur sourde l’envahir.
Où suis-je ? Qu’est ce que c’est que cet endroit ? Pourquoi est-ce que je me sens si faible ?
Elle tenta de se redresser en voyant Chiqy s’approcher, mais ses bras cédèrent sous son poids et elle s’effondra de nouveau sur le matelas, ce qui fit glousser Chiqy.
« N’essaie pas de te lever, dit-il. Les drogues qu’ont t’a données te rendent maladroite, tu risques de tomber et de casser quelque chose. Et ça, c’est pas possible. Ça serait mauvais pour les affaires. Quand il s’agit d’os cassés, les clients préfèrent que ça soit eux qui les cassent.
— Qu’est ce que vous m’avez fait ? » demanda-t-elle d’une voix rauque en essayant de nouveau de s’asseoir.
Elle ne vit même pas venir la gifle que Chiqy lui asséna, la projetant de nouveau sur le matelas et envoyant un éclair de douleur de sa pommette à son oreille. Alors qu’elle cherchait désespérément à reprendre son souffle et retrouver son équilibre, il se pencha vers elle et lui murmura à l’oreille : « Tu vas apprendre, ma petite. Ne lève pas la voix. Ne réponds pas à moins qu’un client le veuille. Ne pose pas de questions. C’est moi le chef. Si tu suis mes règles, tout ira bien. Sinon, ça n’ira pas bien du tout. C’est clair ? »
Sarah acquiesça.
« Bien. Alors écoute bien, parce que voici les règles. Un ; tu es à moi. Je te possède. Je peux te louer, mais n’oublie jamais à qui tu appartiens. Compris ? »
Sarah, la pommette toujours douloureuse, hocha sagement la tête. Alors qu’elle était encore en train d’appréhender sa situation, elle savait qu’il était déraisonnable de défier Chiqy dans son état.
« Deux ; tu vas satisfaire les désirs de mes clients. Tu n’as pas à adorer ça, mais