Sa Princesse Vierge. Grace Goodwin

Sa Princesse Vierge - Grace Goodwin


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Je te sauve.

      Il secoua lentement la tête.

      — Tu n’aurais pas dû. Trop risqué.

      — Tu allais mourir.

      Il croisa mon regard. Une veine battait à sa tempe.

      — Je sais.

      — Alors...

      Il leva une main, mais elle retomba sur ses genoux, comme s’il était trop affaibli. Je fouillai de nouveau dans mon sac à dos et lui tendis une espèce de barre protéinée parmi les rations militaires que j’avais volées dans le garde-manger de la Pierre Angulaire.

      — Mange lentement, dis-je.

      Il en cassa un morceau, qu’il mit dans sa bouche et mâcha. Je regardai cet acte simple, le mouvement de sa gorge alors qu’il avalait. Je pris sa main libre et la retournai.

      Juste là.

      La marque.

      Je plaçai ma main dessus, paume contre paume pour la première fois.

      La sensation m’arracha une exclamation, et la brûlure dévorante me traversa tout le corps. Un désir s’épanouit en moi, mais ce n’était pas le moment. Je me sentais complète, toutefois. Comme si une part de moi m’avait toujours manquée. Je me demandais comment j’avais fait pour vivre ma vie, pour supporter mon existence. C’était peut-être parce que je n’avais pas su que j’étais incomplète.

      Mais à présent... il n’y avait plus de retour en arrière possible. Gage était mien et il pourrait me crier dessus autant qu’il voudrait, je m’en fichais.

      — Quelqu’un veut ma mort, dit-il avant de fourrer un autre morceau de barre protéinée dans sa bouche. Je ne veux pas qu’on s’en prenne à toi.

      — Je sais prendre soin de moi. Et je refuse de te laisser mourir.

      Il bougea son poignet menotté, et la chaîne tinta.

      — Comme tu peux le voir, dit-il, je n’irai nulle part. Ça fait des jours que j’essaye de trouver un moyen de sortir d’ici.

      Je fouillai de nouveau dans mon sac.

      — J’ai récupéré des choses qui pourraient nous être utiles sur la Pierre Angulaire. Un appareil de communication.

      Je plaçai le petit objet sur le sol, mais il le ramassa immédiatement.

      — Récupéré ?

      Je lui jetai un rapide regard, puis repris ma tâche. Je n’allais pas lui dire que je les avais volés. Mon intention était de les emprunter et de les rendre une fois que j’aurais sauvé Gage et que je serais rentrée avec lui. Mieux valait demander pardon que de demander la permission, surtout que ces hommes des cavernes ne m’auraient jamais laissée les accompagner. Et ils n’auraient pas réussi à le trouver, pas sans moi. Sans la marque qui m’appelait comme un phare dans le brouillard.

      — Une unité de communication ? Comment ça se fait qu’ils ne t’aient pas retrouvée avant que tu te sois éloignée à plus d’un kilomètre de la Pierre Angulaire ?

      — Elle n’est pas allumée. Évidemment. J’ai retiré la batterie. Je ne voulais pas qu’on puisse me suivre, parce que connaissant mes amies, une fois qu’elles auraient impliqué leurs compagnons, ils se seraient lancés sur mes traces. M’auraient arrêtée.

      — Qui sont ces compagnons dont tu parles ?

      — Des Chasseurs de la Pierre Angulaire.

      — Ils auraient dû t’arrêter. Je parlerai de cet échec avec eux.

      Je fronçai les sourcils, les lèvres pincées. Il aurait dû me remercier, pas m’énerver, mais je lui laissais le bénéfice du doute pour l’instant. Il devait délirer. Et comme nous nous trouvions dans une grotte... pas étonnant qu’il se prenne pour un homme des cavernes.

      — Eh bien, je suis là. Avec une unité de communication. Et ça.

      — Bon sang ! Un pistolet à ions ? s’écria-t-il en m’arrachant l’arme des mains et en vérifiant quelque chose, sûrement que la sécurité était enclenchée. Tu aurais pu te tirer dessus.

      Je poussai un soupir.

      — Tu n’es pas accouplé à une idiote. Je sais me servir d’un flingue. Je sais tirer. Je connais les mesures de sécurité à respecter pour ne pas me blesser. Si tu n’avais pas encore remarqué, je t’ai pisté. Je ne suis pas une citadine, Gage.

      Il plissa les yeux, mais garda le silence.

      — Personne d’autre ne t’a trouvé, si ? ajoutai-je.

      Il expira et me regarda presque à contrecœur, réalisant que j’avais raison. J’étais là, à lui sauver les miches. Il replaça le pistolet dans son holster et se leva lentement, avant de pointer l’arme vers le mur au-dessus de nos têtes, là où la chaîne était fixée, non loin de la cage.

      — Place-toi derrière moi.

      J’obéis, mais son bras me poussa quasiment encore plus loin.

      Le tir résonna sur les parois de la grotte, tout comme le cliquètement de la chaîne lorsqu’elle heurta le sol. Je regardai autour du corps de Gage et constatai qu’il n’était plus attaché à la caverne.

      — Encore, dit-il en visant son poignet, trois anneaux au-dessus de sa menotte. Je voulais d’abord faire un test. Voir ce qui se passerait. J’aimerais éviter de me faire exploser la main.

      Il tira une nouvelle fois, et une grande longueur de chaîne tomba au sol comme un serpent mort. L’autre était toujours fixée à la menotte de son autre poignet, et je réalisai qu’on l’avait attaché à une sorte de poulie. Il prit le pistolet dans son autre main et tira une troisième fois. Je poussai un soupir de soulagement quand la chaîne tout entière cliqueta contre la paroi de la grotte comme si elle était morte. En tout cas, j’aimais voir les choses ainsi. Il avait toujours une menotte autour de chaque poignet, mais il était libre de ses mouvements. Un problème à la fois.

      Gage se tourna vers moi et me souleva le menton.

      — Tirons-nous d’ici.

      Il enfila sa veste, profitant du peu de chaleur qu’il pouvait trouver. Il se dirigea vers l’entrée de la grotte, et je le suivis. Lentement. En réfléchissant à voix haute.

      — On ne peut pas regagner la Pierre Angulaire à pied. C’est trop loin. On n’aura pas assez d’eau ou de nourriture. Je pourrais cueillir des fruits et chasser s’il le faut, mais tu es affaibli. Blessé. On n’a pas le temps.

      — Toi aussi, tu es blessée.

      Il regarda ma cheville, comme s’il arrivait à voir qu’elle était gonflée à l’intérieur de ma botte. À la lumière du jour, je voyais son teint olivâtre sous tout ce sang, ses lèvres légèrement plus foncées et pulpeuses, le jeu d’ombres sur son torse et son dos très musclés. Nom de Dieu. Quel beau gosse. J’étais gâtée. Sa grosse voix rauque me donnait des frissons, et pas de froid.

      — Tu as apporté une baguette ReGen ?

      Je fronçai les sourcils. Une quoi ?

      — Je ne sais pas ce que c’est.

      Il poussa un soupir, puis me sourit pour la première fois.

      — Ce n’est pas grave. Tu as fait du bon travail. Merci.

      Je lui rendis son sourire.

      — Maintenant que je t’ai trouvé, on peut appeler les hommes des cavernes à la rescousse.

      — Les hommes des cavernes ?

      — Les compagnons de mes deux amies terriennes.

      Je lui repris l’unité de communication des mains et fouillai dans mon sac à la recherche d’outils ‒


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