Dictionnaire érotique moderne. Alfred Delvau
Louis Festeau.
Blagues à tabac. Se dit des tétons qui ne se tiennent pas assez.
Ceux qui disent que les tétons
Flottent au vent comme des vagues,
Suzanne, sont des polissons:
On voit bien que ce sont des blagues.
Anonyme.
Blanchisseuse de tuyaux de pipe. Fille ou femme galante qui, d’une pipe en terre rouge, fait en un tour de cul ou de main une pipe en écume.
Blonde. Maîtresse,—quelle que soit la couleur de ses cheveux ou de son poil.
Puissé-je...
Cramper dans le cul
De ma blonde!
Emile Debraux.
Blondin. Séducteur, quelle que soit la couleur de ses cheveux.
L’autr’ jour, en rentrant chez moi,
J’ trouv’ la clé dans la serrure...
J’entre et j’ vois ma femm’ près d’un grand blondin,
Tout autre aurait pris la mouche soudain...
J. E. Aubry.
De certain blondin la binette
Me faisait mazurker le cœur.
S. Tostain.
Blouse. La nature de la femme, qui, au jeu de billard amoureux, reçoit les deux billes de l’homme—avec la queue.
Que je voudrais avoir aussitôt un écu,
Voire deux, voire trois, dans ma pauvre fouillouse,
Comme on a mis de coups dedans votre belouse.
Trotterel.
Bobosse. Entreteneur, miché sérieux.
Mais parlez-moi d’ ces vieux bobosses
Qui sans façon vous font présent
D’une guimbarde et de deux rosses:
C’est du nanan.
Émile Debraux.
Boc, Bocan, Boucan ou Bocard. Bordel,—dans l’argot militaire ou populaire.—Voir aussi Boxon et Bousin.
Le meilleur bocan du Marais
Devient presque une solitude.
Cyrano de Bergerac.
Chez la grosse Cateau, vas-tu donc au bocan?
La Fontaine.
Boire au goulot. Sucer un homme.
Mais, grossier comme un matelot,
Par le rustre je fus forcée
De boire à même le goulot.
Marcillac.
Boire dans le même verre. Baiser à plusieurs la même femme,—qui heureusement a le soin de se rincer après que chacun de ses amants a bu.
Boire seul. Se masturber, ce qui est jouir en égoïste, sans trinquer avec un vagin.
V’là que j’bande... Ah! n’ craignez rien... J’ n’ai jamais eu c’ défaut-là... Un Français ne... boit... jamais seul...
Tisserand.
Boire un coup. Gamahucher une femme après l’avoir baisée, pour se préparer au second coup. La femme ne s’étant pas lavée, on est obligé d’ingurgiter le résultat de la première émission. Ce qui est rentrer dans son bien... avec intérêts. Voici à ce sujet une anecdote qui explique la chose:
M. Z., couché avec une actrice de la Comédie-Française, Mademoiselle X, avait déjà, courant la poste, fait une course... féconde. La fantaisie lui vint de gamahucher. Il invita donc la dame à passer au lavabo. Celle-ci, craignant le froid, ou ne tenant au sacrifice que pour plaire au sacrificateur, ne daigna pas se déranger, et, parodiant un vieux proverbe, elle s’écria en riant:
«Ah! bah!... quand le coup est tiré, il faut le boire!»
Boîte. Sous-entendu: à jouissance, ou bien encore, boîte à pines. Fille publique.
Bondon. Employé dans un sens obscène pour désigner le membre viril.
A peine sont-elles aussi grandes qu’un tonneau qu’elles veulent avoir le bondon.
Tabarin.
C’est mon tonneau, j’en porte le bondon.
Voltaire.
Bonheur. Aller au bonheur. Employé dans un sens obscène pour désigner l’acte vénérien.
Il ne répondit aux reproches qu’on lui faisait qu’en achevant son bonheur.
Diderot.
Bonneau. Homme serviable qui se charge—moyennant finance—d’aplanir les difficultés que pourraient éprouver à se rencontrer une femme mariée et son amant. Son obligeance va même jusqu’à procurer des amants à celles et des maîtresses à ceux qui en désirent.
Bonne enfant (Être). C’est, pour une putain, se prêter à tous les caprices libertins de l’homme qu’elle a raccroché.
Déboutonn’-toi, tu verras comme
J’ s’rai bonne enfant: j’ t’amus’rai bien.
Henry Monnier.
Bonnes fortunes. Coups qu’un homme tire avec le sexe: autant de femmes, autant de bonnes fortunes.
Une jeune fille dira sans rougir, d’un jeune homme:—Il a eu tant de bonnes fortunes.—Mais elle se croirait déshonorée si elle disait de lui:—Il a foutu tant de femmes. Et pourtant, c’est exactement la même chose.
A. François.
Chacun rencontre sa chacune,
Nul ne fut sans bonne fortune.
Voiture.
Bonnet ou Bonnet à poil. La nature de la femme, que l’homme place sur la tête de son priape à la grande satisfaction de celui-ci. Il y a des bonnets pour toutes les têtes et des têtes pour tous les bonnets.
Ma Lisa, ma Lisa, tiens bien ton bonnet.
E. Debraux.
Tu vas me dire, je le gage,
Que la chaleur de ton bonnet
Fera transpirer son... visage
Guillemé.
Un bonnet à poil, je te jure,
Aujourd’hui ferait son bonheur;
Pour faire admirer sa tournure,
Coiffe mon petit voltigeur.
Guillemé.
Mon ourson ne servit plus guère;
Car, comm’ disait notre aumônier:
J’ connais c’ pays qu’on prône,
Novi, Florence, Ancône;
Mais l’Italien, peu guerrier,
Rarement coiffe—un bonnet d’ guernadier.
Henri Simon.
Bontés. Coups tirés avec un homme. Expression chaste, sens obscène.
Vous êtes un ingrat: je regrette d’avoir eu des bontés pour vous, et de vous avoir ainsi donné le droit de me mépriser.
J. Du Boys.
Bordel. Couvent de femmes qui ont fait vœu de lubricité. C’est le ganea (γάνος, joie) des Anciens, ordinairement situé loin de la ville, et la Borde (petite maison) des Modernes, située aussi dans la campagne, loin des regards