Les enfants, L'élève Gendrevin. Robert 1853-1886 Caze

Les enfants, L'élève Gendrevin - Robert 1853-1886 Caze


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       Robert Caze

      Les enfants, L'élève Gendrevin

      Publié par Good Press, 2021

       [email protected]

      EAN 4064066302313

       LA CRISE

       I

       II

       III

       L’ENFANCE

       I

       II

       III

       IV

       V

       LA MUE

       I

       II

       III

       Table des matières

       Table des matières

      –Candelaire! votre leçon.

      Un grand diable très maigre, dont les cheveux d’un blond sale se hérissaient au-dessus d’un front étroit, eva vers le maître d’étude sa face semée de son.

      –Eh bien! répéta le pion, est-ce pour aujourd’hui, monsieur Candelaire? Je vous ai demandé votre econ.

      –M’sieu, c’est que...

      –C’est que? Allons! dites vite.

      –C’est que... je ne sais pas encore tout à fait, murmura l’élève.

      –Très bien! Je vous marque un mal. Vous vous arrangerez avec M. Lebrègue. A un autre!

      Candelaire haussa les épaules, allongea ses lèvres qui firent une lippe énorme et campant bruyamment son coude gauche sur son pupitre, il appuya sa tête.

      –A un autre, reprit le maître d’étude. Voyons, messieurs, dépêchons-nous. L’heure va sonner. Personne n’est prêt. J’appelle alors par ordre alphabétique ceux qui n’ont pas encore récité... Dansel?

      –Sais pas, m’sieu.

      Toute l’étude se mit à rire. Le nommé Dansel avait en effet répondu en parfait sceptique qui se moque absolument des mauvaises notes et de la discipline. Il avouait sur un ton gouailleur, son ignorance de cancre satisfait. Il mettait dans son accent une sorte de défi à l’autorité. Révolté bon enfant, il agaçait au suprême degré les maîtres qui le déclaraient «indécrottable.» Ce cliché universitaire pesait légèrement du reste sur Dansel.

      –Voulez-vous réciter, oui ou non, monsieur Dansel? s’écria le pion.

      –Non, puisque je ne sais pas.

      Il eut un large sourire qui coupa en deux le bas de sa face rose d’enfant solide. Ses petits yeux gris brillèrent malicieusement et l’insolence de son attitude était encore exagérée par le sans-gêne de son nez à boulette.

      –Monsieur Dansel, reprit le surveillant, votre paresse n’a d’égales que votre impertinence et votre mauvais vouloir. Je vous marque une très mauvaise note que j’accompagne d’une observation motivée. M. Lebrègue saura, je l’espère, vous rendre la justice qui vous est due. En attendant, je vous inflige une heure de retenue pour vous apprendre la politesse.

      –Alors, il paraît que j’ai été malhonnête? interrogea Dansel. Je ne vous ai pourtant rien dit de mal, m’sieu Bisson.

      –Dansel, une heure de plus pour répliquer. Maintenant faites-moi le plaisir de vous taire et d’apprendre votre leçon, n’est-ce pas?

      Le cancre jouait l’étonnement. Il ouvrait les yeux, essayant de les agrandir et sa bouche béait.

      –Dansel, je vous prie encore une fois d’étudier, reprit M. Bisson. Ne me contraignez pas à user du règlement contre vous.

      Les autres élèves avaient tous levé la tête. Ils s’attendaient à une rébellion. D’avance ils jouissaient d’un quart d’heure de désordre qui allait leur procurer des distractions. Ils étaient là une trentaine d’adolescents assis devant quatre tables noires qui se faisaient face deux par deux.

      Dansel restait toujours ébaubi.

      –Monsieur Dansel, voulez-vous oui ou non jeter les yeux sur votre Virgile? continua le maître d’étude. Vous résistez? Vous êtes bien décidé à me contrarier.

      –Oh! m’sieu, je ne vous veux pas de mal, moi. C’est vous qui...

      Ce «je ne vous veux pas de mal» lancé à brûle-pourpoint avec une forte naïveté ironique obtint un franc succès. L’étude tout entière se mit à rire et, dans léclat des voix, on distinguait des cris aigus, des glapissements forcés.

      Le pion frappa le bois de sa chaire avec une règle maculée d’encre et il clama:

      –Silence! Messieurs.

      L’ordre se rétablit peu à peu, tandis que d’un regard M. Bisson cherchait à reconnaître les élèves les plus bruyants.

      –Monsieur Dansel, reprit-il, je renonce à m’occuper de vous pour le moment. Mais tout vient en son temps. Je vous promets que vous aurez de mes nouvelles. Klopfstein, votre leçon.

      Un enfant brun qui avait le teint pâle à peine éclairé par des yeux couleur myosotis se leva et se dirigea, livre en mains, vers la chaire. Il remit au sous-maître le bouquin cartonné sur la couverture duquel s’étalaient les grandes capitales suivantes, P. Virgilii Maronis opera. A voix moyenne, presque basse, Klopfstein ànonnait les hexamètres du poète de Mantoue et dans la tranquillité provisoire de l’étude, la voix molle du pion corrigeait les lapsus de mémoire du collégien.

      –Vous passez un vers, Klopfstein, après vinoque sepultam, il y a Cæduntur vigiles.

      Puis comme l’élève se reprenait en estropiant la cadence.

      –Mais non, Virgile n’a pas écrit Vigiles cæduntur. Il ne faisait pas de vers faux, Virgile. Il a mis cæduntur vigiles. Répétez.

      Klopfstein répéta. A l’autre bout de la salle, un écolier accoudé regardait distraitement ce martyr de la récitation. Il semblait vouloir


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