Un Cri D’ Honneur. Morgan Rice
des Montagnes, ou le Dieu du Vent, mais Gwen n'avait jamais cru en aucun d'eux. Comme Thor, elle faisait partie des rares personnes de son royaume qui s'opposait à la croyance commune et suivait le chemin radical de la croyance en un seul Dieu, un seul être qui contrôlait tout l'univers. C'est ce Dieu qu'elle pria.
S'il vous plaît, mon Dieu, pria-t-elle. Rendez-moi Thor. Faites qu'il survivre à la guerre. Faites qu'il échappe à son embuscade. S'il vous plaît, faites que Godfrey survivre et, s'il vous plaît, protégez-moi. Empêchez qu'on m'emmène loin d'ici pour me marier à ce sauvage. Je ferai ce que vous voudrez. Donnez-moi seulement un signe. Montrez-moi ce que vous voulez que je fasse.
Gwen resta agenouillée là longtemps, n'entendant rien que le hurlement du vent qui se ruait dans les pins immensément grands du Bois Rouge; elle écoutait le doux craquement des branches qui remuaient au-dessus de sa tête en laissant tomber leurs aiguilles dans l'eau.
“Fais attention à ce pour quoi tu pries”, dit une voix.
Elle tressaillit, se retourna et, à son grand étonnement, vit que quelqu'un se tenait là, près d'elle. Elle aurait eu peur si elle n'avait pas immédiatement reconnu la voix, une voix ancienne, plus ancienne que les arbres, plus ancienne que la terre elle-même, et elle eut chaud au cœur quand elle se rendit compte de qui c'était.
Elle se retourna et le vit qui se tenait au-dessus d'elle, vêtu de son blanc manteau à capuche. Ses yeux translucides la transperçaient comme s'ils contemplaient son âme même. Il tenait son bâton, qui luisait dans le coucher de soleil et le clair de lune.
Argon.
Elle se leva et se tourna vers lui.
“Je vous cherchais”, dit-elle. “Je suis allé chez vous. M'avez-vous entendue frapper ?”
“J'entends tout”, répondit-il de façon énigmatique.
Elle se tut en se posant des questions. Il était impassible.
“Dites-moi ce que je dois faire”, dit-elle. “Je ferai n'importe quoi. S'il vous plaît, ne permettez pas que Thor meure. Vous ne pouvez pas permettre qu'il meure !”
Gwen s'avança et lui saisit le poignet en le suppliant. Cependant, quand elle le toucha, une chaleur intense lui envahit les mains par l'intermédiaire de son poignet et la brûla. Elle se recula, submergée par cette énergie.
Argon soupira, se détourna d'elle et fit plusieurs pas vers le lac. Il resta là et regarda l'eau, les yeux reflétés dans la lumière.
Elle s'avança jusqu'à lui et resta silencieuse un temps indéterminé en attendant qu'il soit prêt à parler.
“Il n'est pas impossible de changer le destin”, dit-il. “Cependant, celui qui demande à le faire doit payer un prix élevé. Tu veux sauver une vie. C'est une noble tentative. Cependant, tu ne peux pas sauver deux vies. Il faudra que tu choisisses.”
Il se tourna vers elle.
“Préférerais-tu que Thor survive à cette nuit, ou ton frère? L'un d'eux doit mourir. C'est écrit.”
Gwen fut horrifiée par la question.
“Vous appelez ça un choix ?” demanda-t-elle. “Si j'en sauve un, je condamne l'autre.”
“Non”, répondit-il. “Tous les deux doivent mourir. Je suis désolé mais tel est leur destin.”
Gwen avait l'impression qu'on venait de lui plonger un poignard dans l'estomac. Les deux doivent mourir? C'était trop affreux à imaginer. Le destin pouvait-il vraiment être aussi cruel ?
“Je ne peux pas en choisir un et condamner l'autre”, dit-elle finalement d'une voix faible. “Mon amour pour Thor est plus fort, bien sûr. Cependant, Godfrey est de ma famille. Je ne peux pas accepter l'idée que l'un meure pour sauver l'autre. Et je ne pense pas qu'ils voudraient ça, ni l'un ni l'autre.”
“Dans ce cas, ils mourront tous les deux”, répondit Argon.
Gwen se sentit envahie par la panique.
“Attendez !” appela-t-elle alors qu'il commençait à se détourner.
Il se retourna et la regarda.
“Et moi ?” demanda-t-elle. “Si je devais mourir à leur place? Est-il possible qu'ils vivent tous les deux et que je meure ?”
Argon la regarda fixement très longtemps, comme s'il contemplait son essence même.
“Ton cœur est pur”, dit-il. “Tu es l'enfant MacGil qui a le cœur le plus pur. Ton père a sagement choisi. Oui, assurément …”
La voix d'Argon devint inaudible et il continua à la regarder dans les yeux. Gwen se sentit mal à l'aise mais n'osa pas détourner le regard.
“Grâce à ton choix, grâce à ton sacrifice de cette nuit”, dit Argon, “le destin t'a entendu. Thor sera sauvé cette nuit et ton frère aussi. Tu vivras, toi aussi. Cependant, il faut qu'un petit morceau de ta vie te soit retiré. Souviens-toi, il y a toujours un prix. Tu mourras partiellement en compensation pour leurs deux vies.”
“Qu'est-ce que ça veut dire ?” demanda-t-elle, terrifiée.
“Tout a un prix”, répondit-il. “Tu as le choix. Préférerais-tu ne pas payer le prix ?”
Gwen se prépara au choc.
“Je ferai tout pour Thor”, dit-elle. “Et pour ma famille.”
Argon regarda à travers elle comme si elle n'était pas là.
“Thor a une immense destinée”, dit Argon. “Cependant, la destinée peut changer. Notre destin est dans nos étoiles. Cependant, il est aussi contrôlé par Dieu. Dieu peut changer le destin. Thor devait mourir cette nuit. Il ne vivra que grâce à toi. Tu paieras ce prix. Et le coût en sera élevé.”
Gwen voulait en savoir plus et elle tendit la main vers Argon mais, quand elle le fit, soudain, une lumière éclatante produisit un éclair devant elle et Argon disparut.
Gwen se retourna, le chercha de tous les côtés, mais ne le trouva nulle part.
Finalement, elle se retourna et regarda le lac, qui était si calme, comme si rien ne s'était passé cette nuit. Elle vit son reflet, et elle avait l'air si distante. Elle était pleine de gratitude et, finalement, d'une sensation de paix. Cependant, elle ne pouvait pas non plus s'empêcher de se sentir terrifiée pour son propre avenir. Elle essaya de ne plus y penser mais, malgré tous ses efforts, elle ne put s'empêcher de se demander: quel prix paierait-elle pour la vie de Thor ?
CHAPITRE HUIT
Thor était allongé au sol, au milieu du champ de bataille, plaqué par des soldats McCloud, impuissant. Il entendait le fracas de la bataille, les cris des chevaux, des hommes qui mouraient tout autour de lui. Le soleil couchant et la lune qui se levait, une pleine lune, plus pleine que toutes celles qu'il avait jamais vues, furent soudain bloqués par un énorme soldat qui s'avança, leva son trident et s'apprêta à l'abattre. Thor sut que son heure était venue.
Thor ferma les yeux et se prépara à mourir. Il ne ressentait pas de peur, seulement du remords. Il voulait vivre plus longtemps; il voulait découvrir qui il était, ce qu'était sa destinée et, surtout, il voulait passer plus de temps avec Gwen.
Thor sentit que ce n'était pas juste de mourir comme ça. Pas ici. Pas comme ça. Pas aujourd'hui. Son heure n'était pas encore venue. Il le sentait. Il n'était pas encore prêt.
Thor sentit soudain quelque chose s'élever en lui: c'était une violence, une force différente de tout ce qu'il avait jamais connu. Il eut des fourmillements dans tout le corps et une sensation de chaleur. Il sentit une nouvelle sensation le traverser brusquement. De la plante des pieds, elle lui remonta dans les jambes, jusqu'au torse et aux bras, jusqu'à ce que le bout des doigts le brûle carrément en dégageant une énergie qu'il pouvait tout juste comprendre. Thor fut lui-même choqué quand il poussa un rugissement féroce, comme un dragon qui s'élevait des profondeurs de la terre.
Thor sentit la force de dix hommes le traverser quand il brisa