Scènes de la vie de jeunesse: Nouvelles. Henri Murger

Scènes de la vie de jeunesse: Nouvelles - Henri Murger


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Ulric indigné de pareils propos. Dans un tel moment, devant ce lit, c'est odieux.

      Et comme la voisine continuait, Ulric, ne pouvant davantage contenir sa colère, la prit par le bras et la mit dehors.

      Peu à peu Rosette sortit de son abattement, et lorsque, revenue presque entièrement à elle, elle aperçut un jeune homme dans cette chambre où elle se croyait seule, elle ne put retenir un cri d'étonnement.

      —Pardonnez-moi, mademoiselle, dit Ulric très doucement, si j'ai pris la liberté d'entrer chez vous....

      —Je... ne... vous connais pas... je ne sais, monsieur... répondit la jeune fille en balbutiant.

      —Tout à l'heure, reprit Ulric, j'ai entendu appeler au secours, et je suis monté; voilà comment vous me trouvez ici. Veuillez m'excuser si j'ai pris la liberté de rester; dans les circonstances douloureuses où vous vous trouvez, et vous voyant seule, j'ai cru devoir rester pour me mettre à votre disposition....

      —Merci, monsieur, dit Rosette. Je....

      —La mort de votre mère nécessite des démarches à faire; il y a une foule de détails dont vous ne pouvez vous occuper vous-même. Il faut prévenir vos parents, vos amis, pour qu'ils viennent vous assister.... Toutes ces courses, je les ferai. Ce sont là de légers services qui se proposent et qui s'acceptent entre voisins, car je suis le vôtre; je m'appelle Marc Gilbert; je suis ouvrier et je travaille dans la fabrique de M. Vincent....

      —Je n'ai ni parents ni amis; je n'avais que ma mère. Ah! Mon Dieu! Comment faire? Qu'est-ce que je vais devenir? s'écria Rosette en pleurant.

      Ce cri, qui révélait un abandon et une misère si profonds, émut Ulric.

      —S'il en est ainsi, mademoiselle, dit-il à Rosette, par amour même pour votre mère, vous devriez accepter mes propositions, et me laisser le soin de veiller aux tristes devoirs qu'il reste à accomplir.

      Après une longue hésitation, Rosette se laissa convaincre et accepta les offres de service que lui faisait Ulric.

      Le lendemain un modeste corbillard emmenait à l'église le corps de la mère Durand, et de là au cimetière, où Ulric avait acquis une fosse particulière pour que l'orpheline pût y agenouiller son souvenir filial.

      Deux jours après l'enterrement de sa mère, Rosette vint chez Ulric pour le remercier de ce qu'il avait fait pour elle. Elle exprima sa reconnaissance avec une franchise et une sincérité telles qu'Ulric resta encore plus ému après cette seconde entrevue qu'il ne l'avait été lors de sa première rencontre avec la jeune fille.

      Quelque temps après, comme il rentrait chez lui le soir, son portier lui remit une lettre. Ulric, inquiet de savoir qui pouvait lui écrire, courut d'abord à la signature: il y trouva celle de Rosette. La lettre contenait ces mots:

      «Monsieur Marc, «Excusez-moi si je prends la liberté de vous écrire; c'est que j'ai de mauvaises nouvelles à vous apprendre, et je ne puis pas aller chez vous pour vous les dire. Il y a des méchantes gens dans la maison, et on dit de vilaines choses sur nous deux à cause du service que vous m'avez rendu. J'ai beaucoup de chagrin, et je voudrais vous voir un moment. Ce soir, en revenant de mon ouvrage, je passerai par la grande allée du jardin des plantes. «Votre servante bien reconnaissante, «Rosette Durand.»

      Ulric courut au rendez-vous que lui donnait l'orpheline. Elle venait seulement d'arriver. Sans parler, elle prit le bras d'Ulric, et le jeune homme s'aperçut que son cœur battait avec violence. Son visage était pâle, fatigué, et laissait voir des traces d'une rosée de larmes. Il la conduisit dans une allée peu fréquentée, et la fit asseoir auprès de lui sur un banc désert.

      —Qu'est-il arrivé, Rosette? demanda Ulric.

      —Ne l'avez-vous pas deviné en lisant ma lettre? répondit la jeune fille en baissant les yeux. Oh! c'est horrible, ce qu'on a dit! ajouta-t-elle précipitamment, et une rougeur d'indignation empourpra son visage.

      —Et bien, dit Ulric, qu'a-t-on pu dire? que j'étais votre amant, n'est-ce pas?

      —Si on n'avait dit que cela, je ne souffrirais pas tant, continua Rosette,—car ce serait seulement ma vertu qu'on attaquerait;—mais c'est plus horrible. On a dit que nous avions joué tous les deux une comédie, le jour même où ma mère est morte. Ce service que vous m'avez si généreusement rendu sans me connaître, on a dit que c'était une spéculation, un marché... conclu et payé... devant le corps de ma mère....

      —C'est odieux! On a dit cela? fit Ulric.

      —Et depuis quelques jours tout le monde le répète dans la maison, dit Rosette.

      —Eh bien, ma pauvre enfant, que voulez-vous y faire? Ce que vous m'apprenez ne m'étonne pas. Je comprends que vous vous soyez indignée de cette monstrueuse calomnie; mais, à vrai dire, j'eusse été surpris davantage si elle n'avait pas été faite. Il y a des gens qui ne peuvent pas comprendre qu'on fasse le bien seulement pour le bien; nous avons affaire à ces gens-là, et quoi que nous disions, quoi que nous fassions, l'honnêteté de nos relations sera toujours criminelle à leurs yeux.

      En ce moment une ombre passa rapidement devant le banc sur lequel ils étaient assis, et une voix leur jeta ces mots en passant: Bonsoir, les amoureux!

      Rosette tressaillit et se serra auprès d'Ulric.

      Tous deux venaient de reconnaître la voix d'une de leurs voisines.

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