LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан


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sous une autre forme. Pourquoi êtes-vous entré seul ?

      – J’ai voulu d’abord vous parler.

      – Ah ! Ah ! Vous avez à me parler.

      Cette idée parut plaire singulièrement à Lupin. Il y a telles circonstances où l’on préfère de beaucoup les paroles aux actes.

      – Monsieur Sholmès, je regrette de n’avoir point de fauteuil à vous offrir. Cette vieille caisse à moitié brisée vous agrée-t-elle ? Ou bien le rebord de cette fenêtre ? Je suis sûr qu’un verre de bière serait le bienvenu… brune ou blonde ?… Mais asseyez-vous, je vous en prie…

      – Inutile. Causons.

      – J’écoute.

      – Je serai bref. Le but de mon séjour en France n’était pas votre arrestation. Si j’ai été amené à vous poursuivre, c’est qu’aucun autre moyen ne se présentait d’arriver à mon véritable but.

      – Qui était ?

      – De retrouver le diamant bleu !

      – Le diamant bleu !

      – Certes, puisque celui qu’on a découvert dans le flacon du consul Bleichen n’était pas le vrai.

      – En effet. Le vrai fut expédié par la Dame blonde, je le fis copier exactement, et comme, alors, j’avais des projets sur les autres bijoux de la comtesse, et que le consul Bleichen était déjà suspect, la susdite Dame blonde, pour n’être point soupçonnée à son tour, glissa le faux diamant dans les bagages du susdit consul.

      – Tandis que vous, vous gardiez le vrai.

      – Bien entendu.

      – Ce diamant-là, il me le faut.

      – Impossible. Mille regrets.

      – Je l’ai promis à la comtesse de Crozon. Je l’aurai.

      – Comment l’aurez-vous, puisqu’il est en ma possession ?

      – Je l’aurai précisément parce qu’il est en votre possession.

      – Je vous le rendrai donc ?

      – Oui.

      – Volontairement ?

      – Je vous l’achète.

      Lupin eut un accès de gaieté.

      – Vous êtes bien de votre pays. Vous traitez ça comme une affaire.

      – C’est une affaire.

      – Et que m’offrez-vous ?

      – La liberté de Mlle Destange.

      – Sa liberté ? Mais je ne sache pas qu’elle soit en état d’arrestation.

      – Je fournirai à M. Ganimard les indications nécessaires. Privée de votre protection, elle sera prise, elle aussi.

      Lupin s’esclaffa de nouveau.

      – Cher Monsieur, vous m’offrez ce que vous n’avez pas. Mlle Destange est en sûreté et ne craint rien. Je demande autre chose.

      L’Anglais hésita, visiblement embarrassé, un peu de rouge aux pommettes. Puis, brusquement, il mit la main sur l’épaule de son adversaire :

      – Et si je vous proposais…

      – Ma liberté ?

      – Non… mais enfin je puis sortir de cette pièce, me concerter avec M. Ganimard…

      – Et me laisser réfléchir ?

      – Oui.

      – Eh ! Mon Dieu, à quoi cela me servira-t-il ! Ce satané mécanisme ne fonctionne plus, dit Lupin en poussant avec irritation la moulure de la cheminée.

      Il étouffa un cri de stupéfaction cette fois, caprice des choses, retour inespéré de la chance, le bloc de marbre avait bougé sous ses doigts !

      C’était le salut, l’évasion possible. En ce cas, à quoi bon se soumettre aux conditions de Sholmès ?

      Il marcha de droite et de gauche, comme s’il méditait sa réponse. Puis, à son tour, il posa sa main sur l’épaule de l’Anglais.

      – Tout bien pesé, Monsieur Sholmès, j’aime mieux faire mes petites affaires seul.

      – Cependant…

      – Non, je n’ai besoin de personne.

      – Quand Ganimard vous tiendra, ce sera fini. On ne vous lâchera pas.

      – Qui sait !

      – Voyons, c’est de la folie. Toutes les issues sont occupées.

      – Il en reste une.

      – Laquelle ?

      – Celle que je choisirai.

      – Des mots ! Votre arrestation peut être considérée comme effectuée.

      – Elle ne l’est pas.

      – Alors ?

      – Alors je garde le diamant bleu.

      Sholmès tira sa montre.

      – Il est trois heures moins dix. À trois heures j’appelle Ganimard.

      – Nous avons donc dix minutes devant nous pour bavarder. Profitons-en, Monsieur Sholmès, et, pour satisfaire la curiosité qui me dévore, dites-moi comment vous vous êtes procuré mon adresse et mon nom de Félix Davey.

      Tout en surveillant attentivement Lupin dont la bonne humeur l’inquiétait, Sholmès se prêta volontiers à cette petite explication où son amour-propre trouvait son compte, et repartit :

      – Votre adresse ? Je la tiens de la Dame blonde.

      – Clotilde !

      – Elle-même. Rappelez-vous… hier matin… quand j’ai voulu l’enlever en automobile, elle a téléphoné à sa couturière.

      – En effet.

      – Eh bien, j’ai compris plus tard que la couturière, c’était vous. Et, dans le bateau, cette nuit, par un effort de mémoire, qui est peut-être une des choses dont il me sera permis de tirer vanité, je suis parvenu à reconstituer les deux derniers chiffres de votre numéro de téléphone… 73. De la sorte, possédant la liste de vos maisons « retouchées », il m’a été facile, dès mon arrivée à Paris, ce matin, à onze heures, de chercher et de découvrir dans l’annuaire du téléphone le nom et l’adresse de M. Félix Davey. Ce nom et cette adresse connus, j’ai demandé l’aide de M. Ganimard.

      – Admirable ! De premier ordre ! Je n’ai qu’à m’incliner. Mais ce que je ne saisis pas, c’est que vous ayez pris le train du Havre. Comment avez-vous fait pour vous évader de L’Hirondelle ?

      – Je ne me suis pas évadé.

      – Cependant…

      – Vous aviez donné l’ordre au capitaine de n’arriver à Southampton qu’à une heure du matin. On m’a débarqué à minuit. J’ai donc pu prendre le paquebot du Havre.

      – Le capitaine m’aurait trahi ? C’est inadmissible.

      – Il ne vous a pas trahi.

      –Alors ?

      – C’est sa montre.

      – Sa montre ?

      – Oui, sa montre que j’ai avancée d’une heure.

      – Comment ?

      – Comme on avance une montre, en tournant le remontoir. Nous causions, assis l’un près de l’autre, je lui racontais des histoires qui l’intéressaient… ma foi, il ne s’est aperçu de rien.

      – Bravo, bravo, le tour est


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