LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан


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de retrouver le vieux Steinweg, puisque c’est lui qui a le mot de l’énigme.

      – Oui, mais où Ribeira l’a-t-il coffré, le vieux Steinweg ?

      – Chez lui, parbleu.

      – Il faudrait donc savoir où Ribeira demeure.

      – Parbleu !

      Les ayant congédiés, il se rendit à la maison de retraite. Des automobiles stationnaient à la porte, et deux hommes allaient et venaient, comme s’ils montaient la garde.

      Dans le jardin, près du pavillon de Mme Kesselbach, il aperçut sur un banc Geneviève, Pierre Leduc et un monsieur de taille épaisse qui portait un monocle. Tous trois causaient. Aucun d’eux ne le vit.

      Mais plusieurs personnes sortirent du pavillon. C’étaient M. Formerie, M. Weber, un greffier et deux inspecteurs. Geneviève rentra, le monsieur au monocle adressa la parole au juge et au sous-chef de la Sûreté, et s’éloigna lentement avec eux. Sernine vint à côté du banc où Pierre Leduc était assis, et murmura :

      – Ne bouge pas, Pierre Leduc, c’est moi.

      – Vous !… vous !…

      C’était la troisième fois que le jeune homme voyait Sernine depuis l’horrible soir de Versailles, et chaque fois cela le bouleversait.

      – Réponds… Qui est l’individu au monocle ?

      Pierre Leduc balbutiait, tout pâle. Sernine lui pinça le bras.

      – Réponds, crebleu ! Qui est-ce ?

      – Le baron Altenheim.

      – D’où vient-il ?

      – C’était un ami de M. Kesselbach. Il est arrivé d’Autriche, il y a six jours, et il s’est mis à la disposition de Mme Kesselbach.

      Les magistrats cependant étaient sortis du jardin ainsi que le baron Altenheim.

      – Le baron t’a interrogé ?

      – Oui, beaucoup. Mon cas l’intéresse. Il voudrait m’aider à retrouver ma famille, il fait appel à mes souvenirs d’enfance.

      – Et que dis-tu ?

      – Rien, puisque je ne sais rien. Est-ce que j’ai des souvenirs, moi ? Vous m’avez mis à la place d’un autre, et je ne sais même pas qui est cet autre.

      – Moi non plus ! ricana le prince, et voilà justement en quoi consiste la bizarrerie de ton cas.

      – Ah ! Vous riez… vous riez toujours… Mais moi, je commence à en avoir assez… Je suis mêlé à des tas de choses malpropres sans compter le danger que je cours à jouer un personnage que je ne suis pas.

      – Comment… que tu n’es pas ? Tu es duc pour le moins autant que je suis prince… Peut-être davantage même… Et puis, si tu ne l’es pas, deviens-le, sapristi ! Geneviève ne peut épouser qu’un duc. Regarde-la… Geneviève ne vaut-elle pas que tu vendes ton âme pour ses beaux yeux ?

      Il ne l’observa même pas, indifférent à ce qu’il pensait. Ils étaient entrés et, au bas des marches, Geneviève apparaissait, gracieuse et souriante.

      – Vous voilà revenu ? dit-elle au prince… Ah ! Tant mieux ! Je suis contente… vous voulez voir Dolorès ?

      Après un instant, elle l’introduisit dans la chambre de Mme Kesselbach. Le prince eut un saisissement. Dolorès était plus pâle encore, plus émaciée qu’au dernier jour où il l’avait vue. Couchée sur un divan, enveloppée d’étoffes blanches, elle avait l’air de ces malades qui renoncent à lutter. C’était contre la vie qu’elle ne luttait plus, elle, contre le destin qui l’accablait de ses coups.

      Sernine la regardait avec une pitié profonde, et avec une émotion qu’il ne cherchait pas à dissimuler. Elle le remercia de la sympathie qu’il lui témoignait. Elle parla aussi du baron Altenheim, en termes amicaux.

      – Vous le connaissiez autrefois ? demanda-t-il.

      – De nom, oui, et par mon mari avec qui il était fort lié.

      – J’ai rencontré un Altenheim qui demeurait rue Daru. Pensez-vous que ce soit celui-là ?

      – Oh non ! Celui-là demeure… Au fait, je n’en sais trop rien, il m’a donné son adresse, mais je ne pourrais dire…

      Après quelques minutes de conversation, Sernine prit congé. Dans le vestibule, Geneviève l’attendait.

      – J’ai à vous parler, dit-elle vivement… des choses graves… Vous l’avez vu ?

      – Qui ?

      – Le baron Altenheim… mais ce n’est pas son nom… ou du moins il en a un autre… je l’ai reconnu… il ne s’en doute pas…

      Elle l’entraînait dehors et elle marchait très agitée.

      – Du calme, Geneviève…

      – C’est l’homme qui a voulu m’enlever… Sans ce pauvre M. Lenormand, j’étais perdue… Voyons, vous devez savoir, vous qui savez tout.

      – Alors, son vrai nom ?

      – Ribeira.

      – Vous êtes sûre ?

      – Il a eu beau changer sa tête, son accent, ses manières, je l’ai deviné tout de suite, à l’horreur qu’il m’inspire. Mais je n’ai rien dit jusqu’à votre retour.

      – Vous n’avez rien dit non plus à Mme Kesselbach ?

      – Rien. Elle paraissait si heureuse de retrouver un ami de son mari. Mais vous lui en parlerez, n’est-ce pas ? Vous la défendrez… Je ne sais ce qu’il prépare contre elle, contre moi… Maintenant que M. Lenormand n’est plus là, il ne craint plus rien, il agit en maître. Qui est-ce qui pourrait le démasquer ?

      – Moi. Je réponds de tout. Mais pas un mot à personne.

      Ils étaient arrivés devant la loge des concierges. La porte s’ouvrit. Le prince dit encore :

      – Adieu, Geneviève, et surtout soyez tranquille. Je suis là.

      Il ferma la porte, se retourna et, tout de suite, eut un léger mouvement de recul.

      En face de lui, se tenait, la tête haute, les épaules larges, la carrure puissante, l’homme au monocle, le baron Altenheim.

      Ils se regardèrent deux ou trois secondes, en silence. Le baron souriait.

      Il dit :

      – Je t’attendais Lupin.

      Si maître de lui qu’il fût, Sernine tressaillit. Il venait pour démasquer son adversaire, et c’était son adversaire qui l’avait démasqué, du premier coup. Et, en même temps, cet adversaire s’offrait à la lutte, hardiment, effrontément, comme s’il était sûr de la victoire. Le geste était crâne et prouvait une rude force.

      Les deux hommes se mesuraient des yeux, violemment hostiles.

      – Et après ? dit Sernine.

      – Après ? Ne penses-tu pas que nous ayons besoin de nous voir ?

      – Pourquoi ?

      – J’ai à te parler.

      – Quel jour veux-tu ?

      – Demain. Nous déjeunerons ensemble au restaurant.

      – Pourquoi pas chez toi ?

      – Tu ne connais pas mon adresse.

      – Si.

      Le prince saisit rapidement un journal qui dépassait de la poche d’Altenheim, un journal qui avait encore sa bande d’envoi, et il dit :


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