Les mystères du peuple, Tome III. Эжен Сю
et c'est vraiment dommage, – reprit Douarnek en secouant la tête d'un air chagrin, après avoir ainsi laissé parler les autres soldats; – oui, c'est grand dommage! Ah! Victorin n'est plus cet enfant des camps que nous autres vieux à moustaches grises, qui l'avions vu naître et fait danser sur nos genoux, nous regardions, il y a peu de temps encore, avec orgueil et amitié.
Ces paroles des soldats me frappèrent; non-seulement j'avais souvent eu à défendre Victorin contre la sévère Sampso, mais je m'étais aperçu dans l'armée d'une sourde hostilité contre le fils de ma soeur de lait, lui jusqu'alors l'idole de nos soldats.
–Qu'avez-vous donc à reprocher à Victorin? – dis-je à Douarnek et à ses compagnons. – N'est-il pas brave… entre les plus braves? Ne l'avez-vous pas vu à la guerre?
–Oh! s'il s'agit de se battre… il se bat vaillamment… aussi vaillamment que toi, Scanvoch, quand tu es à ses côtés, sur ton grand cheval gris, songeant plus à défendre le fils de ta soeur de lait qu'à te défendre toi-même… Tes cicatrices le diraient si elles pouvaient parler par la bouche de tes blessures, selon notre vieux proverbe gaulois.
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