Le crime de l'Opéra 2. Fortuné du Boisgobey
et tu oublies que la lettre de Julia donnait rendez-vous à mademoiselle Lestérel, à deux heures et demie. Il n’est pas du tout inadmissible que mademoiselle Lestérel ait été exacte. Quant à sa première apparition dans la loge, vers minuit et demi, elle peut s’expliquer de plus d’une façon.
– D’autres femmes qu’elles y sont entrées.
– Tu supposes cela, et c’est évidemment le système que le défenseur mettra en avant lorsque l’affaire viendra aux assises.
– Aux assises! vous pensez donc…
– Que la prévenue sera renvoyée devant le jury. C’est très probable. Cependant, ce n’est pas certain. Je ne nie pas a priori qu’une autre femme, ou même, si tu veux, d’autres femmes aient été reçues de minuit à trois heures par Julia. Mais jusqu’à présent, tout semble prouver le contraire. Le principal témoin sur ce point est l’ouvreuse. Or, cette femme est à moitié folle. C’est une espèce de madame Cardinal qui a deux filles marcheuses à l’Opéra et la tête farcie d’imaginations ridicules. Elle a été jusqu’à prétendre que le crime a été commis par ce M. Lolif que tu connais et qui n’est qu’un sot inoffensif. Bref, je ne puis rien tirer de clair d’une extravagante que mon greffier a toutes les peines du monde à suivre quand elle se met à divaguer. De ce côté encore, les obscurités abondent.
– Vous en convenez, et cependant vous persistez à soutenir l’accusation, dit Gaston avec amertume.
– Je ne soutiens rien du tout. Je ne suis pas le ministère public. Et j’ai fait pour la prévenue tout ce que je pouvais faire, plus que je ne devais peut-être, répondit sévèrement le magistrat. Il y a des doutes, je le reconnais, et le fait du domino retrouvé avant trois heures constitue une présomption très favorable à mademoiselle Lestérel. Je me suis appuyé sur ce fait pour prendre une mesure qui a été bien rarement appliquée dans une affaire criminelle de cette gravité, mais qui me paraît humaine et équitable. J’instruis, je ne juge pas. Ce sont les jurés qui jugent. C’est pour cela qu’on les a inventés. Mais je puis, sans clore l’instruction, épargner à une jeune fille intéressante des rigueurs inutiles. J’ai donc, après en avoir référé à qui de droit, signé l’ordre de la mettre en liberté sous caution. Cette caution a été versée aujourd’hui, et je n’ai aucune raison pour te cacher que c’est madame Cambry qui l’a fournie.
Je l’avais deviné. Elle la croit innocente, et elle est si bonne!
– À ne te rien celer, j’aurais préféré qu’elle ne se mêlât pas de cette affaire, car enfin elle sera bientôt ma femme, et il n’est pas d’usage que les prévenues soit cautionnées par la future du juge qui a leur affaire entre les mains. Mais elle a fortement insisté, et puis, après tout, nous ne sommes pas encore mariés. Elle est libre de ses actions. D’ailleurs, je ne vois pas à qui mademoiselle Lestérel aurait pu demander ce service.
– À moi.
– L’inconvénient eût été le même, puisque tu es mon neveu. Et, de plus, ton intervention aurait pu nuire à la prévenue. Elle aurait donné lieu à une foule de commentaires défavorables. La sœur ne pouvait rien faire sans l’autorisation de son mari, qui n’est pas bien disposé pour mademoiselle Lestérel. Je l’ai fait appeler, ce mari. Il a reconnu le poignard, mais il ne sait rien de l’affaire. Sa femme, qui est malade, a été interrogée chez elle en vertu d’une commission rogatoire. Elle ne m’a rien appris non plus.
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