David Copperfield – Tome I. Чарльз Диккенс

David Copperfield – Tome I - Чарльз Диккенс


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sur leurs pieds, avec un sans- façon qui me frappa, en s'écriant:

      «Allons donc, Murdstone! nous vous croyions mort et enterré.

      – Pas encore! dit M. Murdstone.

      – Et qui est ce jeune homme? dit un des messieurs en s'emparant de moi.

      – C'est Davy, répondit M. Murdstone.

      – Davy qui? demanda le monsieur, David Jones?

      – Davy Copperfield, dit M. Murdstone.

      – Comment! C'est le boulet de la séduisante mistress Copperfield, de la jolie petite veuve?

      – Quinion, dit M. Murdstone, prenez garde à ce que vous dites: on est malin.

      – Et où est cet on?» demanda le monsieur en riant.

      Je levai vivement la tête; j'avais envie de savoir de qui il était question.

      «Rien, c'est Brooks de Sheffield,» dit M. Murdstone.

      Je fus charmé d'apprendre que ce n'était que Brooks de Sheffield; j'avais cru d'abord que c'était de moi qu'il s'agissait.

      Évidemment c'était un drôle d'individu que ce M. Brooks de Sheffield, car, à ce nom, les deux messieurs se mirent à rire de tout leur coeur, et M. Murdstone en fit autant. Au bout d'un moment, celui qu'il avait appelé Quinion se mit à dire:

      «Et que pense Brooks de Sheffield de l'affaire en question?

      – Je ne crois pas qu'il soit encore bien au courant, dit M. Murdstone, mais je doute qu'il approuve.»

      Ici de nouveaux éclats de rire; M. Quinion annonça qu'il allait demander une bouteille de sherry pour boire à la santé de Brooks. On apporta le vin demandé, M. Quinion en versa un peu dans mon verre, et m'ayant donné un biscuit, il me fit lever et proposer un toast «À la confusion de Brooks de Sheffield!» Le toast fut reçu avec de grands applaudissements, et de tels rires que je me mis à rire aussi, ce qui fit encore plus rire les autres. Enfin l'amusement fut grand pour tous.

      Après nous être promenés sur les falaises, nous allâmes nous asseoir sur l'herbe; on s'amusa à regarder à travers une lunette d'approche: je ne voyais absolument rien quand on l'approchait de mon oeil, tout en disant que je voyais bien, puis on revint à l'hôtel pour dîner. Pendant tout le temps de la promenade, les deux amis de M. Murdstone fumèrent sans interruption. Du reste, à en juger par l'odeur de leurs habits, il est évident qu'ils n'avaient pas fait autre chose depuis que ces habits étaient sortis des mains du tailleur. Il ne faut pas oublier de dire que nous allâmes rendre visite au yacht. Ces trois messieurs descendirent dans la cabine et se mirent à examiner des papiers; je les voyais parfaitement du pont où j'étais. J'avais pour me tenir compagnie un homme charmant, qui avait une masse de cheveux roux, avec un tout petit chapeau verni; sur sa jaquette rayée, il y avait écrit «l'Alouette» en grosses lettres. Je me figurais que c'était son nom, et qu'il le portait inscrit sur sa poitrine, parce que, demeurant à bord d'un vaisseau, il n'avait pas de porte cochère à son hôtel, où il pût le mettre, mais quand je l'appelai M. l'Alouette, il me dit que c'était le nom de son bâtiment.

      J'avais remarqué pendant tout le jour que M. Murdstone était plus grave et plus silencieux que ses deux amis, qui paraissaient gais et insouciants et plaisantaient librement ensemble, mais rarement avec lui. Je crus voir qu'il était plus spirituel et plus réservé qu'eux, et qu'il leur inspirait comme à moi une espèce de terreur. Une ou deux fois je m'aperçus que M. Quinion, tout en causant, le regardait du coin de l'oeil, comme pour s'assurer que ce qu'il disait ne lui avait pas déplu; à un autre moment il poussa le pied de M. Passnidge, qui était fort animé, et lui fit signe de jeter un regard sur M. Murdstone, assis dans un coin et gardant le plus profond silence. Je crois me rappeler que M. Murdstone ne rit pas une seule fois ce jour-là, excepté à l'occasion du toast porté à Brooks de Sheffield. Il est vrai que c'était une plaisanterie de son invention.

      Nous revînmes de bonne heure à la maison. La soirée était magnifique; ma mère se promena avec M. Murdstone le long de la haie d'épines, pendant que j'allais prendre mon thé. Quand il fut parti, ma mère me fit raconter toute notre journée, et me demanda tout ce qu'on avait dit ou fait. Je lui rapportai ce qu'on avait dit sur son compte; elle se mit à rire, en répétant que ces messieurs étaient des impertinents qui se moquaient d'elle, mais je vis bien que cela lui faisait plaisir. Je le devinais alors aussi bien que je le sais maintenant. Je saisis cette occasion de lui demander si elle connaissait M. Brooks de Sheffield; elle me répondit que non, mais que probablement c'était quelque fabricant de coutellerie.

      Est-il possible, au moment où le visage de ma mère paraît devant moi, aussi distinctement que celui d'une personne que je reconnaîtrais dans une rue pleine de monde, que ce visage n'existe plus? Je sais qu'il a changé, je sais qu'il n'est plus; mais en parlant de sa beauté innocente et enfantine, puis-je croire qu'elle a disparu et qu'elle n'est plus, tandis que je sens près de moi sa douce respiration, comme je la sentais ce soir-là? Est- il possible que ma mère ait changé, lorsque mon souvenir me la rappelle toujours ainsi; lorsque mon coeur fidèle aux affections de sa jeunesse, retient encore présent dans sa mémoire ce qu'il chérissait alors.

      Pendant que je parle de ma mère, je la vois belle comme elle était le soir où nous eûmes cette conversation, lorsqu'elle vint me dire bonsoir. Elle se mit gaiement à genoux près de mon lit, et me dit, en appuyant son menton sur ses mains:

      «Qu'est-ce qu'ils ont donc dit, Davy? répète-le moi, je ne peux pas le croire.

      – La séduisante… commençai-je à dire.»

      Ma mère mit sa main sur mes lèvres pour m'arrêter.

      «Mais non, ce n'était pas séduisante, dit-elle en riant, ce ne pouvait pas être séduisante, Davy. Je sais bien que non.

      – Mais si! la séduisante Mme Copperfield, répétai-je avec vigueur, et aussi «la jolie.»

      – Non, non, ce n'était pas la jolie, pas la jolie, repartit ma mère en plaçant de nouveau les doigts sur mes lèvres.

      – Oui, oui, la jolie petite veuve.

      – Quels fous! quels impertinents! cria ma mère en riant et en se cachant le visage. Quels hommes absurdes! N'est-ce pas? mon petit Davy?

      – Mais, maman.

      – Ne le dis pas à Peggotty; elle se fâcherait contre eux. Moi, je suis extrêmement fâchée contre eux, mais j'aime mieux que Peggotty ne le sache pas.»

      Je promis, bien entendu. Ma mère m'embrassa encore je ne sais combien de fois; et je dormis bientôt profondément.

      Il me semble, à la distance qui m'en sépare, que ce fut le lendemain que Peggotty me fit l'étrange et aventureuse proposition que je vais rapporter; mais il est probable que ce fût deux mois après.

      Nous étions un soir ensemble comme par le passé (ma mère était sortie selon sa coutume), nous étions ensemble, Peggotty et moi, en compagnie du bas, du petit mètre, du morceau de cire, de la boîte avec saint Paul sur le couvercle, et du livre des crocodiles, quand Peggotty après m'avoir regardé plusieurs fois, et après avoir ouvert la bouche comme si elle allait parler, sans toutefois prononcer un seul mot, ce qui m'aurait fort effrayé, si je n'avais cru qu'elle bâillait tout simplement, me dit enfin d'un ton câlin:

      «Monsieur Davy, aimeriez-vous à venir avec moi passer quinze jours chez mon frère, à Portsmouth? Cela ne vous amuserait-il pas?

      – Votre frère est-il agréable, Peggotty? demandai-je par précaution.

      – Ah! je crois bien qu'il est agréable! s'écria Peggotty en levant les bras au ciel. Et puis il y a la mer, et les barques, et les vaisseaux, et les pêcheurs, et la plage, et Am, qui jouera avec vous.»

      Peggotty voulait parler de son neveu Ham, que nous avons déjà vu dans le premier chapitre, mais en supprimant l'H de son nom, elle en faisait une conjugaison de la grammaire anglaise3.

      Ce programme de divertissement m'enchanta, et je répondis que cela m'amuserait parfaitement: mais qu'en dirait


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<p>3</p>

Peggotty voulait parler