David Copperfield – Tome II. Чарльз Диккенс

David Copperfield – Tome II - Чарльз Диккенс


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était comme un timbalier entre ses deux tambours, et qu'il partageait sans cesse son attention entre les deux tables, mais, qu'ayant trouvé ensuite que cela le troublait et le fatiguait, il avait fini par se mettre tout simplement à copier le papier qu'il avait sous les yeux, remettant le mémoire à une autre fois. En un mot, quoique nous eussions grand soin qu'il ne travaillât pas plus que de raison, et quoiqu'il ne se fût pas mis à l'oeuvre au commencement de la semaine, il avait gagné le samedi suivant dix shillings, neuf pence, et je n'oublierai de ma vie ses courses dans toutes les boutiques des environs pour changer ce trésor en pièces de six pence, qu'il apporta ensuite à ma tante sur un plateau où il les avait arrangées en coeur; ses yeux étaient remplis de larmes de joie et d'orgueil. Depuis le moment où il fut occupé d'une manière utile, il ressemblait à un homme qui se sent sous l'influence d'un charme propice, et s'il y eut au monde ce soir-là une heureuse créature, c'était l'être reconnaissant qui regardait ma tante comme la femme la plus remarquable, et moi comme le jeune homme le plus extraordinaire qu'il y eût sur la terre.

      «Il n'y a pas de danger qu'elle meure de faim maintenant, Trotwood, me dit M. Dick en me donnant une poignée de main dans un coin; je me charge de suffire à ses besoins, monsieur,» et il agitait en l'air ses dix doigts triomphants comme si c'eût été autant de banques à sa disposition.

      Je ne sais pas quel était le plus content de Traddles ou de moi. «Vraiment, me dit-il tout d'un coup, en sortant une lettre de sa poche, cela m'a complètement fait oublier M. Micawber.»

      La lettre m'était adressée (M. Micawber ne perdait jamais une occasion d'écrire une lettre), et portait: «Confiée aux bons soins de T. Traddles, esq., du Temple.»

      «Mon cher Copperfield,

      «Vous ne serez peut-être pas très-étonné d'apprendre que j'ai rencontré une bonne chance, car, si vous vous le rappelez, je vous avais prévenu, il y a quelque temps, que j'attendais incessamment quelque événement de ce genre.

      «Je vais m'établir dans une ville de province de notre île fortunée. La société de cette cité peut être décrite comme un heureux mélange des éléments agricoles et ecclésiastiques, et j'y aurai des rapports directs avec l'une des professions savantes. Mistress Micawber et notre progéniture m'accompagneront. Nos cendres se trouveront probablement déposées un jour dans le cimetière dépendant d'un vénérable sanctuaire, qui a porté la réputation du lieu dont je parle, de la Chine au Pérou, si je puis m'exprimer ainsi.

      «En disant adieu à la moderne Babylone où nous avons supporté bien des vicissitudes avec quelque courage, mistress Micawber et moi ne nous dissimulons pas que nous quittons peut-être pour bien des années, peut-être pour toujours, une personne qui se rattache par des souvenirs puissants à l'autel de nos dieux domestiques. Si, à la veille de notre départ, vous voulez bien accompagner notre ami commun, M. Thomas Traddles, à notre résidence présente, pour échanger les voeux ordinaires en pareil cas, vous ferez le plus grand honneur.

      «à

      «un

      «homme

      «qui

      «vous

      «sera

      «toujours fidèle,

      «Wilkins Micawber.»

      Je fus bien aise de voir que M. Micawber avait enfin secoué son cilice et véritablement rencontré une bonne chance. J'appris de Traddles que l'invitation était justement pour ce soir même, et, avant qu'elle fût plus avancée, j'exprimai mon intention d'y faire honneur: nous prîmes donc ensemble le chemin de l'appartement que M. Micawber occupait sous le nom de M. Mortimer, et qui était situé en haut de Gray's-Inn-Road.

      Les ressources du mobilier loué à M. Micawber étaient si limitées, que nous trouvâmes les jumeaux, qui avaient alors quelque chose comme huit ou neuf ans, endormis sur un lit-armoire dans le salon, où M. Micawber nous attendait avec un pot-à-l'eau rempli du fameux breuvage qu'il excellait à faire. J'eus le plaisir, dans cette occasion, de renouveler connaissance avec maître Micawber, jeune garçon de douze ou treize ans qui promettait beaucoup, s'il n'avait pas été sujet déjà à cette agitation convulsive dans tous les membres qui n'est pas un phénomène sans exemple chez les jeunes gens de son âge. Je revis aussi sa soeur, miss Micawber, en qui «sa mère ressuscitait sa jeunesse passée, comme le phénix,» à ce que nous apprit M. Micawber.

      «Mon cher Copperfield, me dit-il, M. Traddles et vous, vous nous trouvez sur le point d'émigrer; vous excuserez les petites incommodités qui résultent de la situation.»

      En jetant un coup d'oeil autour de moi, avant de faire une réponse convenable, je vis que les effets de la famille étaient déjà emballés, et que leur volume n'avait rien d'effrayant. Je fis mes compliments à mistress Micawber sur le changement qui allait avoir lieu dans sa position.

      «Mon cher monsieur Copperfield, me dit mistress Micawber, je sais tout l'intérêt que vous voulez bien prendre à nos affaires. Ma famille peut regarder cet éloignement comme un exil, si cela lui convient, mais je suis femme et mère, et je n'abandonnerai jamais M. Micawber.»

      Traddles, au coeur duquel les yeux de mistress Micawber faisaient appel, donna son assentiment d'un ton pénétré.

      «C'est au moins, continua-t-elle, ma manière de considérer l'engagement que j'ai contracté, mon cher monsieur Copperfield, et vous aussi, monsieur Traddles, le jour où j'ai prononcé ces mots irrévocables: «Moi, Emma, je prends pour mari Wilkins.» J'ai lu d'un bout à l'autre l'office du mariage, à la chandelle, la veille de ce grand acte, et j'en ai tiré la conclusion que je n'abandonnerais jamais M. Micawber. Aussi, poursuivit-elle, je peux me tromper dans ma manière d'interpréter le sens de cette pieuse cérémonie, mais je ne l'abandonnerai pas.

      – Ma chère, dit M. Micawber avec un peu d'impatience, qui vous a jamais parlé de cela?

      – Je sais, mon cher monsieur Copperfield, reprit mistress Micawber, que c'est maintenant au milieu des étrangers que je dois planter ma tente; je sais que les divers membres de ma famille, auxquels M. Micawber a écrit dans les termes les plus polis pour leur annoncer ce fait, n'ont pas seulement répondu à sa communication. À vrai dire, c'est peut-être superstition de ma part, mais je crois M. Micawber prédestiné à ne jamais recevoir de réponse à la grande majorité des lettres qu'il écrit. Je suppose, d'après le silence de ma famille, qu'elle a des objections à la résolution que j'ai prise, mais je ne me laisserais pas détourner de la voie du devoir, même par papa et maman, s'ils vivaient encore, monsieur Copperfield.»

      J'exprimai l'opinion que c'était là ce qui s'appelait marcher dans le droit chemin.

      «On me dira que c'est s'immoler, dit mistress Micawber, que d'aller m'enfermer dans une ville presque ecclésiastique. Mais certes, monsieur Copperfield, pourquoi ne m'immolerais-je pas, quand je vois un homme doué des facultés que possède M. Micawber consommer un sacrifice bien plus grand encore?

      – Oh! vous allez vivre dans une ville ecclésiastique?» demandai- je.

      M. Micawber, qui venait de nous servir à la ronde avec son pot-à- l'eau, répliqua:

      «À Canterbury. Le fait est, mon cher Copperfield, que j'ai pris des arrangements en vertu desquels je suis lié par un contrat à notre ami Heep, pour l'aider et le servir en qualité de… clerc de confiance.»

      Je regardai avec étonnement M. Micawber, qui jouissait grandement de ma surprise.

      «Je dois vous dire, reprit-il d'un air officiel, que les habitudes pratiques et les prudents avis de mistress Micawber ont puissamment contribué à ce résultat. Le gant dont mistress Micawber vous avait parlé naguère a été jeté à la société sous la forme d'une annonce, et notre ami Heep l'a relevé, de là une reconnaissance mutuelle. Je veux parler avec tout le respect possible de mon ami Heep, qui est un homme d'une finesse remarquable. Mon ami Heep, continua M. Micawber, n'a pas fixé le salaire régulier à une somme très-considérable, mais il m'a rendu de grands services pour me délivrer des embarras pécuniaires qui pesaient sur moi, comptant d'avance sur mes services, et il a raison: je mets mon honneur à lui rendre des services sérieux. L'intelligence et l'adresse que je puis posséder, dit M.


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