Histoire anecdotique de l'Ancien Théâtre en France, Tome Premier. Du Casse Albert

Histoire anecdotique de l'Ancien Théâtre en France, Tome Premier - Du Casse Albert


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on devint au théâtre d'une rigidité extrême pour l'exactitude du costume.

      Aujourd'hui, nous rions en songeant à ces bévues, à ces usages extravagants si longtemps maintenus au théâtre. Nous sommes souvent tentés d'accuser nos bons ancêtres de folie, et nous ne pouvons comprendre qu'ils aient pu supporter d'entendre un vers héroïque sortir de la bouche d'un homme habillé en bourgeois de son temps? Avons-nous bien raison, et si nous nous donnions la peine de regarder un peu autour de nous, ne verrions-nous pas des choses tout aussi ridicules? D'abord, chaque jour, à l'Opéra, n'assistons-nous pas à des fêtes de village, dont toutes les villageoises en crinoline, sont ornées de diamants en plus ou moins grande quantité, selon que le leur permettent leurs appointements ou leurs ressources de toute nature? N'en est-il pas de même pour les jolies soubrettes de la Comédie-Française et des autres théâtres? Quelle est la paysanne qui n'entre en scène les bras nus, les épaules (pour ne pas dire plus) très-décolletées, chaussée d'un délicieux petit soulier verni, avec un bas de soie à jour, bien tiré, dessinant la jambe? Quel est le militaire de théâtre, arrivant à franc étrier, d'après son rôle, qui ne se présente en culotte irréprochable, en bottes sans une moucheture, en gants paille du dernier blanc? Tout ce qui sort de la coulisse n'est-il pas à l'état de pastel vivant?

      On le voit, il y aurait bien quelques réformes à faire encore au costume. Ces réformes cependant ne nous paraissent pas urgentes. De même que les dandys de Louis XV, nous ne serions peut-être pas charmés à l'aspect d'une soubrette de théâtre malpropre comme une fille d'auberge, ou d'une paysanne déguenillée comme elles le sont dans nos campagnes. Nous acceptons volontiers le soldat couvert de gloire et de laurier, arrivant du combat comme s'il venait à la parade. Nous le trouverions peut-être fort désagréable s'il se montrait à nous, dans un ballet de l'Opéra, en uniforme poudreux ou déchiré.

      Soyons donc charitables pour nos pères, ne nous moquons pas trop d'eux; car s'ils revenaient en ce monde, ils pourraient bien, à leur tour, nous rendre au centuple nos plaisanteries, en voyant les sots lazzis qui font la fortune des théâtres depuis quelques années; en entendant le jargon de mauvais goût, les scènes obscènes et sans esprit, les gestes déplacés, inconvenants, qu'on applaudit à outrance. Avec quelle stupéfaction eux, qui avaient l'habitude de n'admettre les acteurs à l'honneur de leur parler qu'avec une politesse rigide, avec quelle stupéfaction ne verraient-ils pas le sans-gêne, le sans-façon, la manière d'être des artistes du dix-neuvième siècle vis-à-vis leur public?

      Non, non, ne rions pas trop. Le théâtre des siècles de Louis XIV et de Louis XV, s'il avait ses défauts, avait aussi de grandes qualités. On y sifflait les mauvaises pièces, on y applaudissait les bonnes. Aujourd'hui on rit trop souvent de sottises indécentes et platement ridicules. Si on mettait en parallèle les qualités de l'ancienne scène française et ses défectuosités avec les vertus et les vices de la nôtre, il est fort probable que cette dernière n'aurait pas l'avantage aux yeux de la morale, de l'esprit et du bon goût.

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      1

       Jean Allais, ou plutôt Pont-Allais, contemporain et camarade de Gringoire, l'auteur de la Sottie intitulée: Le Jeu du Prince des sots, était bossu et avait de l'esprit. On le recevait chez les grands personnages de l'époque, ce qui lui donnait de l'audace. Rencontrant un jour un cardinal contrefait, il vint se mettre bosse à bosse avec lui, en s'écriant: «Monseigneur, que l'on dise maintenant que deux montagnes ne peuvent se rencontrer?» L'Éminence trouva la plaisanterie d'assez mauvais goût.

      Avant qu'on n'affichât les pièces qu'on devait jouer, on était dans l'usage de les annoncer par les rues et les carrefours, au son du tambourin. Un dimanche matin, Pont-Allais eut l'audace de faire battre le tambourin près l'église Saint Eustache. Le curé était en chaire. Ses paroissiens sortant de l'église pour entendre l'annonce du spectacle, le curé se précipite vers l'entrepreneur de Mystères par représentations, en lui disant: «Qui vous a fait si hardi de tambouriner pendant que je prêche? – Et vous, reprend aussitôt Pont-Allais, qui vous a fait si hardi de prêcher quand je tambourine?»

      Cette incartade valut six mois de prison à Pont-Allais.

      2

      Dans les Confrères de la Passion, on doit voir l'origine première de la troupe du Théâtre-Français; dans les Enfants Sans-Souci, Clercs de la Bazoche, est l'origine première des troupes des théâtres forains, théâtres qui engendrèrent plus tard l'opéra, l'opéra-comique, le vaudeville, et même le drame.

      3

      C'est la première comédie en cinq actes qui ait été écrite en prose, si nous en exceptons celle de Plutus, traduite d'Aristophane, par Ronsard, le père de la poésie française, et représentée en 1539, à Paris, au collége de Coquerel.

      4

      Il est juste de dire, comme nous l'avons prouvé précédemment, qu'il eut un prédécesseur, Lazare Baïf.

      5

      Un essai en prose avait eu lieu déjà quelques années avant l'apparition des pièces de La Rivey, ainsi que nous l'avons fait remarquer.

      6

      Nous devons dire que si l'on attribue généralement la farce de l'Avocat Pathelin à Villon, il est quelques auteurs qui prétendent qu'elle fut faite par Pierre Blanchet, né à Poitiers, en 1459, et mort dans cette ville, en 1519.

      7

      Durfé, né à Marseille eu 1567, mourut en 1625.

      8

      Dans une pastorale de Baro, Clorise, qu'il ne faut pas confondre avec sa Cloreste, il met en scène le berger Philidor et la bergère Éliante.

      Philidor ôte le mouchoir d'Éliante en lui disant: Si de ce que j'ai dit, ta rigueur trop connue, Cherche la vérité, la voilà toute nue.Éliante répond: – Que fais-tu, Philidor? – C'est que je veux au moinsTe convaincre d'erreur avec deux beaux témoins. – Causeur, rends ce mouchoir, ou de tant de malicesJe saurai châtier l'auteur et les complices. – Pourquoi les caches-tu? – Parce que j'ai raison,Puisqu'ils sont faux témoins, de les mettre en prison. – … Ta pensée est aimable et gentille,Il me semble les voir à travers une grille.O Dieu! soyez témoin que je souffre un martyreQui fait fendre le tronc de ce chêne endurci?Silvie lui répond: Il faut croire plutôt qu'il s'éclate de rire,Oyant les sots discours que tu me fais ici.

      9

      Voici un exemple frappant de ce que nous avançons: dans sa pastorale de Silvie, le berger dit à la bergère:

      10

      Mezzetin, nom d'un rôle de la Comédie-Italienne dont le caractère est à peu près celui de Scapin.

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