Essais d'un dictionnaire universel. Fournier Edouard
se dit aussi en plusieurs Jeux, comme à l'Occa, à la Bassette; du fond de celui qui est maître du Jeu, qui se charge de payer ceux qui gagneront.
BANQUEROUTE. s. f. Faillite, fuite, abandonnement de biens que font des Banquiers, ou négocians publics à leurs créanciers avec fraude & malice. Beaucoup de Marchands s'enrichissent par des banqueroutes frauduleuses, en mettant leurs biens à couvert. La Banqueroute est differente de la faillite, parce que la Banqueroute est volontaire & frauduleuse, quand le Banqueroutier s'enfuit & emporte le plus liquide de ses biens; la faillite est contrainte & necessaire, & est causée par quelque fortune, ou accident. Et on tient qu'un homme a fait faillite dés qu'il a manqué à acquitter des lettres de change, ou qu'il y a quelque desordre dans son négoce.
Banqueroute se dit aussi de l'insolvabilité des Bourgeois, ou autres personnes, qui doivent plus qu'ils n'ont vaillant, & qui ne payent pas leurs dettes.
Banqueroute se dit figurément en choses spirituelles: Il a fait Banqueroute à l'honneur, au bon sens, à Dieu; & on le dit encore de ceux qui manquent à executer leurs promesses, à se trouver aux rendez-vous qu'ils ont donnez, ou de ceux qui se retirent secrettement d'une compagnie sans dire adieu. Ce mot vient de l'Italien banca Rotta, banque rompuë.
BANQUEROUTIER. iere. s. m. & f. Marchand ou Banquier qui fait Banqueroute: On n'est pas assez sévére pour condamner les Banqueroutiers frauduleux, on ne les met qu'au pilori, & souvent ils méritent la corde, quoi que l'Ordonnance d'Henry IV. de l'an 1609. & celle de l'an 1673. ordonnent qu'ils soient poursuivis extraordinairement & punis de mort, ce qui a eu peu souvent son execution. On appelle proprement banqueroutiers frauduleux ceux qui divertissent leurs effets, ou qui les mettent à couvert sous des noms interposez par de fausses ventes ou des transports simulez, ou qui font paroître de faux créanciers. On les condamne en quelques lieux à porter le bonnet verd, & à Luques à porter un bonnet orangé.
BANQUET. s. m. Festin, grand repas qu'on fait à ses amis: Assuerus fit un fameux Banquet à toute sa Cour, dont il est parlé au Livre d'Esther. Plutarque a écrit du Banquet des sept Sages. Ce mot vieillit & vient de l'Allemand pancket, dont les Italiens ont fait banquetto, & les Espagnols banquette.
Banquet se dit aussi en matiére spirituelle: Tous les Chrêtiens doivent participer au sacré Banquet celeste.
Banquet en termes de manége, est la petite partie de la branche de la bride qui est au dessous de l'œüil, qui assemble les extrêmitez de l'embouchure avec la branche, & qui est cachée sous le chaperon ou fonceau.
BANQUETER. v. act. faire un festin, faire grande chere avec ses amis. Ce mot vieillit.
BANQUETTE. s. f. Terme de fortification. C'est un degré ou deux qui régnent tout le long des parapets, afin qu'on puisse tirer par dessus: La Banquette doit avoir un pied & demi de haut & trois pieds de large.
Banquette se dit aussi d'une petite élevation au dessus du niveau de la ruë, pour servir de chemin commode aux gens de pied; comme il y en a à Paris au Pont-Neuf & au Pont-Marie.
BANQUIER. s. m. Negociant en argent, qui donne des lettres de change pour faire tenir de l'argent de place en place.
Banquier Expeditionaire en Cour de Rome, est un Officier de nouvelle création, qui se charge de faire venir toutes les bulles, dispenses & autres expeditions qui se font en la Cour Romaine, & en la Legation d'Avignon, soit de la Chancellerie, soit de la Penitencerie. L'origine de ces Banquiers vient de ce que les Guelphes du temps des guerres civiles d'Italie se réfugierent en Avignon & dans les Païs d'obédience; & comme ils étoient favorisez des Papes, dont ils avoient soûtenu le parti, ils se mêlerent de faire obtenir les graces & expeditions de Cour de Rome, & s'appellerent mercatores & scambiatores Domini Papæ, comme témoigne Matthieu Paris: mais comme ils se rendirent odieux alors par de grosses usures, on les appella Carsins, ou Caorsins, du nom de Caors Ville de Querci, dont le Pape Jean XXII. qui siégeoit alors étoit natif, à cause que de son temps ces usuriers étoient en leur plus haute élevation, comme témoigne Adam Theveneau en ses Commentaires sur les Ordonnances, au titre des Usures. Les Italiens en firent aussi pour eux le mot scarsi, qui signifie avares; & ils eurent tant de haine pour cette Ville, que le Poëte Dante dans son Enfer, met au même rang Sodome & Cahors, & y place tous les scelerats & les usuriers. Les marques de cette haine ont duré long-temps en France, & on a appellé en Chancellerie les Lettres Lombardes les Lettres qui s'expedioient en faveur des Lombards & Italiens, qui vouloient trafiquer ou tenir Banque en France, qui se taxoient au double des autres, en haine de ce qu'on appelloit alors tous les Changeurs, Banquiers, Revendeurs, & Usuriers d'Allemagne, & de Flandres même, Lombards, de quelque nation qu'ils fussent, & on les appelle encore ainsi en plusieurs lieux. La place du Change & la Fripperie d'Amsterdam s'appellent Places Lombardes.
Banquier se dit aussi en certains Jeux, comme l'Occa, la Bassette, de celui qui tient le Jeu & l'argent, & qui a le fonds devant lui, pour payer ceux qui gagnent.
BEFFROY. s. m. lieu élevé où il y a une cloche dans une place frontiére, où on fait le guet, & d'où on sonne l'allarme, quand les ennemis paroissent. Nicod dérive ce mot de bée & de effroy, parce qu'il est fait pour beer & regarder, & en suite donner l'effroy.
Beffroy est aussi la charpenterie qui soûtient les cloches dans un clocher.
On appelle aussi Beffroy, ces tours ou machines de charpente qu'on faisoit autrefois en assiégeant les places, auparavant l'invention de l'Artillerie.
Beffroy se dit aussi de certaines cloches qui sont dans des lieux publics, qu'on ne sonne qu'en certaines occasions, comme de réjouïssances, d'allarmes ou d'incendie: Il y a trois Beffrois à Paris, celui de l'Hôtel de Ville, du Palais, & de la Samaritaine: quand il naît un Fils de France, on donne ordre de tinter le Beffroy pendant 24. heures.
Beffroy en termes de Blason, est un nom que les Rois d'armes & Herauts ont donné à un Ecu vairé, ou composé de trois titres de vair, parce qu'il est fait en forme de cloches qui servent à sonner à l'effroy: & quand on dit simplement Beffroy, on doit entendre qu'il est composé d'argent & d'azur.
BILAN. s. m. terme de Banque. C'est un petit livre que les Marchands, ou Banquiers portent sur eux, où d'un côté ils écrivent leurs dettes actives, & de l'autre leurs dettes passives. Ce mot vient du Latin Bilanx, parce que ce Livre leur sert à balancer leurs gains & leurs pertes. Il leur sert aussi au virement des parties. Les Marchands de Lyon appelloient ci-devant Bilan des acceptations; un petit livre qu'ils portoient sur la place, où ils écrivoient toutes les Lettres de change tirées sur eux; & leur acceptation n'étoit autre chose que de mettre à côté de la Lettre qu'ils avoient enregistrée dans leur Bilan, une croix qui signifioit acceptée: s'ils vouloient déliberer sur l'acceptation, ils mettoient un V, qui signifioit vûë; & s'ils ne la vouloient point accepter, ils mettoient S. P. qui signifioit sous protest. Mais depuis l'Ordonnance de 1677. il ne se fait plus d'acceptation que par écrit.
On appelle l'entrée & l'ouverture du Bilan, le sixiéme jour du mois des payemens, jusqu'à la fin duquel on fait le virement des parties, où les Marchands écrivent chacun de leur côté les parties virées.
On appelle aussi Bilan, ou Balance l'arrêté ou la clôture de l'inventaire d'un Marchand, où on a écrit vis à vis tout ce qu'il doit, & tout ce qui lui est dû: Un Marchand aprés sa faillite, pour s'accommoder avec ses créanciers leur doit presenter un Bilan, qui contienne l'état au vrai de ses affaires: Si un Négociant qui a accoûtumé de porter Bilan sur la place, ou autre pour lui, ne s'y rencontre pendant le temps du payement, il est réputé avoir fait faillite.
BILBOQUET. s. m. Jeu d'enfans fait d'un bâton creusé en rond par les deux bouts, au milieu duquel est une corde, où une balle de plomb est attachée, ils la jettent en l'air, & la reçoivent alternativement dans ces deux concavitez. On appelle