David Copperfield – Tome I. Чарльз Диккенс

David Copperfield – Tome I - Чарльз Диккенс


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enfant! dit miss Betsy, les yeux toujours fixés sur le feu, savez-vous faire quelque chose?

      – Madame, je vous demande pardon… balbutia ma mère.

      – Savez-vous tenir une maison, par exemple? dit miss Betsy.

      – Bien peu, je crains, répondit ma mère. Bien moins que je ne devrais. Mais M. Copperfield me donnait des leçons…

      – Avec cela qu'il en savait long lui-même! murmura miss Betsy.

      – Et j'espère que j'en aurais profité, car j'avais grande envie d'apprendre, et c'était un maître si patient, mais le malheur affreux qui m'a frappée…» Ici ma mère fut de nouveau interrompue par ses sanglots.

      «Bien, bien! dit miss Betsy.

      – Je tenais très-régulièrement mon livre de comptes, et je faisais la balance tous les soirs avec M. Copperfield, dit ma mère avec une nouvelle explosion de sanglots.

      – Bien, bien! dit miss Betsy, ne pleurez plus.

      – Et jamais nous n'avons eu la plus petite discussion là-dessus, excepté quand M. Copperfield trouvait que mes trois et mes cinq se ressemblaient trop, ou que je faisais de trop longues queues à mes sept et à mes neuf: et ma mère recommença à pleurer de plus belle.

      – Vous vous rendrez malade, dit miss Betsy, et cela ne vaudra rien ni pour vous, ni pour ma filleule. Allons! ne recommencez pas.»

      Cet argument contribua peut-être à calmer ma mère, mais je soupçonne que son malaise, toujours croissant, y fit plus encore. Il y eut un assez long silence, interrompu seulement par quelques interjections que murmurait par-ci par-là miss Betsy, tout en se chauffant les pieds.

      «David avait placé sa fortune en rente viagère, dit-elle enfin.

      Qu'a-t-il fait pour vous?

      – M. Copperfield, répondit ma mère avec un peu d'hésitation, avait eu la grande bonté de placer sur ma tête une portion de cette rente.

      – Combien? demanda miss Betsy.

      – Cent cinq livres sterling, répondit ma mère.

      – Il aurait pu faire plus mal, dit ma tante.»

      Plus mal! c'était tout justement le mot qui convenait à la circonstance; car ma mère se trouvait plus mal, et Peggotty, qui venait d'entrer en apportant le thé, vit en un clin d'oeil qu'elle était plus souffrante, comme miss Betsy aurait pu s'en apercevoir auparavant elle-même sans l'obscurité, et la conduisit immédiatement dans sa chambre; puis elle dépêcha à la recherche de la garde et du médecin son neveu Ham Peggotty, qu'elle avait tenu caché dans la maison, depuis plusieurs jours, à l'insu de ma mère, afin d'avoir un messager toujours disponible en un cas pressant.

      La garde et l'accoucheur, ces pouvoirs alliés, furent extrêmement étonnés, lorsqu'à leur arrivée presque simultanée, ils trouvèrent assise devant le feu une dame inconnue d'un aspect imposant; son chapeau était accroché à son bras gauche, et elle était occupée à se boucher les oreilles avec de la ouate. Peggotty ignorait absolument qui elle était; ma mère se taisait sur son compte, c'était un étrange mystère. La provision de ouate qu'elle tirait de sa poche pour la fourrer dans ses oreilles, n'ôtait rien à la solennité de son maintien.

      Le médecin monta chez ma mère, puis il redescendit, décidé à être poli et aimable pour la femme inconnue, avec laquelle il allait probablement se trouver en tête-à-tête pendant quelques heures. C'était le petit homme le plus doux et le plus affable qu'on pût voir. Il se glissait de côté dans une chambre pour entrer et pour sortir, afin de prendre le moins de place possible. Il marchait aussi doucement, plus doucement peut-être que le fantôme dans Hamlet. Il s'avançait la tête penchée sur l'épaule. Par un sentiment modeste de son humble importance, et par le désir modeste de ne gêner personne, il ne suffirait pas de dire qu'il était incapable d'adresser un mot désobligeant à un chien: il ne l'aurait pas même dit à un chien enragé. Peut-être lui aurait-il glissé doucement un demi-mot, rien qu'une syllabe, et tout bas, car il parlait aussi humblement qu'il marchait, mais quant à le rudoyer ou à lui faire de la peine, cela n'aurait jamais pu lui entrer dans la tête.

      M. Chillip regarda affectueusement ma tante, la salua doucement, la tête toujours inclinée de côté, puis il dit, en portant la main à son oreille gauche:

      «Est-ce une irritation locale, madame?

      – Moi!» répliqua ma tante en se débouchant brusquement une oreille.

      M. Chillip l'a souvent répété depuis à ma mère, l'impétuosité de ma tante lui causa alors une telle alarme, qu'il ne comprend pas comment il put conserver son sang-froid. Mais il répéta doucement:

      «C'est une irritation locale, madame?

      «Quelle bêtise!» répondit ma tante, et elle se reboucha rapidement l'oreille.

      Que faire après cela? M. Chillip s'assit et regarda timidement ma tante jusqu'à ce qu'on le rappelât auprès de ma mère. Après un quart d'heure d'absence, il redescendit.

      «Eh bien! dit ma tante en enlevant le coton d'une oreille.

      – Eh bien, madame, répondit M. Chillip, nous avançons, nous avançons tout doucement, madame.

      – Bah! bah!» dit ma tante en l'arrêtant brusquement sur cette interjection méprisante. Puis, comme auparavant, elle se reboucha l'oreille.

      En vérité (M. Chillip l'a souvent dit à ma mère depuis); en vérité, il se sentait presque indigné. À ne parler qu'au point de vue de sa profession, il se sentait presque indigné. Cependant il se rassit et la regarda pendant près de deux heures, toujours assise devant le feu, jusqu'à ce qu'il remontât chez ma mère. Après cette autre absence, il vint retrouver ma tante.

      «Eh bien? dit-elle en ôtant la ouate de la même oreille.

      – Eh bien, madame, répondit M. Chillip, nous avançons, nous avançons tout doucement, madame.

      – Ah! ah! ah!» dit ma tante, et cela avec un tel dédain, que M. Chillip se sentit incapable de supporter plus longtemps miss Betsy. Il y avait de quoi lui faire perdre la tête, il l'a dit depuis. Il aima mieux aller s'asseoir sur l'escalier, dans l'obscurité, en dépit d'un violent courant l'air, et c'est là qu'il attendit qu'on vînt le chercher.

      Ham Peggotty (témoin digne de foi, puisqu'il allait à l'école du gouvernement et qu'il était fort comme un Turc sur le catéchisme), raconta le lendemain qu'il avait eu le malheur d'entr'ouvrir la porte de la salle à manger une heure après le départ de M. Chillip. Miss Betsy parcourait la chambre dans une grande agitation; elle l'avait aperçu et s'était jetée sur lui. Évidemment, le coton ne bouchait pas assez hermétiquement les oreilles de ma tante, car de temps à autre, quand le bruit des voix ou des pas devenait plus fort dans la chambre de ma mère, miss Betsy faisait sentir à sa malheureuse victime l'excès de son agitation. Elle lui faisait arpenter la chambre en tous sens, le secouant vivement par sa cravate (comme s'il avait pris trop de laudanum), elle lui ébouriffait les cheveux, elle lui chiffonnait son col de chemise, elle fourrait du coton dans les oreilles du pauvre enfant, les confondant sans doute avec les siennes, enfin elle lui faisait subir toute sorte de mauvais traitements. Ce récit fut en partie confirmé par sa tante, qui le rencontra à minuit et demi, un instant après sa délivrance; elle affirmait qu'il était aussi rouge que moi à ce même moment.

      L'excellent M. Chillip ne pouvait en vouloir longtemps à quelqu'un, surtout en un pareil moment. Il se glissa dans la salle à manger dès qu'il eut une minute de libre et dit à ma tante d'un ton affable:

      «Eh bien, madame, je suis heureux de pouvoir vous féliciter!

      – De quoi?» dit brusquement ma tante.

      M. Chillip se sentit de nouveau troublé par la grande sévérité des manières de ma tante: il lui fit un petit salut, et tenta un léger sourire dans le but de l'apaiser.

      «Miséricorde! qu'a donc cet homme? s'écria ma tante de plus en plus impatientée. Est-il muet?

      – Calmez-vous, ma chère madame, dit M.


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