L’ombre du mal . Блейк Пирс
y a dix-huit mois. Mais c’est trop compliqué de changer mon nom de nouveau donc je suis coincée avec.
— Donc vous êtes la mère de Lanie Joseph, dit Ray dans un effort pour la recadrer. Et vous vous appelez...
— Joanie Hart. Je suis la mère de cinq subversifs, parmi lesquels celui que vous avez sous les yeux. Alors, qu’est ce qu’elle a fait cette fois-ci ?
— On ne sait pas si elle a fait quoi que ce soit, Mme Hart », la rassura Keri, qui ne voulait pas entrer en conflit avec une femme qui en avait manifestement l’habitude. « Mais les parents de Sarah Caldwell n’arrivent pas à contacter leur fille et ils sont inquiets. Est-ce que vous avez eu des nouvelles de Lanie depuis ce midi ? »
Joanie Hart la dévisagea comme si elle débarquait d’une autre planète.
« Je ne peux pas surveiller tous mes gosses comme ça, dit-elle. J’ai travaillé toute la journée ; les fastfoods ne ferment pas simplement parce que hier c’était Thanksgiving, vous savez ? Je suis rentrée il y a une demi-heure. Donc je ne sais pas où elle est. Mais ça n’a rien d’exceptionnel. Elle disparaît la moitié du temps et ne me dit pas où elle va. Celle-là, elle adore faire des cachotteries. Je pense qu’elle a un petit copain dont elle veut pas me parler.
— Est-ce qu’elle a jamais mentionné le nom de ce garçon ?
— Comme je vous ai dit, je ne suis même pas sûre qu’il y ait un garçon. Je dis juste que c’est tout à fait possible. Elle adore faire des choses pour m’énerver, sauf que je suis trop fatiguée et occupée pour que ça m’énerve, alors ça, ça l’énerve. Vous savez ce que c’est », dit-elle à Keri, qui n’avait aucune idée de ce que c’était.
Keri sentait la colère monter face à cette femme qui ne savait pas où était sa fille et qui ne s’en inquiétait pas. Joanie n’avait pas posé de question sur Lanie, ni demandé si elle allait bien, ni exprimé la moindre inquiétude. Ray parut deviner ses sentiments et reprit avant qu’elle ne puisse faire de même : « Pourriez-vous nous donner le numéro de téléphone de Lanie et une photo récente d’elle, s’il vous plaît ? »
Joanie parut lasse, mais ne fit aucune remarque. « Un instant », dit-elle avant de retourner sur ses pas.
Keri regarda Ray, qui secouait la tête pour exprimer leur dégoût partagé.
« Ça te dérange si j’attends dans la voiture ? demanda Keri. J’ai peur de dire quelque chose de... non constructif à Joanie.
— Vas-y, je m’en occupe. Peut-être que tu pourrais appeler Edgerton et voir s’il peut passer outre le règlement pour accéder aux comptes en ligne de Sarah.
— Ça alors, Raymond Sands », dit Keri, recouvrant son sens de l’humour. « On dirait que tu adoptes finalement quelques-unes de mes méthodes d’enquête les moins orthodoxes... Je crois que ça me plaît. »
Elle tourna les talons avant qu’il n’ait le temps de répondre. Du coin de l’œil, elle vit que le groupe d’hommes, deux maisons plus loin, l’observaient tous. Elle referma son blouson d’un geste vif, prenant soudain conscience du froid. À Los Angeles, les mois de novembre n’étaient pas rigoureux, mais maintenant que le soleil s’était couché, la température avait chuté autour de 10°C. De plus, les regards posés sur elle provoquaient un frisson supplémentaire. Lorsqu’elle arriva à la voiture, elle se retourna et s’adossa contre la portière pour avoir dans son champ de vision aussi bien la maison de Lanie que les voisins, pendant qu’elle composait le numéro d’Edgerton.
« Allô, c’est Edgerton », fit la voix enthousiaste de Kevin Edgerton, le plus jeune agent du service. Il n’avait que vingt-huit ans, mais ce grand garçon efflanqué était un génie de l’informatique, et avait permis de résoudre de nombreuses enquêtes.
En fait, il avait joué un rôle essentiel pour mettre Keri en contact avec le Collectionneur, tout en protégeant sa propre identité. Keri devinait qu’en ce moment même, il devait repousser d’un geste les longues mèches brunes qui lui tombaient devant les yeux. Les raisons qui l’empêchaient de simplement couper sa tignasse typique de la génération Y lui étaient incompréhensibles, tout comme la plupart de ses compétences informatiques.
« Salut, Kevin, c’est Keri. J’ai besoin d’un service. Est-ce que tu peux essayer d’accéder à quelques comptes sur des réseaux sociaux ? Le premier est celui de Sarah Caldwell, 16 ans, de Westchester. L’autre est celui de Lanie Joseph, 16 ans également, de Culver City. Et s’il te plaît, ne me déroule pas ton laïus sur les mandats et les motifs raisonnables... On a affaire à des circonstances exceptionnelles et...
— C’est bon, la coupa Edgerton.
— Quoi ? Déjà ? demanda Keri, éberluée.
— Enfin, pas Caldwell. Tous ses comptes sont protégés par un mot de passe et pour les voir, il faut son aval. Je peux les hacker, si tu veux. Mais j’espère qu’on peut éviter une situation délicate sur le plan légal si on se sert simplement des comptes de Lanie Joseph. C’est un livre ouvert ; tout le monde peut visionner ses pages. C’est ce que je suis en train de faire.
— Est-ce qu’elles mentionnent ce qu’elle faisait aujourd’hui juste après midi ? » demanda Keri.
Elle remarqua que trois des hommes qui étaient autour de la Corvette se dirigeaient vers elle. Les deux autres hommes restaient en retrait, concentrés sur Ray, qui était toujours debout sur le porche de la maison des Hart et attendait que Joanie trouve une photo récente de sa fille. Keri changea imperceptiblement de position, de manière à être toujours adossée à la voiture, mais en pouvant se mouvoir avec plus de rapidité en cas de besoin.
« Elle n’avait rien posté sur Facebook depuis hier soir, disait Edgerton, mais il y a plein de photos sur Instagram, d’elle avec une autre fille. J’imagine que c’est Caldwell. Elles sont au centre commercial de Fox Hills. Il y a une photo prise dans un magasin de vêtements, l’autre dans une boutique de maquillage. La dernière est une photo d’elle dans ce qui ressemble à la terrasse d’un fast food, en train de manger un bretzel. La photo est accompagnée du commentaire « trop bon ». Ça va de 14h à 18h. »
Les trois hommes étaient à présent en train de pénétrer sur la pelouse des Hart, et ils étaient à moins de six mètres de Keri.
« Merci, Kevin. Une dernière chose : je vais t’envoyer les numéros de portable des deux filles. J’imagine que le GPS sera éteint pour les deux, mais je voudrais que tu retrouves leur dernière position connue avant que le GPS ait été éteint, dit-elle alors que les trois hommes s’arrêtaient devant elle. Je dois y aller. Je te rappelle si j’ai besoin d’autre chose. »
Keri raccrocha avant qu’Edgerton ne réponde, et glissa son portable dans sa poche. Elle en profita pour discrètement ouvrir l’étui de son pistolet.
Elle regarda les trois hommes sans rien dire. Elle était toujours adossée à la voiture, mais elle avait levé la jambe droite de façon à poser son pied sur le côté du véhicule. Ainsi, elle aurait davantage de force si elle devait se projeter vers l’avant.
« Bonsoir, messieurs, finit-elle par dire d’un ton ferme et amical. Le fond de l’air est frais, ce soir, n’est ce pas ? »
L’un deux, de toute évidence le meneur, ricana et se retourna vers ses amis. « Est-ce que cette conne vient vraiment de parler de la météo ? »
Il était d’origine latino-américaine, petit, le visage légèrement bouffi. Toutefois, sa chemise en flanelle dissimulait sa charpente, et il était difficile pour Keri de jauger sa force. Les autres hommes étaient tous deux grands et maigres, et leurs t-shirts pendaient sur leurs épaules squelettiques. L’un était Blanc et l’autre était latino-américain. Keri prit le temps d’apprécier la remarquable diversité ethnique de ce gang de rue, avant de décider de s’en servir.
« Vous acceptez les petits blancs, maintenant ? demanda-t-elle en désignant du menton l’intrus. Alors, Alpha