Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II. Чарльз Диккенс

Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II - Чарльз Диккенс


Скачать книгу
qu'il avait toujours professé pour M. Gunter un attachement et un dévouement sans bornes. À cela, M. Gunter répliqua, qu'au total, il préférait peut-être M. Noddy à son propre frère. En entendant cette déclaration, M. Noddy se leva avec magnanimité, et tendit la main à M. Gunter; M. Gunter la secoua avec une ferveur touchante, et chacun convint que toute cette discussion avait été conduite d'une manière grandement honorable pour les deux parties belligérantes.

      «Maintenant, Bob, pour vous remettre à flot, dit M. Jack Hopkins, je ne demande pas mieux que de chanter une chanson.» Cette proposition ayant été accueillie par des applaudissements tumultueux, Hopkins se plongea immédiatement dans God save the King, qu'il chanta de toutes ses forces sur un nouvel air composé de la Baie de Biscaye et de Une grenouille volait. Le refrain était l'essence de la chanson, et comme chaque gentleman le chantait en chœur, sur l'air qu'il savait le mieux, l'effet en était réellement saisissant.

      À la fin du chœur du premier couplet, M. Pickwick leva la main pour réclamer l'attention des assistants, et dit, aussitôt que la tranquillité fut rétablie:

      «Chut! je vous demande pardon, mais il me semble que j'entends appeler là-haut.»

      Un profond silence se fit, et l'on remarqua que M. Bob Sawyer pâlissait.

      «Je crois que j'entends encore le même bruit, poursuivit M. Pickwick. Ayez la bonté d'ouvrir la porte.»

      À peine la porte fut-elle ouverte que toute espèce de doute se trouva dissipé.

      «M. Sawyer! M. Sawyer! criait une voix au second étage.

      – C'est mon hôtesse, dit Bob en regardant ses invités avec angoisse. Oui, Mme Raddle.

      – Qu'est-ce que cela signifie, M. Sawyer? répéta la voix avec une aigre rapidité. C'est donc pas assez de m'escroquer mon loyer et l'argent que j'ai payé pour vous de ma poche, et de me faire insulter par vos amis, qui ont le front de s'appeler des hommes, il faut encore que vous fassiez un sabbat capable d'attirer les pompiers et de faire tomber la maison par les fenêtres, et ça à deux heures du matin. Renvoyez-moi ces gens-là!

      – Vous devriez mourir de honte, ajouta la voix de M. Raddle, laquelle paraissait sortir de dessous quelques couvertures lointaines.

      – Mourir de honte, certainement, répéta sa douce moitié. Mais vous, poule mouillée que vous êtes, pourquoi n'allez vous pas les rouler en bas des escaliers? Voilà ce que vous feriez si vous étiez un homme.

      – Voilà ce que je ferais, si j'étais une douzaine d'hommes, ma chère, répliqua pacifiquement le mari. Dans ce moment ici, ils ont un peu trop l'avantage du nombre sur moi.

      – Hou! le poltron, rétorqua Mme Raddle avec un mépris suprême. M. Sawyer, voulez-vous renvoyer ces gens, oui ou non?

      – Ils s'en vont, Mme Raddle, ils s'en vont, dit le misérable Bob. Je crois que vous feriez mieux de vous en aller, ajouta-t-il à ses amis, je pensais effectivement que vous faisiez trop de bruit.

      – C'est bien malheureux, fit observer l'homme maniéré, juste au moment où nous devenions si confortables! (Le fait est qu'il venait de retrouver un souvenir confus de son histoire.) C'est difficile à digérer, continua-t-il en regardant autour de lui, c'est difficile à digérer, hein!

      – Il ne faut pas endurer cela, répliqua Hopkins. Chantons l'autre couplet, Bob, allons!

      – Non, non, Jack, ne chantez pas! s'empressa de dire le triste amphitryon. C'est une superbe chanson, mais je crois que nous ferons mieux d'en rester là. Les gens de cette maison sont très-violents, excessivement violents.

      – Voulez-vous que je monte en haut et que j'entreprenne le propriétaire? dit Hopkins, ou que je carillonne à la sonnette, ou que j'aille aboyer sur l'escalier? Disposez de moi, Bob.

      – Je suis bien obligé à votre amitié et à votre bon naturel, répondit le malheureux Bob, mais je crois que le meilleur plan, pour éviter toute dispute, est de nous séparer sur-le-champ.

      – Eh bien! M. Sawyer, cria la voix aigüe de Mme Raddle, s'en vont-ils, ces brigands?

      – Ils cherchent leurs chapeaux, Mme Raddle; ils s'en vont à la minute.

      – C'est heureux! s'écria Mme Raddle en allongeant son bonnet de nuit par-dessus la rampe, juste au moment où M. Pickwick, suivi de M. Tupman, sortait de la chambre. C'est heureux! Ils auraient pu se dispenser de venir.

      – Ma chère dame, dit M. Pickwick en levant la tête…

      – Allez-vous-en, vieux farceur! rétorqua Mme Raddle, en ôtant précipitamment son bonnet de nuit. Assez vieux pour être son grand-père, le débauché! Vous êtes le pire de tous.»

      M. Pickwick reconnut qu'il était inutile de protester de son innocence. Il descendit donc rapidement l'escalier, et fut rejoint dans la rue par MM. Tupman, Winkle et Snodgrass. M. Ben Allen, qui était affreusement contristé par l'eau-de-vie et par l'agitation de cette scène, les accompagna jusqu'au pont de Londres, et le long du chemin confia à M. Winkle, comme à une personne singulièrement digne de sa confidence, qu'il était décidé à couper la gorge de tout gentleman, autre que M. Bob Sawyer, qui oserait aspirer à l'affection de sa sœur Arabelle. Ayant exprimé sa détermination d'exécuter avec une fermeté convenable ce pénible devoir fraternel, il fondit en larmes, enfonça son chapeau sur ses yeux, et reprenant son chemin le mieux possible, il s'arrêta devant la porte du marché du Borough. Là, jusqu'au point du jour, il s'occupa à frapper à coups redoublés et à faire alternativement de petits sommes sur les marches de pierre, dans la ferme persuasion qu'il était devant sa porte, et qu'il en avait oublié la clef.

      Les invités étant ainsi partis, grâce à la requête assez pressante de Mme Raddle, l'infortuné Bob se trouva libre de méditer sur les événements probables du lendemain et sur les plaisirs de la soirée.

      CHAPITRE IV

M. Weller senior profère quelques opinions critiques concernant les compositions littéraires; puis avec l'assistance de son fils Samuel, il s'acquitte d'une partie de sa dette envers le révérend gentleman au nez rouge

      Le 13 février, comme le savent aussi bien que nous les lecteurs de cette authentique narration, était la veille du jour désigné pour le jugement de l'action intentée par Mme Bardell. Ce fut une journée fatigante pour Samuel Weller, qui fut occupé sans interruption, depuis 9 heures du matin jusqu'à 2 heures de l'après-midi, inclusivement, à voyager de l'hôtel de M. Pickwick au cabinet de M. Perker, et réciproquement; non pas qu'il y eût la moindre chose à faire, car les consultations avaient eu lieu, et l'on avait définitivement arrêté la marche qui devait être suivie, mais M. Pickwick se trouvant dans un état d'excitation excessive, persistait à envoyer constamment à son avoué de petites notes contenant seulement cette demande: Cher Perker, tout marche-t-il bien?– À quoi M. Perker répondait invariablement: Cher Pickwick, aussi bien que possible. Le fait est, comme nous l'avons déjà fait entendre, que rien ne pouvait marcher, soit bien, soit mal, jusqu'à l'audience du jour subséquent. Mais on doit passer aux gens qui vont volontairement devant un tribunal, ou qui y sont traînés forcément pour la première fois, l'irritation temporaire et l'anxiété dont ils sont atteints. Sam n'ignorait pas cela, il savait se prêter philosophiquement aux faiblesses de la nature humaine; aussi exécuta-t-il toutes les fantaisies de son maître, avec cette bonne humeur imperturbable qui formait l'un des traits les plus frappants et les plus aimables de son caractère.

      Il s'était réconforté avec un petit dîner fort agréable, et attendait à la buvette la chaude mixture que M. Pickwick l'avait engagé à prendre pour noyer les fatigues de ses promenades matinales, lorsqu'un jeune garçon, dont la casquette à poil, la jaquette de flanelle et toute la tournure, annonçaient qu'il avait la louable ambition d'atteindre un jour la dignité de palefrenier, entra dans le passage du George et Vautour, et regarda d'abord sur l'escalier, ensuite le long du corridor puis enfin dans la buvette, comme s'il avait cherché quelqu'un pour qui il aurait eu une commission.

      La demoiselle de comptoir ne considérant pas comme improbable que ladite commission eût pour objet l'argenterie de l'établissement,


Скачать книгу