Les Plus Vaillants: Le Fil de l’Épée, tome 2. Морган Райс
nouveau saisie de peur, car le regard d’Altfor promettait quelque chose de bien pire que la violence envers elle.
— Tu penses que tu es en sécurité parce que je ne ferai pas de mal à ma femme, dit Altfor. Mais je t’ai dit ce qui arriverait si tu me désobéissais. Ton Royce bien-aimé sera retrouvé, et il sera tué, et si j’ai mon mot à dire, beaucoup plus lentement que tout ce que mon oncle pourrait avoir en tête.
Cette partie n’effraya pas Geneviève, bien que l’idée qu’un malheur pouvant arriver à Royce la blessa aussi surement qu’une lame. Le fait est qu’il n’était plus sous l’emprise d’Altfor ; elle y avait veillée. Il était impossible que lui ou Lord Alistair puisse l’attraper.
— Puis il y a ses frères, dit Altfor, et Geneviève eut le souffle coupé.
— Tu m’as dit que tu ne les tuerais pas si je t’épousais, dit-elle.
— Mais maintenant tu es ma femme, et tu es désobéissante, répondit Altfor. Alors que nous parlons, ces trois-là sont en route vers leur lieu d’exécution, pour finir encagés aux gibets de la colline aux morts et mourir de faim jusqu’à ce qu’ils soient dévorés par les bêtes.
— Non, dit Geneviève. Tu avais promis.
— Et tu avais promis d’être une femme fidèle ! lui répondit Altfor en criant. Au lieu de cela, tu continues à aider le garçon que tu aurais dû oublier !
— Tu… Je n’ai rien fait, insista Geneviève, sachant que l’admettre ne ferait qu’empirer les choses. Altfor était un noble, et il ne pouvait rien lui faire directement, pas sans preuve, et un procès.
— Oh, tu veux toujours jouer à ces jeux, dit Altfor. Alors le prix de ta trahison a augmenté. Tu as trop de distractions dans le monde extérieur, alors je vais te les prendre.
— Qu’est-ce… qu’est-ce que tu veux dire ? demanda Geneviève.
— Ta sœur a été un amusement pendant un court instant la première fois que tu m’as désobéi. Maintenant, elle va mourir pour ce que tu as fait. Tes parents aussi, et tout le monde dans le taudis qui te faisait office de maison.
— Non ! Geneviève cria en agrippant le petit couteau qu’elle portait.
À ce moment-là, tout sentiment de retenue ou de prudence avait disparu, chassé par l’horreur de ce que son mari était sur le point de faire. Elle ferait n’importe quoi pour protéger sa sœur. N’importe quoi.
Altfor fut plus rapide, sa main se referma sur la sienne et l’immobilisa. Il la repoussa pour la jeter lourdement sur le sol. Debout au-dessus d’elle, il la regardait fixement, et seul l’intervention de Moira l’empêcha d’aller plus loin.
— Souviens-toi que tant qu’elle est ta femme, elle est noble, chuchota Moira. Fais-lui du mal et tu seras traité comme un vulgaire criminel.
— Ne me dis pas quoi faire, répondit Altfor à Moira, qui se pencha encore plus près.
— Je ne te dis pas quoi faire, je ne fais qu’à peine suggérer, mon seigneur, mon duc. Avec une femme, et avec le temps un héritier, et la loi de ton côté, tu réussiras à reprendre tout cela.
— Et qu’est-ce que ça peut te faire ? demanda Altfor, en la regardant.
Si Moira avait été blessée par cette dernière remarque, elle n’en montra rien. Au contraire, elle eut l’air triomphante en regardant Geneviève qui gisait au sol.
— Parce que ton frère, mon mari, est mort, et je préfère continuer à être l’amante d’un homme puissant que d’être une femme sans pouvoir, dit Moira. Et toi… tu es l’homme le plus puissant que j’aie rencontré.
— Et je devrais te vouloir toi, plutôt que ma femme ? demanda Altfor. Pourquoi devrais-je vouloir les restes de mon frère ?
Même pour Geneviève, cela semblait un jeu cruel à jouer alors qu’elle l’avait déjà surpris avec Moira.
Mais encore une fois, ce que Moira ressentait était soigneusement masqué.
— Viens avec moi, suggéra-t-elle, et je te rappellerai la différence pendant que tes hommes s’apprêtent à tuer tous ceux qui le méritent. Tes hommes, pas ceux de ton oncle.
C’était suffisant pour qu’Altfor la tire vers lui, l’embrassant même si Geneviève et les deux gardes étaient là. Il attrapa le bras de Moira, la tirant vers la sortie de la grande salle. Geneviève vit Moira jeter un regard en arrière, et la cruauté de son sourire suffit à glacer Geneviève jusqu’aux os.
À ce moment-là, Geneviève s’en moquait. Elle ne se souciait pas qu’Altfor était sur le point de la trahir d’une manière dont il avait fait preuve tant de fois auparavant. Elle se fichait qu’elle ait failli mourir des mains de son oncle, ou qu’ils la voyaient tous les deux comme une gêne.
Tout ce qui l’intéressait alors, c’était que sa sœur était en danger et qu’elle devait trouver un moyen de l’aider, avant qu’il ne soit trop tard. Altfor avait l’intention de la tuer, et elle n’avait aucun moyen de savoir quand cela arriverait.
CHAPITRE TROIS
Royce courait à travers la forêt, sentant le craquement des branches sous ses pas, serrant son épée gainée sur le côté pour qu’elle ne s’accroche à aucun des arbres. Privé de sa monture, il n’était pas assez rapide. Il avait besoin d’aller plus vite.
Il accéléra, poussé par l’idée de rejoindre ses proches. L’Île Rouge lui avait appris à continuer à courir, quelle que soit la façon dont son cœur battait dans sa poitrine ou dont ses jambes lui faisaient mal. Il avait survécu à la course piégée à travers l’île, alors se forcer à courir plus loin et plus vite à travers une forêt n’était rien.
Sa vitesse et sa force l’aidaient. Des arbres défilaient de part et d’autre, Royce ignorait les branches qui lui griffaient la tête. Il entendait les créatures des bois s’enfuir pour s’éloigner de cet intrus qui traversait leur territoire, et il savait qu’il devait trouver un meilleur moyen de se déplacer. S’il continuait à faire autant de bruit, il attirerait tous les soldats du duché.
— Laisse-les venir, murmura Royce pour lui-même. Je les tuerai tous.
Une partie de lui voulait faire cela et plus encore. Il avait réussi à tuer le seigneur qui l’avait plongé, lui et ses amis, dans la fosse de combat ; il avait réussi à tuer les gardes qui l’avaient attaqué, mais il savait aussi qu’il ne pouvait pas s’en prendre à toute une terre peuplée d’ennemis. Le plus fort, le plus rapide, le plus dangereux des hommes ne pouvait affronter plus que quelques ennemis, parce qu’il y aurait simplement trop d’endroits d’où une lame pourrait apparaitre de façon inattendue.
— Je trouverai un moyen de faire quelque chose, dit Royce, mais il ralentit tout de même, se déplaçant plus prudemment dans la forêt, essayant de ne pas troubler la paix des arbres qui l’entouraient. Il pouvait entendre les oiseaux et les animaux qui s’y trouvaient, les sons transformant ce qui semblait être un espace vide en un paysage que les chants et les cris semblaient remplir tout entier.
Que pouvait-il faire ? Son premier instinct, lorsqu’il avait commencé sa course, avait été de continuer à avancer, de sortir dans les espaces sauvages où les hommes ne vivaient pas, et où le Picti survivait. Il avait pensé disparaître, simplement disparaître, parce qu’il n’y avait rien pour le retenir.
Brièvement, son esprit dessina une image de Geneviève, regardant en bas depuis les gradins de la fosse de combat, apparemment indifférente. Il mit cette image de côté, parce qu’il ne voulait pas penser à Geneviève. C’était trop douloureux de repenser à elle, le regardant comme elle l’avait fait. Pourquoi ne pas