Le roman bourgeois: Ouvrage comique. Furetière Antoine

Le roman bourgeois: Ouvrage comique - Furetière Antoine


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href="#ulink_efdcd078-e930-55a5-bdea-5e1f790a17c5">[8]? et, excepté quelques intéressés de l'Académie, tout le reste lui donnoit les mains. Cependant, et l'Académie, et lui, ont joué à la bascule, comme les enfants, sans pouvoir convenir d'un équilibre qui leur auroit sauvé, à l'un et à l'autre, tant de mauvaises démarches dont le public se divertit.»

      «A la mort de Furetière, il fut délibéré dans l'Académie si l'on feroit un service au défunt, selon l'usage pratiqué dès son établissement. M. Despréaux y alla exprès avec M. Racine le jour que la chose devoit être décidée; mais, voyant que le gros de l'Académie prenoit parti pour la négative, lui seul osa parler ainsi à cette compagnie:

      «Messieurs, il y a trois choses à considérer ici: Dieu, le public et l'Académie. A l'égard de Dieu, il vous saura sans doute très bon gré de lui sacrifier votre ressentiment et de lui offrir des prières pour un mort qui en auroit besoin plus qu'un autre, quand il ne seroit coupable que de l'animosité qu'il a montrée contre vous. Devant le public, il vous sera très glorieux de ne pas poursuivre votre ennemi par delà le tombeau. Et pour ce qui regarde l'Académie, sa modération sera très estimable quand elle répondra à des injures par des prières, et qu'elle n'enviera pas à un chrétien les ressources qu'offre l'église pour apaiser la colère divine. D'autant mieux qu'outre l'obligation indispensable de prier Dieu pour vos ennemis, vous vous êtes fait une loi particulière de prier pour vos confrères.»

      Ces considérations étoient nécessaires pour expliquer comment l'oubli injuste où Furetière est tombé peut n'être pas un argument contre sa valeur comme écrivain, et même comme romancier.

      Je me suis souvent étonné, en constatant le chiffre d'éditions atteint par le Roman comique de Scarron, de n'en trouver que trois du Roman bourgeois. Non pas qu'il soit jamais entré dans ma pensée d'établir un parallèle entre les deux livres. Le roman de Scarron, chef-d'œuvre de verve imaginative, d'invention et de fantaisie, appartient excellemment à l'ordre des récits d'intrigues et d'aventures; c'est un roman romanesque, admirable assurément. Le roman de Furetière, peinture aussi exacte que vive des habitudes et des travers de toute une classe de la société, est un tableau; c'est le premier roman d'observation qu'ait produit la littérature françoise.

      Les deux auteurs se rencontrent néanmoins dans une intention commune de réaction contre le romanesque guindé et emphatique des Scudéry, des Gomberville et des La Calprenède. Tout le monde connoît, sans que j'aie besoin de la rapporter, la phrase en forme de charade par laquelle débute le Roman comique.

      «—Je chante, dit l'auteur du Roman bourgeois, les amours et les advantures de plusieurs bourgeois de Paris, de l'un et de l'autre sexe.—Et, ce qui est de plus merveilleux, c'est que je les chante, et si je ne sçay pas la musique.» L'identité des deux intentions est frappante. Là, au surplus, s'arrête la similitude; on ne la ressaisit plus à travers le livre de Furetière que dans certaines boutades à intention comique ou burlesque, comme par exemple la scène ou Nicodème, voulant se jeter aux genoux de sa maîtresse, met en pièces le ménage de Mme Vollichon; ou celle encore des laquais vengeant leur maître, éclaboussé, par des coups de fouet et de pierres lancés au dos des maquignons.

      Peindre, telle est l'intention fondamentale du roman de Furetière, et peindre en caricature.

      Pour bien entrer dans le


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