The Life of Albert Gallatin. Adams Henry

The Life of Albert Gallatin - Adams Henry


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tems, car nous y allons faire un petit voyage pour commercer en pelleteries. Nous allons à Machias (on prononce Maitchais) qui est la dernière place au nord. Aye la bonté de t’informer de toutes les particularités que tu pourras apprendre sur les manufactures des environs de Bordeaux, sur la difficulté qu’il y aurait à en transporter des ouvriers ici, de même que des agriculteurs, sur le prix des marchandises qui doivent y être à bon compte tant parcequ’on les y fabrique que parcequ’elles y arrivent aisément, sur ce que coûtent les pendules de bois en particulier, &c. J’espère que nous te verrons dans peu auprès de nous. Cela se fera sur un vaisseau que nous pourrons t’indiquer. Nous aurons fait marché avec le capitaine et j’espère que tu pourras faire la traversée plus agréablement et économiquement que nous. Adieu, mon bon ami. Pense aussi souvent à nous que nous à toi et écris-nous longuement et très-souvent, car il y a bien des vaisseaux de pris.

      “A Monsieur Badollet, Etudiant en Théologie.”

      Whoever gave the writer his information in regard to the Massachusetts constitution was remarkably ill informed. But this is a trifle. The next letter soon follows:

GALLATIN TO BADOLLET

      No. 3.

Machias, 29 8re, 1780.

      Mon cher ami, tu ne t’attendais sans doute pas à recevoir des lettres datées d’un nom aussi baroque, mais c’est celui que les sauvages y ont mis, et comme ils sont les premiers possesseurs du pays, il est juste de l’appeler comme eux. (On prononce Maitchais.) C’est ici que nous allons passer l’hiver. Nous avons préféré les glaces du nord au climat tempéré qu’habitent les Quakers, et si nous t’avions avec nous pour célébrer l’Escalade et pour vivre avec nous, je t’assure que nous serions fort contens de notre sort actuel. Car jusqu’à présent notre santé et nos affaires pécuniaires vont fort bien; quand je dis fort bien, c’est qu’à l’égard du dernier article nous ne sommes pas trop ambitieux. Je vais te détailler tout l’état de nos affaires. Dans la maison où nous demeurions à Boston nous rencontrâmes une Suissesse qui avait épousé un Genevois nommé de Lesdernier de Russin et dont je crois t’avoir dit deux mots dans une de mes lettres précédentes. Il y avait trente ans qu’il était venu s’établir dans la Nouvelle-Ecosse. Tu sais que cette province et le Canada sont les seules qui soient restées sous le joug anglais. Une partie des habitons de la première essaya cependant de se révolter il y a deux ou trois ans. Mais n’ayant pas été soutenus ils furent obligés de s’enfuir dans la Nouvelle-Angleterre. Parmi eux était un des fils de de Lesdernier. Il vint dans cette place où il fut fait lieutenant. Il fut ensuite fait prisonnier et mené à Halifax (la capitale de la Nouvelle-Ecosse). Son père l’alla voir en prison et la lui fit adoucir jusqu’à ce qu’il fut échangé. Mais il essuya beaucoup de désagrémens de la part de ses amis qui lui reprochaient d’avoir un fils parmi les rebelles. Il eut ensuite une partie de ses effets pris par les Américains tandis qu’il les faisait transporter sur mer d’une place à une autre où il allait s’établir. L’espérance de les recouvrer s’il venait à Boston jointe au souvenir de l’affaire de son fils l’engagea à quitter la Nouvelle-Ecosse avec un autre de ses fils (trois autres sont au service du roi d’Angleterre) et sa femme. Quand nous vinmes à Boston, n’ayant rien pu recouvrer, il était allé jusqu’à Baltimore dans le Maryland voir s’il ne trouverait rien à faire; et à l’arrivée de la flotte française à Rhode Island, il y alla et y prit un Capucin pour servir de missionnaire parmi les sauvages dans cette place. Car ils sont tous catholiques et du parti des Français. Dans ce même temps ayant de la peine à vendre notre thé et voyant beaucoup de difficultés pour le commerce du côté de la Pensilvanie, nous échangeâmes notre thé contre des marchandises des îles, et nous résolûmes de venir ici acheter du poisson et faire la traite de la pelleterie avec les sauvages. Machias est la dernière place au nord-est de la Nouvelle-Angleterre, à environ cent lieues de Boston, dans le comté de Main qui est annexé à l’état de Massachusetts Bay. Il n’y a que quinze ans qu’on y a formé un établissement qui est fort pauvre à cause de la guerre et qui ne consiste qu’en 150 familles dispersées dans un espace de 3 à 4 lieues. Nous sommes dans le chef-lieu, où est un fort, le colonel Allan commandant de la place et surintendant de tous les sauvages qui sont entre le Canada, la Nouvelle-Ecosse et la Nouvelle-Angleterre, et tous les officiers. Lesdernier le fils, chez qui nous logeons, est un très-joli garçon. Nous y passerons l’hiver et probablement nous prendrons des terres le printems prochain, non pas ici mais un peu plus au nord ou au sud où elles sont meilleures. On les a pour rien, mais elles sont en friche et assez difficiles à travailler. Ajoute à cela le manque d’hommes. C’est pourquoi je te le répète, informe-toi des conditions auxquelles des paysans voudraient venir ici. Celles que nous pourrions accorder à peu près seraient de les faire transporter gratis, de les entretenir la première année, après quoi la moitié du revenu des terres qu’ils défricheraient en cas que ce fussent des bleds, ou le quart si c’étaient des pâturages, leur resteraient pendant dix, quinze ou vingt ans suivant les arrangemens (le plus longtems serait le mieux), et au bout de ce tems la moitié ou le quart des terres leur appartiendrait à perpétuité sans qu’ils fussent obligés de cultiver davantage l’autre moitié ou les autres trois quarts. En cas que tu en trouvasses, écris-nous le avec les conditions, le nombre, &c.

      Nous avons déjà vu plusieurs sauvages, tous presqu’aussi noirs que des nègres, habillés presqu’à l’Européenne excepté les femmes qui – Mais je veux te laisser un peu de curiosité sans la satisfaire, afin que tu ayes autant de motifs que possible pour venir nous joindre au plus tôt. Mais ne pars que quand nous te le dirons, parcequ’en cas que tu ayes de l’argent, nous t’indiquerons quelles marchandises tu dois acheter, et parceque nous tâcherons de te procurer un embarquement agréable. Dans notre passage de Boston ici nous avons couru plus de risque qu’en venant d’Europe. Le second jour de notre voyage nous relâchâmes à Newbury, jolie ville à dix lieues de Boston et nous y fûmes retenus 5 à 6 jours par les vents contraires. L’entrée du hâvre est très-étroite et il y a un grand nombre de brisans, de manière que quand les vents ont soufflé depuis le dehors pendant quelque tems il y a des vagues prodigieuses qui pouvaient briser ou renverser le vaisseau quand nous voulûmes sortir. Nous fûmes donc obligés de rester encore quelques jours jusqu’à ce que la mer fût calmée. Enfin nous partîmes après nous être échoué 2 fois dans le hâvre. Après deux jours de navigation les vents contraires et très-forts nous obligèrent d’entrer à Casco Bay, où est la ville de Falmouth, une des premières victimes de cette guerre, car elle a été presqu’entièrement brûlée par les Anglais en ‘79. Le lendemain nous en partîmes. Bon vent tout le jour, la nuit et le lendemain, mais un brouillard épais. Le lendemain un coup de vent déchira notre grande voile. On la raccommoda tant bien que mal, et à peine était-elle replacée que le vent augmenta et un quart d’heure après on découvrit tout à coup la terre à une portée-de-fusil à gauche. Nous allions nord-est et le vent était ouest, c’est à dire qu’il portait droit contre terre, et la marée montait. L’on ne pouvait plus virer de bord et l’on fut obligé d’aller autant contre le vent qu’on le pouvait (par un angle de 80 degrés); malgré cela on approchait toujours de terre, mais on en voyait le bout et heureusement elle tournait moyennant quoi nous échappâmes, mais nous n’étions pas à deux toises d’un roc qui était à l’avant de la terre quand nous la dépassâmes. Nous gagnâmes le large au plus vîte, et après avoir été battus par la tempête toute la nuit, nous arrivâmes le lendemain ici.

      Je n’ai pas besoin de te dire que ceci est écrit au nom de tous les deux, et comme tu le vois le papier ne me permet pas de causer plus longtems avec toi. Adieu, mon bon ami. Cette lettre est achevée le 7e novembre. Je numérote mes lettres. Fais-en autant et dis-moi quels numéros tu as reçus.

      Tu ne recevras point de lettres de nous d’ici au printems, la communication étant fermée.

      En relisant ma lettre je vois que je ne t’ai rien dit de la manière de vivre de ce pays. Le commerce consiste en poisson, planches, mâtures, pelleteries, et il est fort avantageux. Avant la guerre on ne faisait que couper des planches, depuis on a défriché les terres; il n’y a encore que fort peu de bleds, mais des patates et des racines de toute espèce en abondance, point de fruits, et du bétail mais peu. Nous avons déjà une vache. C’est un commencement


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