La fille du pirate. H. Emile Chevalier

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       H. Emile Chevalier

      La fille du pirate

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066085902

       PROLOGUE

       PREMIÈRE PARTIE

       II

       DEUXIÈME PARTIE

       TROISIÈME PARTIE

       QUATRIÈME PARTIE

       CINQUIÈME PARTIE

       SIXIÈME PARTIE

       SEPTIÈME PARTIE

       ÉPILOGUE

       Table des matières

      EN MER

      I

      —Range à carguer la grand'voile!

      A peine ce commandement fut-il transmis par le porte-voix du capitaine et répété par le sifflet du maître de manoeuvres, que cinq matelots s'élancèrent sur les échelles de corde. Mais au même moment, une rafale épouvantable enveloppa le brick comme dans une trombe, et deux fois successives le courba tribord à bâbord, au point que les vagues bondirent par-dessus ses lisses.

      —Amenez les huniers sur le pont! cria le capitaine François d'une voix de stentor.

      L'ordre se perdit dans le fracas de la tempête, et il n'était pas articulé qu'une seconde colonne d'air fondit sur le navire avec la rapidité de la foudre, brisa le perroquet du grand mât, les cacatois du mât de misaine et emporta les toiles qui restaient dehors.

      Un mousse, cramponné à l'extrémité d'une vergue, où il s'efforçait de fixer la voile avec les rabans de ferlage, fut enlevé par le tourbillon et tomba à la mer.

      Cet accident passa inaperçu au milieu de l'anxiété générale.

      Le vaisseau penchait affreusement sur le côté et menaçait de s'engloutir.

      —A la barre! tonna le porte-voix.

      Le chef de timonerie y était déjà.

      —Elle ne gouverne plus, capitaine! s'écria-t-il sourdement.

      —Bas le grand mât!

      Cinq minutes après, l'arbre, sapé à sa base, s'abattait avec un horrible craquement.

      Déjà, le brick se relevait, lorsqu'un autre coup de vent faillit le submerger de nouveau.

      La position était désespérée. Il n'y avait plus à hésiter. Le commandant le comprit. Assis à son banc de quart, il avait surveillé avec un sang-froid merveilleux les progrès de l'ouragan, et quand il vit qu'il ne lui restait qu'un moyen de sauver son vaisseau, il n'hésita pas à l'employer.

      —Rasez tout! s'écria-t-il.

      Puis, le bruit cadencé des haches frappant à coups redoublés le pied des deux derniers mâts se joignit aux mugissements des éléments en furie, et bientôt le navire flotta au gré des flots.

      Cependant la tempête se calma peu à peu: on renaissait à l'espérance, lorsque, tout à coup, un calier parut sur le pont.

      —Nous faisons eau! dit-il au capitaine qui se tenait sur le gaillard d'arrière, debout, immobile, les bras croisés sur la poitrine.

      —Gréez les pompes! ordonna l'autre, sans qu'un muscle de sa face bougeât.—Où est la voie? demanda-t-il ensuite au calier.

      —Dans la soute aux biscuits. Trois pieds de bordage en dérive.

      —Tout le monde aux pompes!

      Chacun s'empressa d'obéir; et au bout d'une heure les pompes commencèrent à franchir. Alors les calfats descendirent dans la cale et parvinrent à réparer les principales avaries.

      Mais la nuit était arrivée, et il fallut remettre au lendemain le soin de s'orienter.

      II

      Le brick qui venait, grâce à l'habileté de son capitaine, d'échapper à cette épouvantable tourmente, s'appelait l'Alcyon. Parti de Marseille avec un chargement de vins pour la Louisiane, il avait été chassé de sa route par des vents contraires et poussé sur les côtes de la Nouvelle-Écosse.

      Il portait une vingtaine de passagers seulement à son bord.

      L'un de ces passagers, jeune homme de vingt-cinq à vingt-huit ans, était fils de l'armateur à qui appartenait l'Alcyon. Son père l'envoyait à la Nouvelle-Orléans pour y établir un comptoir. C'était le dernier enfant de quatre qu'avait eus l'armateur. Deux étaient morts à la fleur de l'âge, un autre, l'aîné, avait disparu dans son adolescence, et jamais depuis on n'en avait eu de nouvelles. On supposait généralement qu'il s'était noyé.

      III

      Pendant la tempête, Charles, sur l'ordre du capitaine, était resté dans la grande cabine; mais quand le danger eut cessé, il monta sur le pont où il demeura le reste de la nuit en conférence avec les officiers.

      Le lendemain matin, une voile parut à l'horizon. Cette vue ranima le courage défaillant des malheureux naufragés.

      Aussitôt on cessa de travailler à un radeau,—dont on avait entrepris la construction avec des espars et des vergues de rechanges,—pour établir des signaux.

      Ils ne furent que trop bien distingués.

      Une heure s'était à peine écoulée quand un navire silla dans les eaux de l'Alcyon.

      C'était une longue corvette, noire comme de l'encre, couronnée d'une bande rouge sanglant.

      Nul pavillon ne flottait à sa drisse. Mais des flammes noires ornaient ses cacatois.

      Le capitaine de l'Alcyon, qui cherchait à reconnaître la corvette, à l'aide de sa longue-vue, fronça soudain les sourcils et frappa du pied.

      —Qu'y a-t-il donc, monsieur? demanda Charles attribuant ces mouvements à la mauvaise humeur.

      —Rien de bon! rien de bon!—Lieutenant!

      Un officier s'approcha.

      —Voyez! dit le capitaine en passant la lunette à son second.

      Dès que celui-ci eut regardé il pâlit.

      —Le Corbeau! murmura-t-il.

      —Le Corbeau! répétèrent, en se signant, des matelots qui


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