Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau

Dictionnaire de la langue verte - Alfred Delvau


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s. m. Charlatan; chevalier d'industrie; faiseur. Argot du peuple.

       BAPTÊME, s. m. La tête,—dans l'argot des faubouriens, qui se souviennent de leur ondoiement.

       BAPTISER LE VIN, v. a. Le noyer d'eau,—dans l'argot ironique des cabaretiers, qui renouvellent trop souvent, à notre préjudice, le miracle des Noces de Cana, en changeant l'eau en vin.

       BAQUET, s. m. Blanchisseuse,—dans l'argot des faubouriens.

      On dit aussi: Baquet insolent, et l'on a raison,—car je ne connais pas de créatures plus «fortes en gueule» que les lavandières: il semble qu'il leur reste aux lèvres quelques éclaboussures des ordures humaines avec lesquelles elles sont en contact permanent.

       BAQUET DE SCIENCE, s. m. Baquet où le cordonnier met sa poix et les autres ingrédients de son métier. Argot du peuple.

       BARAGOUINAGE, s. m. Langage incohérent, confus, incompréhensible.—dans l'argot du peuple, qui dit cela surtout à propos des langues étrangères.

      On dit aussi Baragouin.

       BARAGOUINER, v. n. et a. Parler bas; murmurer; marmotter.

       BARAQUE, s. f. Maison où les maîtres font attention au service,—dans l'argot des domestiques. Journal où l'on est sévère pour la copie,—dans l'argot des aspirants journalistes.

       BARAQUES A CAVAIGNAC (Les). Le no 44, dans l'argot des joueurs de loto, dont l'allusion consacre ainsi le nombre des baraques construites en 1848 au Jardin du Luxembourg, sous la dictature du général Cavaignac.

       BARBE, s. f. Ivresse,—dans l'argot des typographes.

      Avoir sa barbe. Être ivre.

      On dit aussi Prendre une barbe. Se griser.

       BARBEAU, s. m. Souteneur de filles, homme-poisson qui sait nager entre deux eaux, l'eau du vice et celle du vol.

       BARBEAUDIER, s. m. Concierge,—dans l'argot des voleurs.

      Barbeaudier de castu. Gardien d'hôpital.

       BARBEROT, s. m. Barbier,—dans l'argot des forçats.

       BARBICHON, s. m. Capucin,—dans l'argot des voyous.

       BARBILLE, s. m. Souteneur de filles,—apprenti barbeau.

       BARBILLON, s. m. Jeune souteneur de filles.

       BARBILLONS DE BEAUCE, s. m. pl. Légumes,—dans l'argot du peuple.

       BARBILLONS DE VARENNE, s. m. pl. Navets,—dans l'argot des voleurs, qui savent que ce légume pousse, volontiers, dans les terres sablonneuses.

      Le dictionnaire d'Olivier Chéreau donne: Babillons de varane.

       BARBISTE, s. m. Élève du collège Sainte-Barbe.

       BARBOT, s. m. Canard,—dans l'argot des voyous.

       BARBOTE, s. f. Visite minutieuse du prisonnier à son entrée en prison.

      On dit aussi BARBOT, s. m.

       BARBOTER, v. a. Fouiller; voler. Argot des voleurs.

       BARBOTEUR DE CAMPAGNE, s. m. Voleur de nuit.

       BARBOTIER, s. m. Guichetier chargé de la visite des prisonniers à leur entrée.

       BARBUE, s. f. Plume à écrire,—dans l'argot des voleurs.

       BARON DE LA CRASSE, s. m. Homme gauche et ridicule en des habits qu'il n'a pas l'habitude de porter,—dans l'argot du peuple, qui se souvient de la comédie de Poisson.

       BARONIFIER, v. a. Créer quelqu'un baron,—dans l'argot du peuple, qui a vu mousser de près la Savonnette Impériale.

       BARRE, s. f. Aiguille,—dans l'argot des voleurs.

       BARRÉ, adj. et s. Simple d'esprit, et même niais,—dans l'argot du peuple, qui, sans doute, veut faire allusion à une sorte de barrage intellectuel qui rend impropre à la conception.

       BARRER, v. n. Abandonner son travail,—dans l'argot des marbriers de cimetière.

      Se barrer. S'en aller.

       Barrer, v. a. Réprimander,—dans l'argot du peuple.

       Barrique, s. f. Bouteille ou carafe,—dans l'argot des francs-maçons.

      Ils disaient autrefois Gomorrhe,—du nom d'une mesure juive qui indiquait la quantité de manne à récolter.

       BASANE, s. f. Peau du corps humain,—dans l'argot des faubouriens.

      Tanner la basane. Battre quelqu'un.

       BASANE, s. f. Amadou,—dans l'argot des voleurs.

       BAS-BLEU, s. m. Femme de lettres,—dans l'argot des hommes de lettres, qui ont emprunté ce mot (blue stocking) à nos voisins d'outre-Manche.

      Alphonse Esquiros (Revue des Deux Mondes, avril 1860) donne comme origine à cette expression le club littéraire de lady Montague, où venait assidûment un certain M. Stillingfleet, remarquable par ses bas bleus. D'un autre côté, M. Barbey d'Aurevilly (Nain Jaune du 6 février 1886) en attribue la paternité à Addison. Or, le club de lady Montague ne date que de 1780, et Addison était mort en 1719. Auquel entendre?

       BAS-BLEUISME, s. m. Maladie littéraire spéciale aux femmes qui ont aimé et qui veulent le faire savoir à tout le monde.

      Le mot a été créé récemment par M. Barbey d'Aurevilly.

       BASCULE, s. f. Guillotine,—dans l'argot des faubouriens.

       BASCULER, v. a. Guillotiner.

      Être basculé. Être exécuté.

       BAS DE BUFFET, s. m. Homme ou chose de peu d'importance. Argot du peuple.

      Vieux bas de buffet. Vieille femme, vieille coquette ridicule qui a encore des prétentions à l'attention galante des hommes.

       BAS DE PLAFOND, s. m. Homme d'une taille ridiculement exiguë.

      On dit aussi Bas du cul.

       BASOURDIR, v. a. Étourdir, et, par extension naturelle, Tuer,—dans l'argot des voleurs, qui ont dédaigné abasourdir comme trop long.

      Basourdir ses gaux picantis, ou seulement ses gaux. Chercher ses poux—et les tuer.

       BAS PERCÉ, s. et adj. Homme pauvre ou ruiné. Argot du peuple.

       BASSE, s. m. La terre par opposition au ciel. Argot des voleurs.

       BASSIN, s. m. Homme ennuyeux,—dans l'argot des filles et des faubouriens, qui n'aiment pas à être ennuyés, les premières surtout.

      On dit aussi Bassinoire.

       BASSINANT, adj. Ennuyeux, importun, bavard.

       BASSINER, v. a. Importuner.

       BASSINOIRE, s. f. Grosse montre,—dans l'argot des bourgeois.

       BASTIMAGE, s. m. Travail,—dans l'argot des voleurs.

       BASTRINGUE, s. m. Guinguette de barrière, où le populaire va boire et danser les dimanches et les lundis.

       BASTRINGUE, s. m. Bruit, vacarme,—comme on en fait dans les cabarets et dans les bals des barrières.

       BASTRINGUE, s. m. Scie à scier les fers,—dans l'argot des prisons, où l'on joue volontiers du violon sur


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