Pour la patrie: Roman du XXe siècle. Jules Paul Tardivel
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Jules Paul Tardivel
Pour la patrie: Roman du XXe siècle
Publié par Good Press, 2020
EAN 4064066087487
Table des matières
Par
J.-P. TARDIVEL
Directeur de la Vérité
Ne læteris inimica mea super me, quia cecidi: consurgam, cum sedero in tenebris, Dominus lux mea est.
Ô mon ennemie, ne vous réjouissez point de ce que je suis tombée; je me relèverai après que je me serai assise dans les ténèbres; le Seigneur est ma lumière.
Michæas, propheta, VII, 8.
MONTRÉAL
CADIEUX & DEROME
LIBRAIRES-ÉDITEURS
1895
AVANT-PROPOS
Le R. P. Caussette, que cite le R. P. Fayollat dans son livre sur l'Apostolat de la presse, appelle les romans une invention diabolique. Je ne suis pas éloigné de croire que le digne religieux a parfaitement raison. Le roman, surtout le roman moderne, et plus particulièrement encore le roman français me paraît être une arme forgée par Satan lui-même pour la destruction du genre humain. Et malgré cette conviction j'écris un roman! Oui, et je le fais sans scrupule; pour la raison qu'il est permis de s'emparer des machines de guerre de l'ennemi et de le faire servir à battre en brèche les remparts qu'on assiège. C'est même une tactique dont on tire quelque profit sur les champs de bataille.
On ne saurait contester l'influence immense qu'exerce le roman sur la société moderne. Jules Vallès, témoin peu suspect, a dit: “Combien j'en ai vu de ces jeunes gens, dont le passage, lu un matin, a dominé, défait ou refait, perdu ou sauvé l'existence. Balzac, par exemple, comme il a fait travailler les juges et pleurer les mères! Sous ses pas, que de consciences écrasées! Combien, parmi nous, se sont perdus, ont coulé, qui agitaient au-dessus du bourbier où ils allaient mourir une page arrachée à la Comédie humaine.... Amour, vengeance, passion, crime, tout est copié, tout. Pas une de leurs émotions n'est franche. Le livre est là.” [Citation du père Fayollat.]
Le roman est donc, de nos jours une puissance formidable entre les mains du malfaiteur littéraire. Sans doute, s'il était possible de détruire, de fond en comble, cette terrible invention, il faudrait le faire, pour le bonheur de l'humanité; car les suppôts de Satan le feront toujours servir beaucoup plus à la cause du mal que les amis de Dieu n'en pourront tirer d'avantages pour le bien. La même chose peut se dire, je crois, des journaux. Cependant, il est admis, aujourd'hui, que la presse catholique est une nécessité, même une œuvre pie. C'est que, pour livrer le bon combat, il faut prendre toutes le armes,