Un Cri D’ Honneur. Morgan Rice
ne bougea pas. Illepra lui passa la main derrière la tête, la lui souleva et le força à avaler le liquide. La plus grande partie se répandit sur le côté de ses joues, mais une partie lui descendit dans la gorge.
Illepra tamponna le liquide qui restait sur sa bouche et sa mâchoire, puis se pencha finalement en arrière et soupira.
“Vivra-t-il ?” demanda Gwen, frénétique.
“Peut-être”, dit-elle sombrement. “Je lui ai donné tout ce que j'ai, mais ça ne sera pas assez. Sa vie est entre les mains du destin.”
“Que puis-je faire ?” demanda Gwen.
Elle se tourna et fixa Gwen du regard.
“Prier pour lui. Ça va vraiment être une longue nuit.”
CHAPITRE CINQ
Kendrick n'avait jamais apprécié ce qu'était la liberté, la vraie liberté, avant ce jour. Le temps qu'il avait passé enfermé au cachot avait changé la façon dont il envisageait la vie. Maintenant, il en appréciait toutes les petites choses, le soleil sur sa peau, le vent dans ses cheveux, rien qu'être dehors. Charger sur un cheval, sentir la terre filer sous lui, se retrouver en armure, récupérer ses armes et chevaucher avec ses frères d'armes lui donnait l'impression de sortir de la bouche d'un canon, lui donnait une sensation d'intrépidité qu'il n'avait jamais ressentie auparavant.
Kendrick galopait, penché dans le vent, Atme, son ami proche, à ses côtés, extrêmement reconnaissant de pouvoir se battre avec ses frères, de ne pas rater cette bataille. Il voulait surtout libérer sa ville natale des McCloud et les faire payer pour leur invasion. Il chevauchait pour faire couler le sang, même si, alors qu'il chevauchait, il savait que la vraie cible de sa colère n'était pas les McCloud mais son frère Gareth. Il ne lui pardonnerait jamais de l'avoir fait emprisonner, de l'avoir accusé du meurtre de son père, de l'avoir fait arrêter devant ses hommes et d'avoir essayé de le faire exécuter. Kendrick voulait se venger de Gareth mais, comme il ne pouvait pas le faire, du moins pas aujourd'hui, il allait se défouler sur les McCloud.
Cependant, quand Kendrick reviendrait à la Cour du Roi, il réglerait ses comptes. Il ferait tout ce qu'il pourrait pour détrôner son frère et mettre sa sœur Gwendolyn au pouvoir.
Ils s'approchèrent de la cité mise à sac. D'énormes nuages noirs gonflés roulèrent vers eux et remplirent les narines de Kendrick de fumée acre. Ça lui faisait de la peine de voir une cité MacGil dans cet état. Si son père avait encore été en vie, cela ne serait jamais arrivé; si Gareth ne lui avait pas succédé, cela ne serait jamais arrivé non plus. C'était une honte, une tache sur l'honneur des MacGil et de l'Argent. Kendrick pria pour qu'ils n'arrivent pas trop tard pour sauver ces gens, pour que les McCloud ne soient pas là depuis trop longtemps et pour que pas trop de gens n'aient été blessés ou tués.
Il força son cheval à courir plus vite, dépassa les autres alors qu'ils chargeaient tous, comme un essaim d'abeilles, vers les portes ouvertes de la cité. Ils entrèrent en coup de vent. Kendrick tira son épée, se préparant à rencontrer une armée McCloud dès leur entrée dans la cité. Il poussa un grand cri comme tous les hommes autour de lui, se préparant à l'impact.
Cependant, quand il passa les portes et entra dans la place poussiéreuse de la cité, il fut déconcerté par ce qu'il vit: rien. Tout autour de lui, il y avait les signes caractéristiques d'une invasion: la destruction, les feux, les maisons pillées, les piles de cadavres, les femmes qui rampaient. Il y avait des animaux tués, du sang sur les murs. Ç’avait été un massacre. Les McCloud avaient détruit ces gens innocents. Y penser rendit Kendrick malade. C'étaient des lâches.
Cependant, ce qui décontenança Kendrick alors qu'il chevauchait, c'était que les McCloud étaient invisibles. Il ne comprenait pas. C'était comme si toute l'armée était partie délibérément, comme s'ils avaient su qu'ils arrivaient. Les feux étaient encore allumés et il était clair qu'ils avaient été allumés dans un but précis.
Kendrick commençait à comprendre que tout ça était un leurre. Que les McCloud avaient voulu attirer l'armée MacGil en ce lieu.
Mais pourquoi ?
Kendrick se retourna soudain, regarda autour de lui en essayant désespérément de voir s'il lui manquait des hommes, si un contingent avait été attiré ailleurs, dans un autre lieu. Il se sentit envahi par une nouvelle impression, l'impression que tout ça avait été organisé pour séparer un groupe de ses hommes, pour leur tendre une embuscade. Il regarda partout en se demandant qui manquait à l'appel.
Soudain, il comprit. Une personne manquait à l'appel. Son écuyer.
Thor.
CHAPITRE SIX
Thor était à cheval, en haut de la colline, le groupe de membres de la Légion et Krohn à côté de lui, et il regardait la scène saisissante qui se déroulait devant lui: jusqu'à perte de vue, il y avait des troupes McCloud à cheval, une vaste, immense armée qui les attendait. On leur avait tendu un piège. Forg avait dû les emmener ici exprès, avait dû les trahir, mais pourquoi ?
Thor déglutit en contemplant ce qui semblait être leur mort certaine.
Un grand cri de guerre s'éleva quand l'armée McCloud les chargea soudain. Ils n'étaient qu'à quelques centaines de mètres et se rapprochaient vite. Thor regarda par dessus son épaule, mais il n'y avait pas de renforts pour autant qu'il puisse voir. Ils étaient complètement seuls.
Thor savait que leur seul choix était d'opposer une dernière résistance ici, sur cette petite colline, à côté de ce donjon abandonné. Ils n'avaient aucune chance, ne pouvaient pas du tout remporter cette bataille. Cependant, s'il fallait qu'il tombe, il tomberait avec courage et leur ferait face comme un homme. La Légion lui avait au moins appris ça. On ne s'enfuit pas. Thor se prépara à affronter sa propre mort.
Thor tourna, regarda ses amis et vit qu'ils étaient eux aussi blancs de peur; il vit la mort dans leurs yeux. Cependant, à leur grand mérite, ils restèrent courageux. Aucun d'entre eux ne sursauta, alors que leurs chevaux caracolaient, ni ne fit de mouvement pour se retourner et s'enfuir. La Légion était un tout, maintenant. Ils étaient plus que des amis: les Cent avaient fait d'eux une équipe de frères. Aucun d'entre eux n'abandonnerait un compagnon. Ils avaient tous fait un serment et leur honneur était en jeu. Et pour la Légion, l'honneur était plus sacré que le sang.
“Messieurs, je pense vraiment que nous allons devoir nous battre”, annonça lentement Reece en tendant le bras et en tirant son épée.
Thor baissa le bras et tira sa fronde. Il voulait en abattre autant que possible avant qu'ils les atteignent. O’Connor tira sa lance courte, Elden dressa son javelot, Conval leva un marteau à lancer et Conven un pieu à lancer. Les autres garçons de la Légion qui les accompagnaient, ceux que Thor ne connaissait pas, tirèrent leur épée et levèrent leur bouclier. Thor sentit la peur remplir l'air, et il la sentit aussi pendant que le bruit de tonnerre des sabots des chevaux allait croissant et que le son des cris des McCloud montait au ciel comme un coup de tonnerre sur le point de les frapper. Thor savait qu'il leur fallait une stratégie, mais il ne savait pas laquelle.
A côté de Thor, Krohn grogna. Thor tira inspiration de l'intrépidité de Krohn: il ne gémissait jamais, ne songeait jamais à fuir. En fait, les poils se dressèrent sur son dos et il marcha lentement en avant comme pour rencontrer l'armée tout seul. Thor savait que, chez Krohn, il avait trouvé un vrai compagnon de bataille.
“Penses-tu que les autres vont venir nous soutenir ?” demanda O’Connor.
“Pas à temps”, répondit Elden. “Forg nous a trahis.”
“Mais pourquoi ?” demanda Reece.
“Je ne sais pas”, répondit Thor en avançant sur son cheval, “mais j'ai bien peur que ce soit à cause de moi. Je pense que quelqu'un veut que je meure.”
Thor sentit les autres se tourner vers lui et le regarder.
“Pourquoi ?” demanda Reece.
Thor haussa