LUPIN: Les aventures complètes. Морис Леблан

LUPIN: Les aventures complètes - Морис Леблан


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Ça me coûte trois cents louis, mais je suis tranquille, le voilà cloué sur place. »

      Un instant après, son auto le déposait devant le 29 de la villa Dupont, et, tout de suite, il trouva les Doudeville et leurs hommes réunis dans le vestibule.

      – Vous avez déniché le vieux ?

      – Non.

      – Tonnerre ! Il est pourtant quelque part ! Où sont les domestiques ?

      – Là, dans l’office, attachés.

      – Bien. J’aime autant n’être pas vu. Partez tous. Jean, reste en bas et fais le guet. Jacques, fais-moi visiter la maison.

      Rapidement, il parcourut la cave, le grenier. Il ne s’arrêtait pour ainsi dire point, sachant bien qu’il ne découvrirait pas en quelques minutes ce que ses hommes n’avaient pu découvrir en trois heures. Mais il enregistrait fidèlement la forme et l’enchaînement des pièces.

      Quand il eut fini, il revint vers une chambre que Doudeville lui avait indiquée comme celle d’Altenheim, et l’examina attentivement.

      – Voilà qui fera mon affaire, dit-il en soulevant un rideau qui masquait un cabinet noir rempli de vêtements. D’ici, je vois toute la chambre.

      – Et si le baron fouille sa maison ?

      – Pourquoi ?

      – Mais il saura que l’on est venu, par ses domestiques.

      – Oui, mais il n’imaginera pas que l’un de nous s’est installé chez lui. Il se dira que la tentative a manqué, voilà tout. Par conséquent, je reste.

      – Et comment sortirez-vous ?

      – Ah ! Tu m’en demandes trop. L’essentiel était d’entrer. Va, Doudeville, ferme les portes. Rejoins ton frère et filez… À demain ou plutôt…

      – Ou plutôt…

      – Ne vous occupez pas de moi. Je vous ferai signe en temps voulu.

      Il s’assit sur une petite caisse placée au fond du placard. Une quadruple rangée de vêtements suspendus le protégeait. Sauf le cas d’investigations, il était évidemment là en toute sûreté.

      Dix minutes s’écoulèrent. Il entendit le trot sourd d’un cheval, du côté de la villa, et le bruit d’un grelot. Une voiture s’arrêta, la porte d’en bas claqua, et presque aussitôt il perçut des voix, des exclamations, toute une rumeur qui s’accentuait au fur et à mesure, probablement, qu’un des captifs était délivré de son bâillon.

      « On s’explique, pensa-t-il… La rage du baron doit être à son comble… Il comprend maintenant la raison de ma conduite de ce soir, au cercle, et que je l’ai roulé proprement… Roulé, ça dépend, car enfin, Steinweg m’échappe toujours… Voilà la première chose dont il va s’occuper : lui a-t-on repris Steinweg ? Pour le savoir, il va courir à la cachette. S’il monte, c’est que la cachette est en haut. S’il descend, c’est qu’elle est dans les sous-sols. »

      Il écouta. Le bruit des voix continuait dans les pièces du rez-de-chaussée, mais il ne semblait point que l’on bougeât. Altenheim devait interroger ses acolytes. Ce ne fut qu’après une demi-heure que Sernine entendit des pas qui montaient l’escalier.

      « Ce serait donc en haut, se dit-il, mais pourquoi ont-ils tant tardé ? »

      – Que tout le monde se couche, dit la voix d’Altenheim.

      Le baron entra dans la chambre avec un de ses hommes et referma la porte.

      – Et moi aussi, Dominique, je me couche. Quand nous discuterions toute la nuit, nous n’en serions pas plus avancés.

      – Moi, mon avis, dit l’autre, c’est qu’il est venu pour chercher Steinweg.

      – C’est mon avis, aussi, et c’est pourquoi je rigole, au fond, puisque Steinweg n’est pas là.

      – Mais, enfin, où est-il ? Qu’est-ce que vous avez pu en faire ?

      – Ça, c’est mon secret, et tu sais que, mes secrets, je les garde pour moi. Tout ce que je peux te dire, c’est que la prison est bonne et qu’il n’en sortira qu’après avoir parlé.

      – Alors, bredouille, le prince ?

      – Je te crois. Et encore, il a dû casquer pour arriver à ce beau résultat. Non, vrai, ce que je rigole !… Infortuné prince !…

      – N’importe, reprit l’autre, il faudrait bien s’en débarrasser.

      – Sois tranquille, mon vieux, ça ne tardera pas. Avant huit jours, je t’offrirai un portefeuille d’honneur, fabriqué avec de la peau de Lupin. Laisse-moi me coucher, je tombe de sommeil.

      Un bruit de porte qui se ferme. Puis Sernine entendit le baron qui mettait le verrou, puis qui vidait ses poches, qui remontait sa montre et qui se déshabillait.

      Il était joyeux, sifflotait et chantonnait, parlant même à haute voix.

      – Oui, en peau de Lupin… et avant huit jours… avant quatre jours ! Sans quoi c’est lui qui nous boulottera, le sacripant !… Ça ne fait rien, il a raté son coup ce soir… Le calcul était juste, pourtant… Steinweg ne peut être qu’ici… Seulement, voilà…

      Il se mit au lit et tout de suite éteignit l’électricité. Sernine s’était avancé près du rideau, qu’il souleva légèrement, et il voyait la lumière vague de la nuit qui filtrait par les fenêtres, laissant le lit dans une obscurité profonde.

      « Décidément, c’est moi la poire, se dit-il. Je me suis blousé jusqu’à la gauche. Dès qu’il ronflera, je m’esquive… »

      Mais un bruit étouffé l’étonna, un bruit dont il n’aurait pu préciser la nature et qui venait du lit. C’était comme un grincement, à peine perceptible d’ailleurs.

      – Eh bien, Steinweg, où en sommes-nous ?

      C’était le baron qui parlait ! Il n’y avait aucun doute que ce fût lui qui parlât, mais comment se pouvait-il qu’il parlât à Steinweg, puisque Steinweg n’était pas dans la chambre ? Et Altenheim continua :

      – Es-tu toujours intraitable ?… Oui ?… Imbécile ! Il faudra pourtant bien que tu te décides à raconter ce que tu sais… Non ?… Bonsoir, alors, et à demain…

      « Je rêve, je rêve, se disait Sernine. Ou bien c’est lui qui rêve à haute voix. Voyons, Steinweg n’est pas à côté de lui, il n’est pas dans la chambre voisine, il n’est même pas dans la maison. Altenheim l’a dit… Alors, qu’est-ce que c’est que cette histoire ahurissante ? »

      Il hésita. Allait-il sauter sur le baron, le prendre à la gorge et obtenir de lui, par la force et la menace, ce qu’il n’avait pu obtenir par la ruse ? Absurdité ! Jamais Altenheim ne se laisserait intimider.

      « Allons, je pars, murmura-t-il, j’en serai quitte pour une soirée perdue. »

      Il ne partit point. Il sentit qu’il lui était impossible de partir, qu’il devait attendre, que le hasard pouvait encore le servir.

      Il décrocha avec des précautions infinies quatre ou cinq costumes et paletots, les étendit par terre, s’installa, et, le dos appuyé au mur, s’endormit le plus tranquillement du monde.

      Le baron ne fut pas matinal. Une horloge quelque part sonna neuf coups quand il sauta du lit et fit venir son domestique.

      Il lut le courrier que celui-ci apportait, s’habilla sans dire un mot, et se mit à écrire des lettres, pendant que le domestique suspendait soigneusement dans le placard les vêtements de la veille, et que Sernine, les poings en bataille, se disait :

      « Voyons, faut-il que je défonce le plexus solaire de cet


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