Le corsaire rouge. James Fenimore Cooper
n’était porté que sur une seule ancre, reprit le Corsaire en riant. Mais je ne hasarde jamais rien sans raison. Il ne me serait pas bien difficile, avec une artillerie telle que celle que j’ai à bord, de faire taire la batterie de ce simulacre de fort; mais en le faisant, nous pourrions recevoir quelque mauvais coup, et ainsi je me tiens prêt à partir au premier instant.
–Il doit être assez embarrassant de soutenir une guerre dans laquelle on ne peut jamais baisser pavillon, quelle que soit la position où l’on se trouve, dit Wilder plutôt du ton d’un homme qui réfléchit en lui-même, que de quelqu’un qui veut exprimer tout haut son opinion.
–La mer est toujours sous nos pieds, fut la réponse laconique du Corsaire. Mais à vous je puis dire que, par principe, je prends le plus grand soin de mes espars. Je les ménage comme le cheval que l’on destine à disputer le prix de la course; car souvent il devient nécessaire que notre valeur soit tempérée par la prudence.
–Et où, comment vous radoubez-vous lorsque vous avez souffert dans une tempête ou dans un combat?
–Hem! nous venons à bout de nous radouber, Monsieur, et de tenir la mer en assez bon état. 1
Il s’arrêta, et Wilder, s’apercevant qu’il n’était pas encore jugé digne d’une confiance entière, garda le silence. L’officier ne tarda pas à revenir, suivi du nègre seul. Quelques mots suffirent pour faire connaître l’état où se trouvait Fid. Notre jeune aventurier en éprouva une sensible mortification. L’air de franchise et de bonne foi avec lequel il se retourna du côté du Corsaire, pour le prier de pardonner à son matelot d’avoir pu s’oublier de la sorte, convainquit celui-ci qu’il ne soupçonnait pas le petit complot dont Fid avait été la victime.
–Vous connaissez trop bien les matelots, Monsieur, lui dit-il, pour faire au pauvre diable un crime de ce moment d’oubli. Mettez-le sur une vergue ou après un cordage, jamais vous n’aurez vu un meilleur matelot que Dick Fid; mais je dois convenir qu’il est si bon camarade, qu’il est toujours prêt à tenir tête à tout le monde le verre à la main.
–Il est heureux qu’il vous reste un homme pour conduire la barque, reprit le capitaine d’un air insouciant.
–Je la conduirai très-bien moi-même, et je préfère ne pas séparer ces deux matelots. Si vous le permettez, le nègre couchera dès ce soir à bord du vaisseau.
–Comme vous voudrez. Les hamacs vides ne manquent pas ici depuis la dernière escarmouche.
Wilder ordonna alors à Scipion de retourner auprès de son compagnon, et de prendre soin de lui jusqu’à ce que Fid fût en état de prendre soin de lui-même. Le nègre, qui était loin d’avoir les idées aussi nettes que de coutume, obéit volontiers. Le jeune lieutenant prit ensuite congé de ses nouveaux amis, et descendit dans la barque. D’un bras vigoureux il la poussa loin du vaisseau, et alors ses yeux se portèrent avec un plaisir toujours nouveau sur les agrès et les cordages disposés avec un ordre si parfait; puis ils s’abaissèrent sur le tillac. Une forme humaine se dessinait au pied du beaupré, et semblait suivre la barque sur les eaux; et, malgré l’obscurité de la nuit, il crut reconnaître, dans celui qui prenait tant d’intérêt à ses moindres mouvements, le Corsaire Rouge.
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