Les liaisons dangereuses. Choderlos de Laclos
pieds de leurs dames les fruits brillants de leur victoire. Sérieusement, je suis curieuse de savoir ce que peut écrire une prude après un tel moment, et quel voile elle met sur ses discours, après n’en avoir plus laissé sur sa personne. C’est à vous de voir si je me mets à un prix trop haut, mais je vous préviens qu’il n’y a rien à rabattre. Jusque-là, mon cher vicomte, vous trouverez bon que je reste fidèle à mon chevalier, et que je m’amuse à le rendre heureux, malgré le petit chagrin que cela vous cause.
Cependant si j’avais moins de mœurs, je crois qu’il aurait dans ce moment un rival dangereux: c’est la petite Volanges. Je raffole de cette enfant; c’est une vraie passion. Ou je me trompe, ou elle deviendra une de nos femmes les plus à la mode. Je vois son petit cœur se développer, et c’est un spectacle ravissant. Elle aime déjà son Danceny avec fureur, mais elle n’en sait encore rien. Lui-même, quoique très amoureux, a encore la timidité de son âge, et n’ose pas trop le lui apprendre. Tous deux sont en adoration vis-à-vis de moi. La petite surtout a grande envie de me dire son secret; particulièrement depuis quelques jours je l’en vois vraiment oppressée et je lui aurais rendu un grand service de l’aider un peu; mais je n’oublie pas que c’est une enfant, et je ne veux pas me compromettre. Danceny m’a parlé un peu plus clairement, mais, pour lui, mon parti est pris, je ne veux pas l’entendre. Quant à la petite, je suis souvent tentée d’en faire mon élève; c’est un service que j’ai envie de rendre à Gercourt. Il me laisse du temps, puisque le voilà en Corse jusqu’au mois d’octobre. J’ai dans l’idée que j’emploierai ce temps-là et que nous lui donnerons une femme toute formée, au lieu de son innocente pensionnaire. Quelle est donc, en effet, l’insolente sécurité de cet homme qui ose dormir tranquille, tandis qu’une femme qui a à se plaindre de lui, ne s’est pas encore vengée? Tenez, si la petite était ici dans ce moment, je ne sais ce que je ne lui dirais pas.
Adieu, vicomte, bonsoir et bon succès, mais, pour Dieu, avancez donc. Songez que si vous n’avez pas cette femme les autres rougiront de vous avoir eu.
De..., ce 20 août 17**.
Pl. III
Fragonard fils inv. Dupréel sc.
Lettre XXI
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