L’ombre du mal . Блейк Пирс
Il n’a pas d’adresse connue. On dirait qu’il s’installe dans des entrepôts abandonnés, où il établit des sortes de maisons closes éphémères, jusqu’à ce qu’il y ait une descente de police. Mais j’ai quelques bonnes nouvelles.
— Je pense qu’on sera preneurs, ironisa Ray en montant dans sa voiture.
— J’ai l’adresse de Dean Chisolm. Et il se trouve que c’est à l’endroit précis où les GPS des téléphones des deux filles ont été éteints. Je vous l’envoie maintenant, ainsi qu’une photo de Chiqy.
— Merci, Kevin, fit Keri. D’ailleurs, je crois qu’on a trouvé un mini-Kevin travaillant comme vigile au centre commercial ; très fort en informatique. Il voudrait devenir flic. Si tu veux bien, je vous mettrai peut-être en contact.
— Bien sûr. Comme je dis toujours, geeks de tous les pays, unissez-vous !
— Ah bon, tu dis toujours ça ? le taquina Keri.
— Enfin, je le pense, surtout », admit-il avant de raccrocher, désireux d’esquiver d’autres moqueries.
« Tu m’as l’air incroyablement calme pour quelqu’un qui vient d’apprendre que les filles qu’on cherche pourraient être tombées aux mains d’un trafiquant d’êtres humains, remarqua Ray d’un ton étonné.
— J’essaie de cultiver une atmosphère légère. Mais je ne pense pas que ça va être possible encore très longtemps. Mais ne t’inquiète pas. Quand on mettra la main sur Dean Chisolm, il y a de fortes chances que je lui inflige une petite opération de détatouage amateur avec mon couteau suisse. Il est bien émoussé.
— Ravi de constater que tu n’as pas perdu la flamme, dit Ray.
— Jamais. »
CHAPITRE 6
Keri s’efforça de calmer les battements effrénés de son cœur, accroupie derrière un buisson à côté de la maison de Chisolm. Elle se contraignit à respirer lentement en silencieusement, les mains serrées sur son pistolet, attendant que les agents de police en uniforme frappent à la porte d’entrée. Ray était posté comme elle, de l’autre côté de la maison. Il y avait deux autres policiers dans la ruelle à l’arrière de la maison.
Malgré la fraîcheur de l’air, quelques gouttes de sueur coulaient dans le dos de Keri, juste sous son gilet pare-balles. Elle s’efforça de l’ignorer. Il était 19h passées, et la température était en-dessous de 10°C à présent, mais elle avait laissé son blouson dans la voiture pour être plus libre de ses mouvements. Si elle l’avait enfilé, elle aurait été trempée de sueur.
Un des agents frappa à la porte, provoquant une décharge dans tout son corps. Elle se pencha un peu plus pour s’assurer qu’on ne la verrait pas depuis les fenêtres. Ce mouvement causa un pincement dans ses côtes, dont plusieurs avaient été cassées dans une altercation avec un kidnappeur d’enfants, deux mois plus tôt. Et bien que techniquement, elle soit guérie, certaines positions étaient encore douloureuses.
Quelqu’un ouvrit la porte et elle se força à faire abstraction des bruits de la rue et à écouter attentivement.
« Êtes-vous Dean Chisolm ? » entendit-elle un des officiers demander. Elle entendait la nervosité dans sa voix et espérait que la personne à qui il s’adressait ne l’entendait pas.
« Non. Il n’est pas là en ce moment, répondit une voix jeune mais étonnamment sûre d’elle.
— Qui êtes-vous ?
— Je suis son frère, Sammy.
— Quel âge avez-vous, Sammy ? demanda le policier.
— Seize ans.
— Vous êtes armé ?
— Non.
— Y a-t-il quelqu’un d’autre dans la maison ? Vos parents, peut-être ? »
Sammy éclata de rire à cette question, avant de se reprendre.
« Ça fait longtemps que je n’ai pas vu mes parents, dit-il d’un ton moqueur. Ici, c’est chez Dean. Il a acheté la maison avec son propre argent. »
Keri en avait assez, et elle émergea du buisson. Sammy tourna les yeux vers elle juste à temps pour la voir rengainer son arme. Elle vit ses yeux s’écarquiller brièvement, malgré ses efforts pour avoir l’air détaché.
Sammy était la copie conforme de son grand frère, de la peau pâle jusqu’aux nombreux tatouages. Ses cheveux étaient également noirs, mais trop bouclés pour les coiffer en piques. Il portait tout de même l’incontournable uniforme punk : un t-shirt noir, un jean serré dont pendait une chaîne inutile, et des bottes noires d’ouvrier.
« Comment Dean a-t-il pu acheter sa propre maison à seulement vingt-quatre ans ? » demanda Keri sans prendre la peine de se présenter.
Sammy l’observa, cherchant à déterminer s’il pouvait balayer sa question d’un revers de la main.
« Dean est doué pour les affaires, dit-il d’un ton qui suggérait le défi sans tout à fait l’exprimer.
— Et les affaires vont bien en ce moment, Sammy ? »
Elle fit un pas vers lui, toujours agressive, dans l’espoir de déstabiliser le garçon. Les deux policiers reculèrent d’un pas pour qu’il n’y ait plus rien entre Keri et Sammy. Elle ne savait pas si c’était une décision consciente de leur part, ou s’ils voulaient juste éviter de se retrouver au milieu d’une confrontation. Quoi qu’il en soit, elle était contente d’avoir toute la place nécessaire.
« J’en sais rien. Je suis qu’un pauvre lycéen, madame », dit-il, cette fois avec insolence.
« Ce n’est pas vrai, Samuel », lança-t-elle, contente d’avoir lu le document sur Chisolm qu’Edgerton lui avait envoyé pendant qu’ils se rendaient ici. Elle remarqua qu’il avait été déstabilisé qu’elle utilise son vrai prénom. « Tu as laissé tomber le lycée au printemps dernier. Tu viens de mentir à un agent de la police de Los Angeles. C’est pas un super début pour notre relation. Ça te dirait de remédier à ça ?
— Qu’est ce que vous voulez ? » demanda Sammy avec une fougue prudente.
À présent, il ne maîtrisait plus la situation, et il s’avança sur le trottoir sans réfléchir. Il ne se rendit pas compte que Ray contournait discrètement la maison pour se poster quelques pas derrière lui. Keri s’avança encore vers lui pour focaliser son attention sur elle. À présent, ils étaient à un peu plus d’un mètre l’un de l’autre.
« Je veux savoir où se trouve Dean, dit-elle, abandonnant tout faux-semblant. Et je veux savoir où se trouvent les filles qu’il a amenées ici cet après-midi.
— Je ne sais pas où il est. Il est parti il y a quelques heures. Et je ne sais rien de ces filles. »
Bien qu’il soit un délinquant juvénile en puissance, Keri savait que Sammy n’avait jamais été interpellé, ni n’avait été incarcéré. Elle pouvait utiliser à son avantage sa peur de ces éventualités. Elle décida de porter l’estocade : « Tu n’es pas honnête avec moi, Samuel. Je suis en train de perdre patience. On sait tous les deux quelles sont les affaires de ton frère. On sait tous les deux comment ça se fait qu’il a pu s’acheter cette maison. Et on sait tous les deux que tu ne passes pas tes heures creuses à réviser pour le baccalauréat. »
Sammy allait protester, mais Keri leva la main et poursuivit sans s’interrompre : « Je suis à la recherche de deux adolescentes. Ton frère les a amenées ici. C’est mon boulot de les retrouver. Si tu m’aides à les retrouver, tu pourras vivre une vie plus ou moins normale. Sinon, les choses vont très mal tourner pour toi. C’est ta seule chance, ce soir, de ne pas entrer dans le système carcéral. Coopère avec nous, ou bien on te