Albert Durer a Venise et dans les Pays-Bas. Albrecht Durer
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Albrecht Dürer
Albert Durer a Venise et dans les Pays-Bas
Autobiographie, lettres, journal de voyages, papiers divers
Publié par Good Press, 2020
EAN 4064066073718
Table des matières
A MONSIEUR LE BARON BEYENS Ministre de Belgique en France Hommage affectueux, CHARLES NARREY.
LETTRES CONFIDENTIELLES D'ALBERT DÜRER A BILIBALD PIRKEIMER [12]
II
IMPRIMERIE J. CLAYE
RUE SAINT BENOIT 7
PARIS
III IV
Montigneul SC AH-CABASSON D
V
ALBERT DURER
A VENISE
ET
DANS LES PAYS-BAS
AUTOBIOGRAPHIE
LETTRES, JOURNAL DE VOYAGES
PAPIERS DIVERS
TRADUITS DE L'ALLEMAND
AVEC DES NOTES ET UNE INTRODUCTION
PAR
CHARLES NARREY
Ouvrage orné de 27 gravures sur papier de Chine
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PARIS
LIBRAIRIE Ve JULES RENOUARD, ÉDITEUR G. ÉTHIOU-PÉROU, DIRECTEUR-GÉRANT 6, RUE DE TOURNON, 6
MDCCCLXVI
VI VII
A
MONSIEUR LE BARON BEYENS
Ministre de Belgique en France
Hommage affectueux,
CHARLES NARREY.
VIII
INTRODUCTION.
La vie des grands hommes est le flambeau qui éclaire leur œuvre.
Les souffrances et les faiblesses, les luttes et les triomphes de ces génies prédestinés expliquent et commentent leurs ouvrages, et chaque étape de leur existence correspond à une évolution de leur talent. Leur biographie est donc en quelque sorte le lien logique de leurs ouvrages; elle donne la clef de la succession de leurs pensées et démontre comment elles s'enchaînent.
Écrire l'histoire d'un grand artiste, si l'on se place à ce point de vue élevé, c'est faire en même temps l'histoire de ses idées, c'est pénétrer avec lui dans les mystères de son inspiration.
Prenez l'homme le plus profondément original, et le plus rebelle aux influences extérieures; ses relations avec ses contemporains, son commerce avec d'autres artistes, grands comme lui, mais comprenant leur art de façons différentes, ne pourront manquer d'imprimer une modification, si minime qu'elle soit, à ses propres idées.
S'il y a entre les hommes ainsi rassemblés par le caprice du hasard ou par une loi mystérieuse de la création de larges points de contact et des horizons communs, cette influence deviendra décisive et modifiera parfois d'une manière profonde le faire de l'artiste qui la subit. Y a-t-il au contraire une opposition fondamentale entre leur esprit, leur principe réciproque s'accentuera avec plus de vigueur, et leur contact servira à caractériser davantage leur tendance primitive. Grande ou petite, profonde ou superficielle, cette influence doit subsister, et la saisir jusque dans ses manifestations les moins apparentes est l'objet de la critique.
Or, c'est l'histoire de l'artiste, et son histoire de chaque jour, qui peut en fournir les éléments d'appréciation.
Quoi d'étonnant alors que les moindres particularités de la vie privée d'un grand homme acquièrent la plus haute valeur aux yeux de la postérité?
Aussi, dans ces derniers temps, ce genre d'études historiques a-t-il fait l'objet de nombreux et de consciencieux travaux. On a cherché à y introduire la précision et la sévérité de la critique moderne, et l'on a bravement fermé la porte à toutes les fables et à toutes les anecdotes de contrebande, pour y substituer définitivement la vérité dans sa froide et chaste nudité. Mais on ne croit guère que de pareils travaux présentent énormément de difficultés, et beaucoup plus même que ceux qui concernent la grande histoire.
Les faits que recherche le biographe sont presque toujours d'une apparente insignifiance, et par cela même les contemporains des grands hommes, sans prévoir la valeur que ces détails pourront acquérir un jour, ont négligé de les consigner. Aussi quelle bonne fortune extraordinaire, lorsque l'artiste lui-même, soit par une sage prévision, soit dans un but désintéressé, a pris soin de rassembler minutieusement tous les matériaux d'une autobiographie.
C'est précisément ce qui nous arrive pour l'illustre père de l'école allemande.
Albert Dürer a laissé sur sa vie privée un grand nombre de notes et de correspondances qui éclairent d'un jour nouveau sa vie et ses œuvres, et mettent hors de discussion un grand nombre de points qui, pour des artistes beaucoup plus récents même, ne sont ordinairement qu'un stérile sujet de querelles entre les historiens.
Mais avant de donner la parole au maître lui-même et de laisser découler de ses écrits les commentaires qui en dérivent, on nous permettra d'en tirer quelques conclusions générales et quelques conclusions personnelles.
Ce qui résulte d'abord de la vie de cet éminent artiste, telle qu'il l'a simplement racontée lui-même, ce qui ressort de la lecture de sa correspondance intime avec son ami Bilibald Pirkeimer, c'est une profonde estime pour le caractère de l'homme, comme une grande admiration pour l'artiste ressort de la contemplation de ses œuvres.
Albert Dürer est un aussi grand et noble caractère qu'il est un génie original et transcendant. Cette double perfection est une chose trop rare dans le cercle des grands esprits pour ne pas y insister.
On dirait, en vérité, que l'intelligence ne peut se développer qu'au détriment du caractère, et trop souvent l'épanouissement de la pensée a pour corollaire fatal l'atrophie morale du cœur. Si quelque chose, par exemple, pouvait amoindrir notre admiration pour le panthéiste Gœthe, ne serait-ce pas la sécheresse de son âme et l'égoïsme de son caractère. L'esprit humain, qui tend sans cesse à l'idéal et qui prodigue d'instinct aux élus de l'intelligence tous les dons et toutes les