Une Cour de Voleurs . Морган Райс

Une Cour de Voleurs  - Морган Райс


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parfaitement à sa main. Des caractères étaient gravés sur la lame en une langue que Kate ne connaissait pas et, maintenant, la lame luisait comme avec un soupçon de cruauté.

      “Si tu penses que tu es prête”, dit Siobhan, “tu n'as qu'à entrer dans la clairière et y prendre ton arme. Cela dit, si tu essaies, sache que le danger est réel. Ce n'est pas un jeu.”

      En une autre situation, Kate aurait pu reculer. Elle aurait pu dire à Siobhan qu'elle n'était pas intéressée et attendre un peu plus longtemps. Deux choses l'empêchèrent de le faire. La première était le sourire insupportable qui semblait ne jamais quitter le visage de Siobhan. Il raillait Kate en lui disant avec assurance qu'elle n'était pas encore assez bonne, qu'elle ne serait jamais assez bonne pour satisfaire aux exigences que Siobhan lui avait fixées. C'était une expression qui lui rappelait trop le mépris que les sœurs masquées lui avaient témoigné.

      Face à ce sourire, Kate sentait monter sa colère. Elle voulait effacer ce sourire du visage de Siobhan. Elle voulait lui montrer que, quelle que soit la magie que la femme de la forêt pouvait maîtriser, Kate pouvait accomplir les tâches qu'elle lui fixait. Elle voulait obtenir quelque satisfaction pour toutes les lames fantomatiques qui l'avaient transpercée.

      L'autre raison était plus simple : cette épée était à elle. Elle avait été un cadeau de Will. Siobhan n'avait pas à dire à Kate quand elle pourrait la prendre.

      Kate courut, bondit sur une branche puis sauta par-dessus le cercle de plantes épineuses qui entourait la clairière. Si c'était là ce que Siobhan pouvait faire de mieux, elle prendrait son épée et ressortirait aussi facilement de cette clairière que si elle marchait sur une route royale. Elle retomba accroupie et regarda l'épée qui l'attendait.

      Cela dit, maintenant, il y avait une silhouette qui la tenait et Kate se surprit à la fixer du regard. C'était elle-même.

      C'était vraiment elle jusqu'au moindre détail. Les mêmes cheveux roux et courts. La même souplesse nerveuse. Cependant, cette version d'elle-même portait des vêtements différents, verts et marron comme la forêt. Elle avait aussi les yeux différents, vert feuille de bout en bout et tout sauf humains. Alors que Kate regardait, l'autre version d'elle-même tira l'épée de Will et en fendit l'air comme pour la tester.

      “Tu n'es pas moi”, dit Kate.

      “Tu n'es pas moi”, dit l'autre Kate avec exactement la même inflexion, exactement la même voix. “Tu n'es qu'une mauvaise copie, très inférieure.”

      “Donne-moi l'épée”, demanda Kate.

      L'autre Kate secoua la tête. “Je pense que je vais la garder. Tu ne la mérites pas. Tu n'es qu'une racaille de l'orphelinat. Pas étonnant que ça n'ait pas marché avec Will.”

      Alors, Kate courut vers elle, maniant son épée d'entraînement avec toute la force et toute la furie qu'elle avait en elle, comme si elle pouvait briser cette chose avec la violence de son attaque. En fait, elle sentit son épée d'entraînement se heurter à l'acier de celle de son double.

      Elle frappa et elle tailla, feinta et battit, attaquant avec toutes les compétences qu'elle avait accumulées grâce à l'enseignement brutal de Siobhan. Kate utilisa toutes les forces que la fontaine lui avait données, toute la vitesse qu'elle possédait pour essayer de briser les défenses de son adversaire.

      L'autre version d'elle-même para chaque attaque à la perfection, semblant prévoir chaque mouvement de Kate. Quand elle répliquait, Kate détournait tout juste les coups.

      “Tu n'es pas assez bonne”, dit l'autre version d'elle-même. “Tu ne seras jamais assez bonne. Tu es faible.”

      Ces paroles ébranlaient Kate presque autant que l'impact des coups d'épée contre son arme d'entraînement. Elles la faisaient souffrir, surtout parce qu'elles étaient tout ce que Kate pensait être vrai. Combien de fois les sœurs les avaient-elles prononcées dans la Maison des Oubliés ? Les amis de Will ne lui avaient-ils pas montré la vérité de ces paroles dans leur cercle d'entraînement ?

      Kate cria sa colère et attaqua encore.

      “Aucun contrôle”, dit l'autre version d'elle-même en détournant les coups. “Aucune réflexion. Rien qu'une petite fille qui joue au guerrier.”

      Alors, le double de Kate attaqua et Kate sentit la douleur quand son épée lui trancha la hanche. L'espace d'un instant, cela lui sembla être similaire aux épées fantomatiques qui l'avaient transpercée si souvent mais, cette fois-ci, la douleur ne disparut pas. Cette fois-ci, le sang coula.

      “Quelle impression cela te fait-il de savoir que tu vas mourir ?” demanda son adversaire.

      Terrifiant. C'était terrifiant parce que le pire était que Kate savait que c'était vrai. Elle ne pouvait pas espérer battre cet adversaire. Elle ne pouvait même pas espérer survivre à ce combat. Elle allait mourir ici, dans cet anneau de plantes épineuses.

      Alors, Kate courut vers la bordure de la clairière en lâchant son épée en bois qui la ralentissait. Elle bondit vers la bordure du cercle en entendant le rire de son double résonner derrière elle alors qu'elle bondissait. Kate se couvrit le visage des deux mains, se protégeant les yeux contre les plantes épineuses et espérant que ça suffirait.

      Elles se levèrent vers elle pendant qu'elle plongeait dedans, lui déchirant les vêtements et la peau en-dessous. Kate sentit le sang goutter quand les plantes épineuses la déchirèrent mais se força à traverser leur enchevêtrement, n'osant ouvrir les yeux que quand elle ressortit de l'autre côté.

      Elle regarda derrière elle, à moitié convaincue que son double allait la suivre mais, quand Kate regarda, l'autre version d'elle-même avait disparu et l'épée reposait à nouveau sur sa souche d'arbre comme si le sosie de Kate n'avait jamais été là.

      Alors, Kate s'effondra, le cœur battant la chamade à cause des efforts qu'elle venait de faire. A présent, elle saignait à une dizaine d'endroits, aussi bien des égratignures que lui avaient infligées les plantes épineuses que de sa blessure à la hanche. Elle se roula sur le dos, regardant fixement le haut des arbres de la forêt, sentant la douleur arriver par vagues.

      Siobhan entra dans son champ de vision en la regardant avec un mélange de déception et de pitié. Kate ne savait pas laquelle des deux était la plus difficile à supporter.

      “Je t'avais bien dit que tu n'étais pas prête”, dit-elle. “Tu vas m'écouter, maintenant ?”

      CHAPITRE CINQ

      Lady Emmeline Constance Ysalt d’Angelica, disait le message, Marquise de Sowerd et Dame de l'Ordre de l'Écharpe. Angelica était moins impressionnée par l'utilisation de son nom entier que par la source du message : la Douairière l'avait convoquée à une audience privée.

      Oh, elle ne l'avait pas présenté comme ça. Il y avait des expressions comme “ravie de demander le plaisir de votre compagnie” et “en espérant que cela ne posera aucun problème”. Angelica savait aussi bien que tout le monde qu'une demande de la Douairière équivalait à un ordre, même si c'était l'Assemblée des Nobles qui édictait les lois.

      Elle se força à ne pas montrer l'inquiétude qu'elle ressentait quand elle approcha des appartements de la Douairière. Elle ne vérifia pas nerveusement son apparence, ne s'agita pas plus qu'il ne le fallait. Angelica savait qu'elle avait l'air parfaite parce que, tous les matins, elle passait du temps devant le miroir avec ses servantes afin de s'en assurer. Elle ne s'agita pas parce qu'elle se contrôlait parfaitement bien. De plus, de quoi aurait-elle bien pu s'inquiéter ? Elle allait rencontrer une vieille dame, pas entrer dans la tanière d'un chat sauvage.

      Angelica essaya de s'en souvenir pendant qu'elle approchait des portes qui menaient aux appartements de la vieille dame et qu'une domestique les ouvrait et l'annonçait.

      “Milady d’Angelica !”

      Elle aurait dû se sentir en sécurité mais,


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