L’ombre du mal . Блейк Пирс
hocha encore la tête. Elle voulut redresser un peu la tête et plissa les yeux dans la lumière vive, dans l’espoir de trouver des repères. Elle ne connaissait aucune des autres filles. Soudain, un frisson lui courut dans le dos.
Où est Lanie ?
« Vous pouvez me dire ce qui est arrivé à mon amie ? » demanda-t-elle d’une voix qui, espérait-elle, n’exprimait aucun défi.
Chiqy la frappa de nouveau sans qu’elle s’y attende, cette fois sur l’autre joue. La force du coup la projeta violemment dans le matelas.
« Je n’avais pas fini, l’entendit-elle dire malgré le tintement de ses oreilles. La dernière règle, c’est que tu ne parles pas à moins que je t’aie posé une question. Comme j’ai dit, tu vas vite comprendre que ça ne sert à rien de jouer les malignes, ici. Compris ? »
Sarah acquiesça, remarquant au passage que sa tête était lancinante.
« Mais cette question-là, je vais y répondre », dit Chiqy avec un sourire cruel sur le visage. Il désigna un matelas quelques mètres plus loin.
Elle regarda l’emplacement et vit un homme qui devait avoir la soixantaine, sur une fille dont la tête était retombée sur le côté. À ce moment, l’homme attrapa son menton et tourna son visage pour pouvoir l’embrasser.
Sarah faillit vomir de nouveau en voyant que c’était Lanie. Elle était nue en bas de la taille, et son débardeur était remonté contre son cou, dévoilant son soutien-gorge. Lorsque l’homme se désintéressa de ses lèvres, il lâcha prise et la tête de Lanie retomba dans la direction de Sarah.
Celle-ci devina que son amie était à peine consciente. Ses yeux, sous ses paupières lourdes, étaient deux fentes, et elle ne semblait pas être consciente de son environnement. Son corps était inerte, elle ne réagissait pas à ce qu’on lui faisait.
Sarah enregistrait tout, mais l’horreur de ce moment lui donnait l’impression que tout ce qui arrivait était très éloigné, comme si ça avait lieu sur une autre planète. C’étaient peut-être les drogues, ou le fait d’avoir reçu deux coups à la tête. Elle se sentait engourdie.
C’est peut-être mieux comme ça.
« Elle était difficile à gérer donc on a du vachement la calmer, dit Chiqy. Tu pourrais être dans sa situation. Ou bien, si tu n’essayes pas de résister, on n’aura pas à te faire l’injection du sommeil. C’est à toi de voir. »
Sarah le regarda et allait répondre lorsqu’elle se rappela les règles, et se mordit la langue. Chiqy l’avait remarqué. Il sourit. « Bien. Tu apprends vite, dit-il. Vas-y, parle.
— Pas d’injection du sommeil, le supplia-t-elle.
— Ok, on va essayer de faire sans. Mais si tu as... du mal, tu prendras l’aiguille. Compris ? »
Sarah hocha la tête. Chiqy, avec un sourire satisfait, lui rendit son hochement de tête et sortit, refermant le rideau derrière lui.
Ne sachant pas combien de temps elle avait, Sarah regarda frénétiquement autour d’elle, essayant d’évaluer sa situation. Elle portait toujours son jean et son débardeur bleu, ce qui laissait penser qu’on ne lui avait encore rien fait. Elle vérifia ses poches à la recherche de son téléphone, porte-monnaie ou carte d’identité, mais il n’y avait plus rien, ce qui n’était pas surprenant.
Un gémissement sonore retentit non loin, ce qui sortit Sarah de son engourdissement. Elle sentait monter ce qui ressemblait à de la panique. Elle en fut ravie, car l’adrénaline qui l’accompagnait aiguisait ses sensations et lui donnait davantage de contrôle sur ses membres.
Réfléchis, Sarah, maintenant que tu en es encore capable. Tu es partie depuis un bon moment. On a du partir à ta recherche. Impossible que papa et maman attendent aussi longtemps d’avoir de tes nouvelles sans appeler la police. S’ils te cherchent, tu dois leur laisser une sorte d’indice, quelque chose pour leur faire savoir que tu étais ici, au cas où il arrive quelque chose.
Elle baissa les yeux sur son haut. Est-ce qu’elle avait dit à sa mère ce qu’elle portait aujourd’hui ? Non, mais elle avait fait un appel vidéo le matin même, donc sa mère avait vu sa tenue. Elle s’en rappellerait certainement. Après tout, elles avaient acheté ce débardeur ensemble, au centre commercial de Cabazon.
Elle déchira un morceau de tissu de son haut, d’environ 5 centimètres, au niveau de la couture près de la taille, là où le tissu était le plus faible. Elle se demandait où le cacher lorsqu’elle entendit deux voix d’hommes qui s’approchaient. Alors qu’ils tiraient le rideau, elle cacha le tissu sous le matelas, de sorte que seul un petit morceau dépassait.
Essayant d’avoir l’air innocent, elle regarda les deux hommes. Le premier était Chiqy, et l’autre était un petit homme blanc d’une quarantaine d’années, qui portait un costume. Il avait des lunettes, qu’il enleva de même que ses chaussures, et rangea le tout près du rideau.
« Quel âge a-t-elle ? demanda-t-il.
— Seize ans, répondit Chiqy.
— Un peu mûre à mon goût mais ça fera certainement l’affaire, dit-il en approchant du matelas.
— Souviens-toi ce que je t’ai dit », lança Chiqy à l’intention de Sarah.
Elle hocha la tête. Il parut satisfait et allait s’éloigner lorsque l’homme lui demanda : « Un peu d’intimité, s’il vous plaît. »
Chiqy referma le rideau d’un geste réticent. L’homme était debout au-dessus d’elle et la contemplait, son regard balayant son corps des pieds à la tête. Sarah eut la nausée.
Il commença à se déshabiller et Sarah mit à profit ce temps pour décider de la marche à suivre. Elle n’allait pas se laisser faire, de ça au moins elle était sûre. S’ils la tuaient, qu’il en soit ainsi. Elle n’allait pas finir en tant qu’esclave sexuel. Il lui fallait simplement une ouverture.
Il ne fallut pas longtemps.
L’homme avait enlevé son pantalon et son caleçon et s’approchait d’elle à quatre pattes. Il plissait légèrement les yeux et elle comprit que sans ses lunettes, il n’était pas tout à fait assuré. Bientôt, il fut au-dessus d’elle.
C’est le moment.
En un geste vif, Sarah leva la jambe droite contre sa poitrine et lança son pied en avant, heurtant l’entrejambe de l’homme. Il grogna et s’écroula au-dessus d’elle.
Elle s’y était attendue, et elle le repoussa d’un geste, puis bondit sur ses pieds et rejoignit le rideau. L’homme, derrière elle, gémissait et tentait de lui dire quelque chose. Elle écarta le rideau juste assez pour passer sa tête et observa les environs.
Elle vit la porte principale à l’autre extrémité de l’entrepôt. Mais entre son emplacement et la liberté, il y avait d’innombrables matelas occupés et au moins une demi-douzaine d’hommes qui déambulaient, surveillant les choses. Impossible de parvenir à la porte principale.
Mais peut-être qu’elle pourrait trouver une porte dérobée, si elle se fondait dans les ombres, le long du mur. Elle allait partir lorsqu’elle entendit la voix de l’homme, étranglée et douloureuse, mais parfaitement claire : « À l’aide ! »
Elle était à court de temps. Elle traversa le rideau et partit sur la gauche, à la recherche de tout ce qui pouvait ressembler à une sortie. Elle avait parcouru environ six mètres lorsqu’un homme apparut sur son chemin, bloquant le passage.
Elle se retourna et se jeta dans l’autre direction mais courut droit dans Chiqy, qui enroula un de ses bras énormes autour d’elle. Elle ne pouvait plus bouger.
À quelques mètres de là, elle vit l’homme au costume. Il était plié en deux, mais debout. Il n’avait pas remis son pantalon. Il leva la main et pointa le doigt