Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau

Dictionnaire de la langue verte - Alfred Delvau


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de la banlieue de Paris, pour qui blé en grange représente en effet de l'argent.

      Avoir du blé en poche. Avoir de l'argent dans sa bourse.

      N'avoir pas de blé. N'avoir pas le sou.

       BLEU, s. m. Bonapartiste,—dans l'argot du peuple, rendant ainsi à ses adversaires qui l'appellent rouge, la monnaie de leur couleur.

      Les chouans appelaient Bleus les soldats de la République, qui les appelaient Blancs.

       BLEU, s. m. Conscrit,—dans l'argot des troupiers; cavalier nouvellement arrivé,—dans l'argot des élèves de Saumur.

       BLEU, s. m. Manteau,—dans l'argot des voyous, qui ont voulu consacrer à leur façon la mémoire de Champion.

       BLEU, s. m. Vin de barrière,—dans l'argot du peuple, qui a remarqué que ce Bourgogne apocryphe tachait de bleu les nappes des cabarets.

      On dit aussi Petit bleu.

       BLEU, s. m. Marque d'un coup de poing sur la chair.

      Faire des bleus. Donner des coups.

       BLEU, adj. Surprenant, excessif, invraisemblable.

      C'est bleu. C'est incroyable.

      En être bleu. Être stupéfait d'une chose, n'en pas revenir, se congestionner en apprenant une nouvelle.

      Être bleu. Être Étonnamment mauvais,—dans l'argot des coulisses.

      On disait autrefois: C'est vert! Les couleurs changent, non les mœurs.

       BLOC, s. m. La salle de police. Argot des soldats.

      Être au bloc. Être consigné.

      Signifie aussi Prison.

       BLOCKHAUS, s. m. Garni,—dans l'argot des chiffonniers, qui parlent allemand sans le savoir.

       BLONDE, s. f. Maîtresse,—dans l'argot des ouvriers.

       BLOQUER, v. a. Mettre un soldat au bloc, à la salle de police,—ce qui est le boucler, vieille forme du verbe blouquet.

       BLOQUER, v. a. Abandonner,—dans l'argot des voleurs.

       BLOQUER, v. a. Jouer à la bloquette,—dans l'argot des enfants.

       BLOQUETTE, s. f. Jeu de billes, auquel on bloque.

       BLOQUIR, v. a. Vendre des objets volés, ordinairement en bloc. (V. Abloquer.)

       BLOT, s. m. Prix d'une chose,—dans l'argot des faubouriens.

      C'est mon blot! Cela me convient.

       BLOUSE (La). Le peuple,—dans l'argot dédaigneux des gandins.

       BLOUSER (Se), v. réfl. Faire un pas de clerc, une sottise; se tromper,—dans l'argot du peuple, qui a voulu faire une allusion à la blouse du billard.

       BLOUSIER, s. m. Voyou, porteur de blouse,—dans l'argot des gens de lettres.

       BOBÊCHON, s. m. La tête,—dans l'argot du peuple, par allusion à la bobêche qui surmonte le chandelier.

      Se monter le bobêchon. S'illusionner sur quelqu'un ou sur quelque chose; se promettre monts et merveilles d'une affaire—qui accouche d'une souris.

       BOBELINS, s. m. pl. Bottes,—dans l'argot des marchandes du Temple, qui ont l'air d'avoir lu Rabelais.

       BOBINE, s. f. Tête, visage,—dans l'argot du peuple, qui a constaté fréquemment les bobes ou grimaces que les passions font faire à la figure humaine, d'ailleurs terminée cylindriquement.

       BOBINO, s. m. Montre,—dans l'argot des voleurs.

      Ils disent aussi Bobine.

       BOBINO. Le théâtre du Luxembourg, qui a disparu. Argot des étudiants.

      On disait aussi Bobinche et Bobinski.

       BOBO, s. m. Mal,—dans l'argot des enfants.

      Il n'y a pas de bobo. Il n'y a pas de mal,—dans l'argot des faubouriens, qui parlent ici au figuré.

       BOBOSSE, s. m. Vieux galantin bossu,—dans l'argot du peuple.

       BOBOSSE, s. f. Fille ou femme affligée d'une gibbosité. Argot des faubouriens.

       BOCAL, s. m. Carreau de vitre,—dans l'argot des faubouriens.

       BOCAL, s. m. Estomac.

      Se garnir le bocal. Manger.

       BOCAL, s. m. Logement.

       BOCARD, s. m. Mauvais lieu habité par des femmes de mauvaise vie. Argot des soldats.

       BOCHE, s. m. Mauvais sujet—dans l'argot des petites dames, qui le préfèrent au muche. (V. ce dernier mot.)

       BOCOTTER, v. n. Murmurer, marmotter entre ses dents; rechigner,—dans l'argot du peuple.

       BœUF, s. m. Second ouvrier, celui à qui l'on fait faire la besogne la plus pénible. Argot des cordonniers.

       BœUF, adj. Enorme, extraordinaire,—dans l'argot des faubouriens.

      Avoir un aplomb bœuf. Avoir beaucoup d'aplomb.

       BOGUE, s. f. Montre,—dans l'argot des voleurs.

      Bogue en jonc. Montre en or.

      Bogue en plâtre. Montre en argent.

       BOGUISTE, s. m. Horloger.

       BOHÈME, s. f. Etat de chrysalide,—dans l'argot des artistes et des gens de lettres arrivés à l'état de papillons. Purgatoire pavé de créanciers, en attendant le Paradis de la Richesse et de la Députation; vestibule des honneurs, de la gloire et du million, sous lequel s'endorment—souvent pour toujours—une foule de jeunes gens trop paresseux ou trop découragés pour enfoncer la porte du Temple.

       BOHÈME, s. m. Paresseux qui use ses manches, son temps et son esprit sur les tables des cafés littéraires et des parlottes artistiques, en croyant à l'éternité de la jeunesse, de la beauté et du crédit, et qui se réveille un matin à l'hôpital comme phthisique ou en prison comme escroc.

      Ce mot et le précédent sont vieux,—comme la misère et le vagabondage. Ce n'est pas à Saint-Simon seulement qu'ils remontent, puisque, avant le filleul de Louis XIV, Mme de Sévigné s'en était déjà servie. Mais ils avaient disparu de la littérature: c'est Balzac qui les a ressuscités, et après Balzac, Henri Murger—dont ils ont fait la réputation.

       BOIRE DU LAIT, v. a. Avoir un joli succès, dans l'argot des comédiens, assez chats.

       BOIRE UNE GOUTTE, v. a. Être sifflé,—dans le même argot.

      Payer une goutte. Siffler.

       BOIS POURRI, s. m. Amadou, dans l'argot des voyous.

       BOISSEAU, s. m. Schako,—dans l'argot des vieux troupiers.

       BOISSONNER, v. n. Boire plus que de raison.

       BOISSONNIER, s. m. Ivrogne.

       BOIS-TORTU, s. m. Vigne,—dans l'argot des voleurs, qui ont emprunté ce mot aux poètes du XVIIe siècle.

       BOITE, s. f. Théâtre de peu d'importance,—dans l'argot des comédiens; bureaux de ministère,—dans l'argot des employés; bureau de journal,—dans l'argot des gens de lettres; le magasin ou la boutique,—dans l'argot


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