Architecture De La Prière. Diego Maenza
discutons de sujets qui l’intéressent particulièrement. Je regarde ses yeux et pendant que j’explique certaines conceptions sur le ressenti de l’Esprit saint, je caresse le dos de sa main. Puis je dirige mes mains vers son visage. Au moment de l’impact, un rougissement envahit mon visage. Je caresse ses joues et je l’embrasse à nouveau, cette fois profondément.
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Le baiser odieux jalonnera l’itinéraire de la trahison et de l’enfer.
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Je me rends dans sa chambre et il me montre un pyjama beige. Cela indique mon aptitude à servir un représentant de Dieu dans le monde. Je serai désormais son assistant spirituel. Il m’explique que l’homme possède la soutane comme seul vêtement sacré. Mes nouvelles tâches consistent à le déshabiller et à lui mettre son costume de nuit. Cette occupation me paraît simple et j’accepte volontiers de servir le père, un fils de Dieu purifié.
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Ses mains glissent lentement le long de mes cuisses. Je les sens chaudes, réparatrices, si paisibles et à la fois si inquiétantes. J’étouffe un gémissement. Je frémis en percevant sa respiration dans la zone de mon entrejambe sans vêtements, dans la trépidation de mes poils qui s’agitent attirés par la vague magnétique de sa peau. Ses doigts chastes parcourent ma peau. Maintenant, c’est ma poitrine qui est satisfaite, elle se réjouit d’une délectation qui n’appartient pas à ce monde. Ma peau frissonne. Son toucher me domine tout entier. Je me laisse emporter par le contact de son derme immaculé. Les plis de ma chemise ondulent alors qu’il la déboutonne lentement. Je hurle plaintivement, mais il ne s’arrête pas. Il a visiblement entrepris une torture. Il maîtrise son rôle de bourreau et il ne laissera pas sa victime s’échapper. Je suis témoin de cette tranche de mon existence qui constitue un moment vital. Je le serre dans mes bras et je le retiens comme ça pour une durée que ma pensée n’ose pas préciser. C’est moi qui enclenche la séparation. Il m’habille avec une agilité insoupçonnée. Un étouffement chaud enflamme tout mon corps. Il s’agenouille devant moi et, formel, il m’implore la bénédiction. Je la lui accorde avec un baiser sur ses cheveux épais. Je soupçonne que mon âme ne se tranquillisera pas tant que mon corps ne trouvera pas satisfaction. Mon corps ne s’apaisera pas avant de commencer ce que mon âme refuse. Je n’en peux plus. Je reste allongé ici. Je m’abandonne au doux supplice du plaisir solitaire. Ensuite le vide m’envahit. Je prie toute la matinée pour mon salut.
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Le père accepte la défaite de son âme. Résigné, il se soumet à la volonté de Dieu. Il s’agenouille sur le carrelage frais et prie, le visage déchu. Mon père, si possible, ne me fais pas boire ce calice. Ne cède pas à mes désirs, mais guide moi vers les tiens. Avoir esquivé sa responsabilité spirituelle lui procure un grand réconfort. Le père Misael essaie de se reposer, mais ne parvient pas à s’endormir. Il regarde par la fenêtre. La brise fouette enfin son visage et calme la longue chaleur.
Le jeune homme a sombré dans la profondeur du sommeil, et avec lui la calamité du cauchemar qui ne l’abandonne pas. Cette fois, il essaie, malgré la fragilité de son ouvrage, d’échapper aux halètements de la bête cyclopéenne sur le point de l’atteindre avec ses crocs baveux. Il connaît la fin inévitable de son histoire. Sa sueur se métamorphosera en gouttes de sang qui tomberont sur la terre. Un souffle de chaleur imprégna l’air qui circule inutilement sur le corps frissonnant du garçon.
Nous connaissons Dieu, Dieu dont l’esprit est le plus suprême de tous. Nous savons aussi qu’il ne ressent rien, ou plus précisément qu’il ne ressent pas de la même manière que cet homme infortuné, pas de la même manière que ce pauvre jeune individu souffrant d’un enfer inauguré qui ne s’exécute même pas. Il est temps de dormir, père, repose-toi. Demain, le monde apportera de nouveaux airs. Dieu ne comprend pas ses supplices.
Les épaules du père Misael reçoivent un poids colossal. Épuisé, il se prosterne sur le lit et ferme les yeux. Le cauchemar du couteau et des oreilles ressurgira d’un recoin sinistre de la culpabilité.
VENDREDI
Aigre-doux
Panem nostrum quotidianum da nobis hodie…
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